Une assemblée populaire des « massifs en colère »

Après la randonnée manifestation de samedi 25 juin sur les pentes de la station de la Clusaz, les différents collectifs organisaient ce dimanche une assemblée populaire à Marcellaz.

Environ 200 personnes ont pu y participer malgré une fois de plus un dispositif sécuritaire totalement disproportionné :

 La Coloquinte, Marcellaz, dimanche 26 juin 2022 ©Benjamin Joyeux

Ce dimanche 26 juin, dans les jardins de la Coloquinte, ferme collective de Haute Savoie située dans le petit village de Marcellaz, environ 200 personnes issues de collectifs en lutte en provenance de toute la France ont pu se rassembler en « assemblée populaire » à l’appel des « soulèvements de la Terre ».

Pendant plus de deux heures, les militant.e.s ont échangé sur leurs différentes expériences de luttes, leurs échecs et leurs réussites face aux nombreux projets inutiles de destruction de la nature qui sont encore portés par le privé et soutenus par les autorités.

Plus d’une vingtaine de collectifs étaient représentés, comme Vivre et Agir en Maurienne qui se bat contre le projet du Lyon-Turin, Adieu Glacier 05 qui agit contre l’accaparement de la montagne dans les Hautes-Alpes et notamment un projet de golf ubuesque à Serre-Ponçon, Sauvons Beauregard, en lutte contre la cinquième retenue collinaire prévue à La Clusaz ayant justifié la mobilisation de la veille, Sauvons les vaches, devenu Sauvons l’élevage de plein air, né de la solidarité avec l’éleveur Eric Forestier à Saint Laurent dont le troupeau de vaches et veaux s’est fait intégralement massacré au début de l’année pour un seul cas de brucellose, La Grave Autrement, mobilisé contre le « nouveau » projet de liaison entre l’Alpe d’Huez, les Deux Alpes et La Grave, dans les cartons depuis plus de trente ans, Extinction Rebellion Annecy bien entendu, ayant joué un rôle essentiel dans la mobilisation de ce weekend … Des représentants des collectifs Bassines non merci sont même venus depuis l’ouest de la France, de même que des militants No TAV, qui se battent en Italie également contre le Lyon-Turin.

Photo de famille des collectifs en lutte, 26.06.2022 ©Benjamin Joyeux

Partout le même constat, celui de montagnes et de territoires entiers encore un tant soit peu préservés qui sont de plus en plus accaparés par des projets d’artificialisation des sols au profit d’un développement touristique désuet, à l’heure du changement climatique et de la sixième extinction de masse des espèces.

Pourtant lorsque les habitant.e.s des montagnes et des vallées sont réellement informés des projets de développement en cours, la plupart du temps la majorité s’y oppose au nom de la préservation de son cadre de vie. Mais face au rouleau compresseur de l’argent, soutenu la plupart du temps par des autorités complaisantes (l’État et ses préfectures, les régions, les départements, les communes), seuls des collectifs en lutte et bien organisés arrivent à freiner ou à annuler tous ces projets de bétonisation de la nature. D’où l’importance également d’une convergence de toutes ces luttes, comme celle de ce dimanche, face à une accélération du nombre d’aménagements destructeurs et à la criminalisation de plus en plus flagrante du mouvement social.


Une assemblée populaire sous les arbres, 26.06.2022 ©Benjamin Joyeux

Déploiement disproportionné des forces de l’ordre à La Clusaz et à Marcellaz

Cette criminalisation était parfaitement illustrée par le déploiement totalement disproportionné des forces de l’ordre tout au long du weekend, avec non seulement les centaines de gendarmes et leurs barrages filtrants de samedi autour de La Clusaz (photo ci-dessous), mais également ce dimanche avec un dispositif tout autour du petit village d’un peu plus de 1000 âmes de Marcellaz. Ainsi toutes celles et ceux qui passaient aux alentours de la ferme La Coloquinte se sont retrouvés fouillés de fond en comble, leurs papiers vérifiés et leur identité scannée par les gendarmes, qui avaient même ramené une équipe cynophile pour l’occasion. C’était pour vérifier sans doute que de « dangereux » écolos n’aillent pas fumer de substances illicites après s’être sustentés de tofu ou de quinoa antipatriotiques.

 


Déploiement de gendarmes sur les pistes de La Clusaz, 25.06.2022 ©Benjamin Joyeux

Les autorités, et notamment notre préfet de Haute-Savoie, devraient méditer cette phrase de Benjamin Constant : « Le ridicule attaque tout, et ne détruit rien », car ce déploiement ubuesque des forces de l’ordre n’a pas empêché ces centaines de militant.e.s de « la nature qui se défend » de se retrouver pour une randonnée samedi et une réunion dimanche. A priori des activités assez peu dangereuses pour le reste de la population mais insupportables pour le pouvoir en place, mis devant ses contradictions et ses discours totalement creux sur l’environnement. Malheureusement dans les années qui viennent, face à l’aggravation de la crise écologique, les tensions entre les force de l’argent encore défendues par les autorités et les militant.e.s du vivant risquent bel et bien de s’exacerber.

En attendant, il semble que cette saison 3 des Soulèvements de la Terre aient réussi son pari d’« enfoncer le clou » et de mieux organiser la résistance face à la destruction programmée de la montagne.

 

Benjamin Joyeux

Auteur: gfumex

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1 commentaire

  1. Il faudra encore bien des mobilisation, bien de la pugnacité pour inverser la vapeur. En tout cas ce week-end était très réussi, très motivant, malgré les efforts gendarmesques pour le gâcher. S’il y a un tel délire répressif contre une mobilisation écolo, c’est bien qu’on est sur la bonne voie et qu’on « leur » fait plus peur qu’on ne le penserait !

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