Ce samedi 30 mars après-midi, une manifestation de soutien à Gaza a défilé dans les rues d’Annecy, rassemblant plus de 500 personnes. Mais à Thonon également, à l’autre bout du département, un rassemblement, certes plus modeste, d’une soixantaine de personnes, a également eu lieu :
La « journée de la terre »
Le 30 mars 1976, la police israélienne tirait sur des Palestiniens en train de manifester contre la confiscation de leurs terres, décidée un an plus tôt par le gouvernement israélien avec son plan de « judaïsation » de la région de Galilée. Bilan de la répression à l’époque, six morts, des dizaines de blessés et des centaines de détenus palestiniens. Chaque année depuis lors, le 30 mars est ainsi devenu la « journée de la terre »[1] pour le peuple palestinien.
48 ans plus tard, ce 30 mars 2024, alors que le nombre de morts à Gaza a dépassé les 32 000, dont plus de 12 000 enfants, des manifestations de solidarité avec le peuple gazaouï et pour réclamer un cessez-le-feu immédiat ont pris part un peu partout en France, en Europe et dans le monde. A l’appel de la diaspora palestinienne et d’association comme l’AFPS[2], la manifestation parisienne de samedi a réuni plusieurs milliers de personnes, tandis qu’environ 500 personnes se retrouvaient à Annecy[3]. Mais à l’autre bout du département de Haute-Savoie, à Thonon-les-Bains, quelques dizaines de personnes se sont également retrouvées, sur la Place des Arts, à partir de 17h, à l’appel du Collectif Palestine Chablais, dont l’AFPS est membre.
Dusa Zgonec et Sébi, le 30 mars 2024 à Thonon ©Camille Content
Solidarité sous le signe de la culture
Sous un ciel nuageux mais résistant à la tentation de la pluie, des prises de parole ont lieu pendant environ 1h30, notamment de la part du conseiller régional Benjamin Joyeux[4], entrecoupées de musique et de lecture de poèmes de Mahmoud Darwich[5], un des plus grands écrivains palestiniens. Sébi, musicien local, a accompagné chaque lecture de son accordéon ou de son tambour.
Pour Dusa Zgonec, du Collectif Palestine Chablais et à l’origine du rassemblement de ce samedi : « En cette « journée de la Terre », la culture, en particulier aujourd’hui la poésie de Mahmoud Darwich et la musique de Sébi, est essentielle pour plaider la cause palestinienne ici sur la Place des Arts à Thonon. »
Dans l’assemblée présente et quelque peu clairsemée, un jeune homme se définissant comme issu des « quartiers » de Thonon, ne cesse de poser tout haut la même question : « Pourquoi est-ce qu’il n’y a pas plus de monde aujourd’hui alors qu’il y a un génocide en cours à Gaza ?! » On est tenté de lui retourner la question.
On peut également garder en tête cette citation de Sigmund Freud, dans une lettre adressée à Albert Einstein en juillet 1932 : « En attendant, nous pouvons nous dire : tout ce qui travaille au développement de la culture travaille aussi contre la guerre. »
Face aux horreurs actuelles perpétrées à Gaza par l’armée israélienne, il y a surtout cette phrase du célèbre naturaliste Théodore Monod qui résonne tout particulièrement à Thonon ce samedi : « Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire, pour l’honneur, mais sans illusion. »
Camille Content
[1] Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Journ%C3%A9e_de_la_Terre
[2] Association France Palestine Solidarité, voir https://www.france-palestine.org/Manifestation-30-Mars-Journee-de-la-Terre-palestinienne-48115
[3] Lire notre article https://librinfo74.fr/500-manifestants-pour-la-palestine-a-annecy-ce-30-mars/
[4] Voir https://www.facebook.com/BinJamin/posts/pfbid0DR2aBwbFbDWEbngcRcZHmvoyR4oWXV8zo4D5Qz4b8EpuovLEoER7YfW52MuCxTddl
3 avril 2024
Bravo Thonon, Merci Duca