Paul Rochet, bon comme le pain qu’il fabrique, transmet sa passion dans la réhabilitation d’un beau moulin en pierre

De l’eau au moulin de la transition écologique

Les utopies d’aujourd’hui sont souvent les réalités de demain. C’est ce que veut prouver Paul Rochet, boulanger au Fournil des Eparis, à travers un projet de réhabilitation d’un moulin. Du champ à l’assiette, de la semence au pain, le local et le bio sont les piliers de cette belle idée.

 

Paul Rochet, boulanger passionné, tient le Fournil des Eparis depuis 2005. Il l’a bâti à la sueur de son front et de son amour de la terre hérité de son père, paysan, le local dans lequel il cuit et vend son pain bio.

Aujourd’hui, l’heure de la retraite approche. Il veut transmettre son outil de travail afin que la filière perdure. « J’ai prouvé qu’une petite structure était viable. »

 

Pain et altruisme

 

Pendant trois ans, sans subvention, il utilise le four romain construit de ses mains sur le terrain familial.

Au bout de la quatrième année, un apprenti arrive, puis deux employés à mi-temps.

En 2013, un petit moulin à meule de pierre s’inscrit dans sa filière respectueuse du local. Un paysan-meunier est employé par le fournil.

Depuis six ans, les farines de blé paysan alimentent en partie le pétrin.

La petite entreprise fonctionne bien. Outre le meunier, deux boulangers à plein temps, une vendeuse aux trois-quarts temps (sa fille), un apprenti (un jeune réfugié venu d’Afrique) et une salariée psychologue, travaillent pour le Fournil.

Cette dernière anime des ateliers thérapeutiques, pédagogiques et découverte en direction des personnes âgées, handicapées, des jeunes en difficulté, de la prison de Bonneville et de diverses institutions.

 

L’heure de la transmission

 

Pas courant de voir à un tel point un boulanger s’investir pour transmettre sa passion du métier. Paul Rochet a vu son projet initial évoluer.

L’idée de réhabiliter un moulin, actif jusqu’au début du 20è siècle, a germé comme le blé dans son esprit créatif. « Au fil des rencontres avec des gens intéressants, cette idée est arrivée naturellement, comme une continuité de l’entreprise. Le moment est venu de la transmission. »

 

Un nouveau projet ouvrant un long chemin très riche en espérance

Paul Rochet gardera le local actuel en tant qu’atelier pour son passe-temps à la retraite.

L’autre lieu, à cinq cents mètres de là, perdu au milieu des bois, le fameux moulin, serait ouvert à tout ce qui concerne le produit, du grain au pain. « Il ne faut pas que ça s’arrête, » dit Paul avec une lueur d’espérance dans l’œil. « Il s’agirait de faire vivre les employés du Fournil s’ils le désirent. » Paul, qui aime son travail, qui parle de la pâte – « emplie d’énergie » – comme d’un lien avec l’humain, à la mère, qui respecte son personnel, entend faire aboutir l’idée.

 

Travail en synergie

 

D’ailleurs, des réunions ont déjà eu lieu avec Terre d’union (Amap), des agriculteurs, des boulangers, Adabio, l’Iseta de Poisy, Biocoop. On réfléchit à la structure : soit une coopérative, soit une association, mais le projet doit rester dans le bien commun.

« Le moulin et tout ce qui va avec devra accroître le travail avec les agriculteurs, la production touchant au symbolique et à l’historique. »

 

Un énorme chantier en perspective

 

 

Les ruines sont dissimulées derrière une végétation abondante. Beaucoup de gens seront sollicités, notamment à travers des chantiers participatifs (déboisement, creusement du canal d’acheminement de l’eau, construction des murs avec les pierres existantes et autres matériaux écologiques, etc), en respectant une éthique. Avant cela une étude de faisabilité sera nécessaire, l’acquisition du foncier viendra ensuite, couplée à une recherche de fonds.

Dans ce moulin à turbine, on trouvera, outre la fabrication du pain à partir de la filière bio locale, un atelier de meunerie, une salle de réception, des ateliers pédagogiques.

Tout est dans la tête de Paul Rochet. Reste à mettre le projet sur papier afin de convaincre tous ceux qui s’intéresseront à l’idée. « Toutes les bonnes idées et les bonnes volontés sont les bienvenues, » clame le boulanger.

Cette idée renferme des valeurs défendues par Paul Rochet, savourées dans le pain qu’il fabrique. «C’est un pas pour faire changer les choses et la transition écologique. Du champ à l’assiette, c’est une autre vision de la profession, déjà mise en pratique depuis qu’il a ouvert le Fournil . Cela peut paraître utopique dans la finalité, mais pas dans le mouvement de la transition. »

Paul ne veut pas que la belle histoire s’achève avec sa retraite. « Ce moulin devra être un lieu fédérateur autour de l’écologie et de l’agriculture. »

Un lieu où écologistes et agriculteurs se donneront la main pour fabriquer du pain bio.

Auteur: Loïc Quintin

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1 commentaire

  1. MERCI
    On ne fait pas plus humain !

    Ingénierie très respectueuse de la nature et des personnes, énergies renouvelables, utilité sociale, ..
    En contradiction totale avec les dogmes criminels de nos dirigeants (élus !) : concurrence ravageuse socialement, enrichissement comme seul objet de l’entreprise capitaliste qui dévaste les vies et la nature, guerres perpétuelles de tous contre tous, … tout pour pourrir la vie de tous (sauf ultrariches dictateurs de fait).

    Pas facile d’agir en opposition aussi frontale dans ce monde en perdition, fabriquant des salauds et des opportunistes irresponsables, bravo !

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