Le projet de ferme urbaine en panne

« Ce projet œuvre pour une société plus cohérente, » n’hésitaient pas à proclamer haut et fort les responsables de l’association Fermaculture voici bientôt un an. Alors que la ville a décidé de réduire le bail, on se pose des questions pour la suite.

Nicolas Guilhot, secrétaire de Fermaculture

Les dirigeants de l’association ne cachent pas leur déception et leur colère. Après maintes tergiversations, ils ont appris que le projet de ferme urbaine était remis en cause. Plus précisément, la commune nouvelle d’Annecy réduit le bail emphytéotique de 18 à 4 ans.

Que dit la définition ? « Un bail emphytéotique (appelé aussi emphytéose) est un bail de longue durée, d’au moins 18 ans et d’au plus 99 ans. » Passer de 18 à 4 ans ne rentrerait donc plus dans cette définition.

Avenir fragilisé

Nicolas Guilhot, secrétaire de Fermaculture, qui travaille avec d’autres depuis deux ans sur le projet, tombe de sa chaise. « La mairie n’a fait que repousser de mois en mois la signature du bail. Les élus disent vouloir tester la viabilité du projet et la capacité de l’association à le mettre en œuvre. »

Il déplore cette décision unilatérale, sans que l’association ait moyen de discuter. « Nous ne sommes jamais invités aux réunions. »

Pourtant, la mairie, avant la fusion, avait financé une étude architecturale avec le CAUE, à raison de 4500€ de subvention. « On ne comprend pas cette remise en cause. »

Cela entraîne en cascade beaucoup de choses. « Notre capacité à investir dans des bâtiments s’en trouve réduite. D’autre part, le plan de financement est lui aussi fragilisé. Cela nous prive de moyens économiques, ainsi que d’une vision durable et pérenne du projet. »

Résultat, des membres de l’association Fermaculture, au nombre d’une centaine, se lassent, et la volonté d’adhérer au projet s’amenuise pour certains.

 

Un choix est en cours de réflexion

Soit l’association garde ce terrain au pied du Semnoz et le projet est lancé pour quatre ans. Soit, elle recherche un terrain ailleurs pour porter le projet total dans la durée initialement prévue. « Cette seconde hypothèse ne doit pas non plus trop nous éloigner d’Annecy, car le but est bien de rapprocher urbains et ferme. Cela n’aurait plus de sens. »

Nicolas Guilhot regrette l’absence des élus aux abonnés. « On ne les voit plus ! » s’insurge-t-il. « A part des élus de Seynod – un bâtiment agricole convoité est sur leur territoire -, on ne voit personne. Il n’y a là aucune cohérence. On donne l’accord, puis on le retire. On navigue à vue. »

Nicolas trouve « cette attitude consternante, montrant un manque de courage et de vision. Les énergies sont ainsi brisées, » n’hésite-t-il pas à dire. Pour lui, la fusion a également perturbé le projet de par les atermoiements des élus.

L’accueil serait évidemment remis en cause, notamment pour les scolaires. « Si on ne peut investir, il n’y aura pas de bâtiment. On envisagerait à ce stade d’acheter une yourte provisoire dans les quatre ans. »

Ils n’ont jamais été contre le fait de démarrer petit et progresser pour arriver à maturité. Mais l’incertitude du dossier ne laisse pas présager d’un avenir certain.

Amer, Nicolas ne démord pas. « Au départ, on avait la volonté de l’action politique et celle de l’association en synergie. Or on s’aperçoit que ce corps politique n’est pas prêt à développer des travaux en harmonie avec les associations. »

 

L’action citoyenne mise à mal

Dans ce brouillard, Nicolas garde la volonté d’être optimiste pour l’association et de voir les opportunités à disposition. Alors que ce projet était original et pilote pour la ville, voire la Haute-Savoie, alors que des emplois étaient à la clef, il reste pessimiste quant aux relations avec la ville. « L’action citoyenne est ainsi mise à mal ! »

De toutes façons, ce sont les adhérents qui décideront de la suite à apporter. Ils se réuniront en assemblée générale à la mi-décembre et feront le point sur cette ferme urbaine, un projet éthique avec en ligne de mire une société plus cohérente.

 

Auteur: Loïc Quintin

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