Migration
9 février 2018
Dans les ténèbres sans astres de leur solitude,
Si peu vivants dans leur exil
Entre espoir et renoncement
Ils vont, un doigt tendu aux vents..
Ils vont, un pays après l’autre
Pieds crevassés, gelés,brisés
Du désert à l’océan,
De la noyade au corps brulé.
Ils vont , fantômes au regard vide
À leurs pieds les chaines invisibles
Des racines de leur pays
D’une histoire qui les meurtrit jusqu’à l’oubli.
Ils vont, jamais ils ne cheminent
Sous leurs pas éclatent les mines
De la peur, du désespoir, d’une errance qui n’en finit pas
L’étoile des rêves pour seul fanal.
Plus ils marchent, moins ils arrivent
Affamés, malades, têtus
Ils découvrent le rejet, la haine
L’insulte, s’endorment au coin des rues.
Vous tous, qui les voyez passer
Derrière vos murs, vos portes closes
Guettant au clin de vos persiennes
Un mauvais frisson dans les veines
Ne savez-vous pas que c’est vous
Aujourd’hui, demain, autre part,
Qui errez, ainsi, au hasard
Dans un monde implacable et fou ?
Frères humains, le même sang
La même race sans frontière
Le même rire de vos enfants
La même tombe sous la terre.
Qu’une seule larme de compassion
Abreuve le coeur de l’étranger
Un sourire, une main tendue
Un geste de fraternité.
Dans l’ultime déshumanisation
Fratras de lois dénuées de conscience
Homme tapi derrière ta science
Passeras-tu sans te retourner ?