Le maire de Thônes entre dialogue et déconsidération

Nous avons rencontré Pierre Bibollet, maire de Thônes, sur un important projet d’aménagement, ”l’îlot Rousseau”, un projet qui agite le Landerneau de Thônes depuis 2017.
Mais rapidement, celui-ci en a profité pour déconsidérer son opposition qui, selon lui, ”désinforme” les citoyens simplement pour ”faire parler d’eux” . Il considère que leurs publications ne sont que de la désinformation : ”Ils n’ont pas de cohérence, ni de cohérence entre-eux, ni de cohérence sur les décisions qu’ils prennent”.

Dans un souci d’équité, nous avons contacté Jean Vuillet, tête de liste d’opposition « Pour une transition participative » pour qu’il donne son point de vue sur les sujets abordés par le maire. Si Jean Vuillet n’a pas souhaité répondre aux attaques ‘in hominem” de Pierre Bibollet, il a préféré donner sa position sur les sujets abordés par le maire – principalement l’îlot Rousseau – la déviation Est, la démocratie participative, et le budget.

Vous trouverez certaines réponses de Jean Vulliet dans l’interview du maire et dans un autre article qui lui sera consacré.


L’îlot Rousseau, attire toutes les polémiques

Pour Pierre Bibollet, cet projet immobilier en plein centre de Thônes créera des logements privés et sociaux aux côtés de commerces, d’un centre de santé, et de places de stationnement.
Un projet contesté il y a plusieurs années par une pétition mal ressentie par le maire – surtout venant de Dany Mottier – ancienne maire-adjointe. : ”je ne sais pas ce qui lui a pris.” (…) ”Mais s’il n’y avait pas eu ça, le projet serait déjà démarré.”


L’îlot Rousseau provoque des débats ”musclés” au sein du conseil municipal.

Librinfo : L’opposition dénonce un fort dépassement du budget de l’opération de l’îlot Rousseau

Pierre Bibollet : , Il n’y a pas eu de dépassement du budget. Le promoteur a lancé les appels d’offre et le prix de la construction a pris 30%, ce qui représente 4,5 millions d’euros de surcoût de construction. Ils vont être financés en partie par Halpades (1), par le promoteur, par des économies de programme et par des réductions d’honoraires. Nous on remet 600 000 € HT. C’est sûr avec ces 600 000, on aurait pu faire autre chose avec, mais aujourd’hui on a rien supprimé car on s’autofinance.

On a eu deux aides de l’État sur ce programme : un aide du fonds de développement durable de 200 000 € et le fonds friche de 500 000 €. C’est le promoteur qui va les toucher. Il ne viennent pas en déduction des 600 000 €.

Librinfo : Pourquoi un surcoût d’acquisition de 665 000 euros après TVA ?

P B : La proposition initiale du promoteur lors de la consultation par la procédure du dialogue compétitif avait été basée sur le contexte financier de l’époque et notamment pour fixer les prix d’acquisition des locaux de la MSP et des parkings souterrains. Ces prix n’ont jamais été réévalués et suite à l’appel d’offres de l’année dernière le  COVID et la crise Ukrainienne ont fait bondir les couts de construction de près de 30 % sur ce programme. Le promoteur a donc cherché à la fois à faire des économies mais aussi à augmenter les prix de vente. Dans ces conditions il était demandé une augmentation complémentaire de 1.3 m€ TTC à la commune sur l’acquisition des locaux et parkings. Ces 1.3 m€ sont pris en charge à hauteur de 500 000 € par l’Etat au titre du fond friche et 800 000 € TTC soit 665 000 € HT à charge de la commune après récupération de la TVA.

Librinfo : Pourquoi une augmentation contribution de la commune 800 000 euros ?

P B : Il s’agit des 800 000 € TTC évoqué ci-dessus et en réalité de 665 000 HT après récupération de la TVA

Librinfo : On a parlé au conseil municipal de ”retour à meilleure fortune” : c’est quoi ?

P B : Si le promoteur fait un résultat bénéficiaire supérieur à celui pris en compte dans le bilan prévisionnel de l’opération il en restitue tout ou partie à la commune dans la limite de la contribution complémentaire de la commune


Librinfo : L’opposition affirme que les normes de thermiques afférentes à ce projet de développement durable ne sont pas respectées par le promoteur.

P B : Il y a effectivement plusieurs niveaux mais le programme est conforme aux normes qui existaient à la date de délivrance du permis. Ils étaient même au delà des normes exigées.

Sur ce point, nous avons recueilli le commentaire de Jean Vuillet :
Effectivement le Permis de construite déposé en en 2021 est conforme à la RT2012 mais pas à la RE2020 qui a été repoussée, et ne s’applique que depuis début 2022 !
La population a effectivement stagné depuis 5 ans mais quid dans 5 ans quand tous les programmes immobiliers en cours seront commercialisés


Librinfo : On vous reproche de vouloir augmenter la population de Thônes à 10 000 habitants en développant les projets immobiliers comme l’îlot Rousseau.

P B :”Avec 80 appartements, l’îlot Rousseau va amener environ 160 personnes. N’oublions pas que l’on a 300 demandes de logements sociaux. N’oublions pas également que depuis 10 ans, nous avons un excédent de naissance annuel de 30 bébés. Ne doit-on pas permettre aux enfants de Thônes de pouvoir se loger ?
On m’attaque sur la bétonisation de la commune. Je n’ai jamais dit qu’il y aurait 10 000 habitants à Thônes. Depuis 5 ans, la population de Thônes n’a pas augmenté. Si j’ai bétonné, je n’ai fait que des services publics.” 
Pour atteindre 10 000 habitants, il faudrait augmenter la population de 3 000 habitants, c’est-à-dire construire 19 immeubles comme celui de l’îlot Rousseau. Impossible !

Sur ce point, nous avons recueilli le commentaire de Jean Vuillet :
Sur les priorités en matière de nouveaux logements, ni la commune, ni la CCVT ne prennent la mesure jusqu’à aujourd’hui des besoins en matière de logements collectifs (foyer de jeunes travailleurs, foyer d’accueil d’urgence…) ou partagés (appartements inclusifs…). Pourtant, les solutions existent et sont mises en place partout sur le territoire national. C’est pour cette raison que j’ai toujours voté contre ce projet...


Librinfo : Les membres de l’opposition considèrent que le bilan global de l’opération est sous-estimée pour ne pas avoir intégré les 1,2 millions d’euros sur les exercices précédents ?

P B : Je leur avais expliqué. Je leur ai donné les chiffres, mais ils refusent de l’entendre. Ça ne change rien puisque cela correspond à la vente de notre domaine que l’on retrouve dans les 2,7 millions payés par le promoteur.
Lors de la consultation pour le choix d’un promoteur il y avait deux options envisagées :
Option 1 avec démolition de l’Auberge Fleurie
Option 2 avec réhabilitation de l’Auberge Fleurie

L’offre du promoteur pour l’acquisition du foncier a été de :
2.7 m€ pour l’option 1
1.8 m€ pour l’option 2

En conséquence la réhabilitation de l’Auberge Fleurie coute 900 000 € à la commune par simple diminution du produit de la vente foncière parce qu’e la produit de la vente au promoteur est estimé à 2,7 Millions par le service des Domaines, cela correspond à l’auberge fleurie, aux locaux de la Régie. Dans ces 2,7 millions, il y a le coût de 1 million du rachat de la Régie. On vend au promoteur 1,8 millions. Les 900 000 qui restent c’est le surcoût pris en charge par la commune pour rénover l’auberge fleurie.

Le promoteur nous avait fait une offre : si on démolissait l’auberge fleurie, il nous offrait 2,7 millions d’euros, car il considère ne pas pouvoir supporter le coût de réhabilitation. Au lieu de nous offrir 2,7 millions € sur le foncier, il nous offre 1,8 millions €.
C’est une explication que l’opposition ne veut pas entendre.


Librinfo : Quand elle fait des propositions, l’opposition, affirme qu’il y a toujours un refus catégorique de votre part.

P B :”Ce n’est pas vrai.”

Librinfo : Pourtant vous avez refusé d’augmenter de 1 € la location du m2 pour les médecins. Pourquoi ?

P B :”Oui j’ai refusé. J’ai refusé parce que ce n’était pas à l’ordre du jour du conseil. Je ne suis pas encore passé devant le conseil pour fixer le montant de la location. Comment voulez vous que je l’augmente d’un euro ?”

Une affirmation que conteste Jean Vuillet :

Pour la Maison de santé publique, il y a bien une recette prévisionnelle budgétée sur la base de 10€ le m2 pour les 20 années à venir, même si la décision n’a pas été actée.


Pierre Bibollet n’a pas de mot assez dur  pour dénoncer les informations données par l’opposition ”qu’il juge fausses.”

P B :”C’est tout comme ça. C’est de la désinformation. Regardez leurs publications, c’est tout de la désinformation. Parce qu’ils veulent faire parler d’eux.
Regardez sur l’ilot Rousseau : ils ont voté 2 pour, 2 contre, 3 abstentions. Pourquoi ?
Ils ont nécessité de demander un droit de réponse pour justifier leurs votes. Qu’ils assument ! Qu’ils expliquent au moment du vote. Ils m’ont fait le même coup pour le vote sur le budget. Je crois qu’il y a deux qui ont voté pour le budget. Dans le bulletin municipal, ils disent qu’ils ont voté contre. Mais qu’ils assument qu’il y a eu que deux qui ont voté contre le budget.”

 

Librinfo : D’après l’opposition, dans votre majorité, tout le monde n’était pas favorable pour voter pour.

P B : Vous croyez que je suis à 100% pour le budget que je fais voter ? On n’est pas tous d’accord. j’écoute. je ne suis pas là pour imposer mon point de vue.
Les membres de l’opposition ne savent pas prendre des responsabilités seuls. Si à chaque fois que j’ai une décision à prendre, je dois réunir mon conseil et mes adjoints, on avance pas.” (NDLR : toutefois la maire est le seul à prendre les décisions, au final, les autres membres du conseil ne sont que des conseillers.)

 

Le maire reproche à Jean-Vuillet sa mauvaise gestion de la participation citoyenne.

Librinfo : Pour la participation citoyenne, il semblerait que Jean Vuillet joue le jeu.

P B : Il s’en occupe. Oui …à sa façon !
Il n ‘a pas pris suffisamment les choses en main (NDLR : longue hésitation).  Il faut qu’il coordonne le travail. Il y a des choses qui traînent.
Après trois ans de travail, on est à mi-mandat : qu’est-ce qui est sorti ? À part les comités de secteurs qui demandent de boucher les trous C’est pas ce que j’attends des comités de secteurs. J’attends de l’animation, que les gens se rencontrent. Regarder à Thuy, ils ont fait le carnaval. Glapigny va se réunir pour faire des parties de cartes, de tarots. La vacherie va nous proposer l’aménagement d’une aire de jeu. c’est ce qu’on attend, c’est le vivre ensemble.”

 

Questions sur la déviation Est et l’attribution des marchés.

Librinfo : Comment l’opposition se situe sur ces sujets ?

P B : Jean Vuillet est contre la déviation. Cela veut dire que l’on ne peut pas faire la gare routière, on ne peut pas supprimer le feu rouge. Ça c’est l’opposition. Il faut qu’ils nous rentrent dedans, simplement pour s’afficher.

Ils votent pour l’attribution des marchés, c’est à dire qu’ils m’autorise à engager les dépenses.
Le conseil d’après, je fais voter une demande de subvention au département, de 2 millions, ils votent contre.

Où est la logique ?
Vous voulez ma tête” aurait-il rétorqué à Jean-Vuillet., ”que la maire se plante dans sa gestion ?Je leur demande une explication. Ils me répondent que c’est une erreur technique. Heureusement que vous n’êtes pas maire.
Faire des erreurs techniques comme cela, c’est grave. C’est tout comme ça. Ils n’ont pas de cohérence. Ni de cohérence entre-eux, ni de cohérence sur les décisions qu’ils prennent”.


Nous avons recueilli le point de vue de Jean Vuillet sur la déviation EST et l’attribution des marchés

Techniquement  voter pour l’attribution, c’est reconnaître que la passation de marché s’est effectuée en conformité avec la règlementation, ce n’est pas valider la réalisation du projet.

Sur le fond du projet, il est tout à fait possible de réaliser un rond point sur la  départementale ( et donc supprimer le feu rouge et réorganiser la gare routière en pôle multi-modal) sans faire le pont sur le Nom! Et pour limiter la circulation en Centre Ville interdire définitivement le centre ville aux cars et poids lourds, et temporairement en fonction des horaires jours saisons aux véhicules légers. Le délestage se ferait au niveau de l’auto-pont de La Cour (ouvrage vétuste qui nécessite une lourde rénovation) transformé en rond-point.
 
Au final, ce qui gêne le Maire c’est l’existence publique d’une alternative à ses modalités de gestion d’un Conseil municipal et surtout à l’orientation des priorités budgétaires.
Nous ne sommes pas là pour « faire de l’affichage » mais pour faire vivre les valeurs qui nous rassemblent : social, sobriété, solidarité, participation.

Auteur: gfumex

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1 commentaire

  1. Merci pour cet article!

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