Sécheresse : Les élus du Chéran lancent un cri d’alerte.

 

La sécheresse sévère qui frappe actuellement les deux départements inquiète le SMIAC* . Ce syndicat intercommunal, créé en 1995 pour préserver la rivière « Le Chéran », regroupe 39 communes à cheval sur la frontière entre Haute-Savoie et Savoie.

 Pascal Grillet, adjoint technique du SMIAC, dont le président est Serge Petit, également maire de Cusy, rappelle dans un premier temps l’origine du syndicat : « Il s’agissait de construire une démarche et préserver le Chéran, notamment après des constats de pollutions. »

Ces pollutions étaient dues à l’agriculture et aux usages domestiques, au cœur des Bauges. « Cela entraînait une dégradation de l’eau et des écosystèmes, » explique le technicien. En outre, des extractions de sédiments dans le lit majeur – utilisés pour la mise en place de la base de loisirs de Lescheraines – ont bouleversé le milieu et son environnement, faisant même écrouler un vieux pont en amont ! « Un million de m3 ont été prélevés, soit l’équivalent de cent dix ans de dépôt par le cours d’eau. »

Tout cela a abouti à la constitution d’un contrat de rivière provisoire entre 1998 et 2008. Usagers, pêcheurs, agriculteurs, société civile et communes se sont retrouvés dans ce contrat. L’Etat est aussi partie prenante. Au bout de dix ans, le bilan a été dressé en 2010. « Un travail reste à faire sur les problèmes piscicoles, la restauration morphologique de la rivière en amont et en aval, la qualité de l’eau. L’objectif est de labelliser le Chéran « Rivière sauvage ».

 

La sécheresse aggrave la situation

 Déjà en 2003, la sécheresse avait frappé le Chéran – comme d’autres rivières – et des mesures habituelles avaient été prises, sans plus. En 2017-2018, des précisions ont été apportées au cadre par les services de l’Etat, les pêcheurs, le SMIAC. « Ce genre d’événement se reproduit de plus en plus souvent, et plus longtemps, et cette année, malgré une eau abondante pendant les six premiers mois. La situation est très tendue depuis fin juin. L’alerte préfectorale est renforcée. »

Les chiffres parlent : « La moyenne mensuelle du débit est de 7,66 m3/seconde sur 18 mois. Il est actuellement de 0,580 m3 par seconde. »

 

Eutrophisation

Cela entraîne une couleur fluo, car il y a prolifération de micro-algues, c’est à dire une eutrophisation de l’eau. On observe la même chose sur le lac d’Annecy, mais le processus est plus lent. Sur le Chéran, c’est rapide.

C’est non seulement cette rivière qui est concernée, mais aussi tout le bassin versant (450 km de cours d’eau). « Les affluents doivent absorber les rejets des stations d’épuration, créant un apport en nutriments. Mais la capacité hydraulique est inférieure à ces déversements. C’est donc très sérieux et extrême. »

Le taux d’oxygénation réduit augmente le risque de mortalité des poissons et diverse faune qui gravite dans ce milieu. En outre, les gens qui pataugent sur les berges nuisent à l’équilibre de l’écosystème. D’où les interdictions de marcher sur les berges et galets découverts, le piétinement contribuant à la disparition de la nourriture végétale des poissons, zone normalement sous l’eau. Sans oublier la température aqueuse trop élevée. « Les pêcheurs sont autorisés dans certains lieux et ils nous servent de sentinelles. »

Ce sont plusieurs kilomètres de cours d’eau qui sont à sec – le Chéran a même séché au niveau de la Compôte ! – des sources à l’embouchure au Fier, lui-même touché.

 

Des phénomènes climatiques révélateurs

Derrière cette sécheresse se cache l’aménagement du territoire. « On assiste depuis des années au mitage du terrain. De grands ensembles immobiliers imperméabilisent les terres. Ce n’est pas faute de le dénoncer, d’alerter, mais n’est jamais posée la question de la ressource en eau. »

C’est aussi le problème – comme les stations d’épuration – du rejet des fosses septiques, car il faut de l’eau pour rejeter.

« Il convient donc d’anticiper dans l’aménagement du territoire pour ne pas en arriver à ces états catastrophiques. Et si l’on veut obtenir le label « Rivière sauvage », conserver tout ce qui fonctionne et améliorer les points faibles. »

 

  • SMIAC (Syndicat mixte interdépartemental d’aménagement du Chéran) : www.cheran.fr

Auteur: Loïc Quintin

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