Selon ENEDIS, « une directive européenne impose le compteur Linky »

Pascale Ricordeau, adjointe au directeur Enedis de Savoie/Haute-Savoie, et Dominique Cattelat*, responsable de la communication Enedis Rhône-Alpes, répondent aux interrogations et inquiétudes des opposants à Linky.

Face aux réponses d’Enedis, vous trouverez – écrits en bleu – les arguments développés par les opposants afin de vous faire une opinion.

Ce compteur Linky est-il obligatoire ?

Le déploiement industriel a lieu depuis la fin 2015. Il est rendu obligatoire par une directive européenne dans le cadre de la transition énergétique. Elle impose au distributeur de déployer ces compteurs.

« Il y a conflit d’intérêt. ENEDIS est hors la loi car l’organisme fait du chantage. Cette installation – 35 millions de compteurs prévus – n’est pas obligatoire. »

 

Pour quelle raison  ce compteur est-il indispensable ?

Jusqu’à il y a quelques années, la production allait de la centrale au compteur existant du client, en un seul sens. Ces nouveaux compteurs permettent de faire circuler l’information dans les deux sens. Cela engendre un équilibre client-réseau et la sécurité des réseaux. Avec la future baisse du nucléaire, d’autres énergies vont se développer. Le compteur doit savoir compter dans les deux sens. Le contexte change et Enedis s’appuie donc sur cette directive (c’est la même chose pour l’eau).

 

On parle beaucoup des problèmes électromagnétiques. Ce compteur Linky diffuse, selon certains, de la pollution électromagnétique dans les habitations par l’intermédiaire des fils électriques. C’est une couche d’ondes supplémentaire. On évoque l’augmentation d’un brouillard électromagnétique, outre les 750 000 antennes relais qui seront installées. Que pensez-vous de tout ça ?

Nous avons fait des mesures pour montrer que le compteur n’émettait pas d’ondes. Le fonctionnement du compteur existant passe par un courant porteur en ligne. C’est la même chose que pour un chauffe-eau. Tout appareil électrique a un champ. Linky n’en a pas plus que l’ancien compteur, soit 0,1 volt/m. La différence est qu’il communique par le courant porteur en ligne. Il s’agit de quelques signes de millisecondes. Il n’y a pas plus de risque avec Linky. Cela a été mesuré par des organismes indépendants. Entre 2009 et 2011, des expérimentations ont été menées. Le résultat n’a pas montré de problèmes.

Concernant La technologie CPL, malgré le fait qu’Enedis assure que tout le système Linky est aux normes, voici ce qu’indique le rapport de l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail ) :

« il n’existe à l’heure actuelle que peu de données concernant les effets sanitaires potentiels liés à l’exposition aux champs électromagnétiques dans les bandes de fréquences relatives au CPL ». N’allons-nous pas jouer le rôle de cobayes ? Les données collectées sont acheminées jusqu’à des concentrateurs (600 000 installés sur tout le territoire) puis transmises par radiofréquences à des centres de données (Lyon pour la Haute-Savoie). La multiplication de ces points d’émission d’ondes électromagnétiques à

proximité des logements, va nous exposer à un rayonnement encore plus dense. Les rayonnements électromagnétiques sont reconnus par l’OMS (organisation mondiale de la santé) comme étant « potentiellement cancérogènes ». Le professeur Martin Blank, porte-parole de 198 scientifiques et chercheurs, a alerté le 11 mai 2015 l’ONU (organisation des nations unies) sur les dangers de ces rayonnements, particulièrement pour les enfants (voir son appel sur internet). D’ailleurs les assurances ne s’y trompent pas : aucune n’assure dans sa police responsabilité civile les dommages dus aux ondes électromagnétiques. Dernier point : le rapport de l’Anses est paru en décembre 2016, un an après le début du déploiement du linky. Ce simple fait en dit long sur la préoccupation de la santé publique… Devant les risques que font courir ces nouveaux compteurs à notre santé, LE PRINCIPE DE PRECAUTION DOIT S’IMPOSER.

 

Peut-on refuser le compteur Linky ?

Les conditions générales de vente stipulent qu’un accès libre doit être donné au compteur afin de pouvoir facturer. Cela permet aussi plus de sécurité. Les compteurs accessibles sont changés. S’ils se trouvent à l’intérieur d’un appartement ou une maison, on ne peut pas forcer.

• Dans le cas où vous refusez la pose d’un compteur Linky situé à l’extérieur de votre domicile, que vous soyez locataire ou propriétaire, il convient:

  • –  d’écrire une lettre recommandée avec accusé de réception au Maire de votre commune et auDirecteur Régional de ENEDIS 11, rue Félix Esclangon BP 35 38040 Grenoble Cedex
  • –  de coller les photocopies de ces lettres avec les copies des accusés de réception sur votre compteuren prenant soin de prendre des photos.

Marc Jedliczka de l’association Négawatt estime que la France « s’équipe d’un bazooka pour écraser une mouche ». Selon lui, dans l’optique de la transition énergétique, un seul compteur par immeuble, par groupe d’immeubles ou même par quartier serait largement suffisant. Pour preuve, le Portugal, premier de la classe en énergies renouvelables, détient le bonnet d’âne en matière de compteurs communicants.

 

A l’origine, un filtre disposé entre le compteur et l’appartement était prévu. Or, Enedis l’a laissé à la charge des particuliers, à raison de 600€ l’unité.

Il n’y a eu aucune préconisation dans ce sens de l’Agence nationale des fréquences. Ces affirmations sont destinées à faire peur aux clients. Les gens qui lancent ces oppositions font du business. Par exemple, des lettres d’opposition au compteur ont été rédigées par le même huissier en Seine-et-Marne, à raison de 80€ la lettre. Même chose pour le professeur Belpomme qui facture ses consultations à 200€. Il faut éviter d’effrayer les gens. Le compteur Linky a des avantages. C’est plus intéressant.

 

Y a-t-il risque de collecte d’informations personnelles et possible violation de la vie privée ?

Le compteur Linky compte la consommation globale d’un appartement ou d’une maison, à travers un relevé. Il n’y a pas de données personnelles, que des indications de consommation. Linky permet d’augmenter la puissance, plus de services et facture au réel, pas en estimation comme pour un compteur existant.

Enedis construit une base de données qu’il pourra communiquer à des fins commerciales ou de surveillance (voir sur Internet le discours de Monsieur Monloubou devant les parlementaires indiquant qu’Enedis a pour vocation d’être Big Data). Une atteinte à notre vie privée est à craindre, avec la non possibilité de nous déconnecter comme nous le faisons avec notre téléphone portable ou notre ordinateur. Devant leur caractère intrusif concernant notre vie privée, LE PRINCIPE DE PRECAUTION DOIT S’IMPOSER.

 

 

Des collectifs d’opposants disent qu’Enedis est hors la loi car ce n’est pas obligatoire et on ne peut forcer un client à installer le compteur. Pourtant des violences de certains installateurs sous-traitants d’Enedis ont eu lieu.

Ce n’est pas le fonctionnement d’Enedis. Nous employons quelque cent entreprises. On ne forcent pas les clients. 220 000 compteurs ont été installés dans les Alpes, et 90% en Haute-Savoie. Il y a parfois de fortes oppositions de clients, mais c’est 1%.

 

Des communes refusent en Haute-Savoie.

Anthy-sur-Léman.

 

Il y en a d’autres.

Il faut faire de la pédagogie.

 

Pourtant, les dépôts de plainte augmentent, des mouvements collectifs anti-Linky se développent. Enedis a récemment saisi le Conseil de l’Ordre des médecins contre le professeur Belpomme (**).

Des plaintes et recours ont eu lieu effectivement. Les tribunaux administratifs ont donné raison à Enedis pour 8 millions et demi de compteurs Linky. En ce qui concerne le professeur Belpomme, c’est le Conseil de l’Ordre qui a porté plainte contre lui.

 

Quel est l’intérêt pour Enedis de poser ces compteurs, alors qu’aux Etats-Unis, des Etats le retirent, et en Allemagne, le compteur n’est autorisé qu’en entreprise ?

Le compteur Linky permet un raccordement aux énergies renouvelables.

Il semble donc qu’on puisse parfaitement développer les énergies renouvelables sans généraliser les compteurs linky, et même, vraisemblablement, sans compteurs communicants du tout. Pour information, le programme Linky coûte 5 milliards d’euros et ces nouveaux compteurs ont une durée de vie de 15 ans… (nos compteurs mécaniques ont une durée de vie de 60 ans).

La basse tension apporte plus de sécurité et le dépannage est plus rapide. Il est plus réactif et limite les sur-tensions pour le réseau. Il permet de moins consommer. Enfin, l’espace client personnalisé montre sa consommation toutes les demi-heures.

Quant aux Etats-Unis, le modèle de compteurs n’était pas bon et il a été retiré pour être remplacé par un autre. Nous n’avons pas d’informations là-dessus. En Europe, il se développe. En Allemagne, 900 distributeurs d’énergie ont commencé par les entreprises, avec la même directive européenne qu’en France. Mais le contexte énergétique est différent. En Suisse, une votation pour sortir du nucléaire a préconisé d’installer des compteurs communicants.

 

Vous balayez donc toutes les oppositions ?

Nous faisons de la pédagogie auprès des clients. Le déploiement se déroule bien. On consulte les gens et les communes. Des réunions publiques ont lieu, par exemple à Meythet. L’Agence nationale des fréquences a agréé le compteur Linky.

(*) Dominique Cattelat est chargée de la pédagogie pour le compteur Linky auprès des élus. Six mois avant le déploiement, elle intervient dans les collectivités et aussi auprès des habitants.

(**) source Robin des Toits : « ENEDIS a saisi le Conseil de l’Ordre des Médecins d’une plainte contre le Pr. BELPOMME en raison de certificats délivrés à des personnes électrosensibles (intolérantes à la pollution électromagnétique) pour leur éviter l’installation de compteurs Linky. »     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Loïc Quintin

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