L’ADIE s’implique dans le micro-crédit en faveur des migrants

L’Association pour le droit à l’initiative économique agit non seulement en direction de tout public ne pouvant accéder au crédit classique, mais aussi pour les personnes réfugiées ayant leur carte de séjour.

Agnès Dufour, déléguée territoriale ADIE

« Le but est d’aider ces personnes à monter un projet d’entreprise, de manière à ce qu’ils s’intègrent dans la société, » explique Agnès Dufour, déléguée territoriale pour la Haute-Savoie et la Savoie.

En réalité, cet engagement n’est pas nouveau mais reste peu connu. « Cela fait trente ans que l’ADIE le fait sur la France – 129 antennes et 360 permanences, et quinze ans en Haute-Savoie – antenne à Seynod. » La condition est que ces personnes possèdent un titre de séjour.

 

Titre de séjour à 600 €

« Elles ont les mêmes difficultés que les autres. On les aide donc avec la formule du micro-crédit, ne serait-ce que pour payer leur titre de séjour de 600€ ! ».

Dans ce cadre, l’ADIE, avec trois salariés et douze bénévoles qui conseillent et suivent les personnes réfugiées, rencontre les organismes locaux tels que la FOL et l’ADOMA (insertion par le logement). « On peut les financer, par exemple pour l’achat d’un véhicule afin qu’ils puissent vendre sur le marché. En 2017, nous avons aidé trois personnes qui avaient des difficultés bancaires. »

Certains, avant de venir en France, avaient une petite entreprise chez eux. C’est le cas d’un réfugié syrien qui s’est installé ici pour vendre des spécialités de son pays.

Ces personnes, qui sont arrivées depuis quelque temps, ne parlent pas forcément bien le français. Il est donc nécessaire de faire appel à des interprètes que les ONG fournissent. « L’objectif n’est cependant pas de faire du crédit pour du crédit, mais de les accompagner dans leur projet de vie. »

Il suffit de se pencher sur un cas pour que le bouche-à-oreille fasse le reste ensuite. La communauté suit. C’est vrai pour les Turcs et les Kosovars. « On rencontre de plus en plus ces personnes qui viennent nous voir aux permanences à Seynod, Thonon, Annemasse, Bonneville, Sallanches. Sur cet aspect du micro-crédit, l’Adie est le seul organisme qui le pratique sur la Haute-Savoie en direction de cette population. Nous élargissons de plus en plus notre public. Les aides, sur dossier et entretien, peuvent aller jusqu’à 10 000€. Nous sensibilisons plus en amont qu’auparavant, en collaborant avec d’autres associations. »

 

Subventions publiques, sauf Annecy

C’est donc un travail de fourmi que réalise l’association, et ce avec peu de moyens – subventions d’Etat, du département et de l’agglomération d’Annemasse. Celle d’Annecy, pourtant régulièrement sollicitée, ne donne rien.

Les domaines dans lesquels s’impliquent ces porteurs de projets venus de loin sont le commerce, les services en EHPAD. « Ce sont de fortes volontés. Par exemple Folly Lakoussan, qui s’est lancé dans le service informatique auprès des hôpitaux voici trois ans à travers l’entreprise Elfinfo à Chavanod. » A quinze ans, l’adolescent fuit le Togo, erre de foyer en foyer à Paris, reprend des études et décroche un master en système d’information. Devenu auto-entrepreneur, le voilà à la tête d’une petite entreprise.

« Nous ne faisons preuve d’aucune discrimination mais travaillons plus en amont pour ce public, la barrière de la langue étant un handicap. La première personne financée était accompagnée d’un ami français. On regarde aussi l’entourage de la personne. »

Et quand la réussite est au bout, c’est bien sûr une grande satisfaction, le but étant la pérennisation de l’entreprise. Ensuite, il s’agit d’obtenir un accès au système bancaire classique, l’aide n’étant pas supérieure à sept ans.

L’Adie voit ainsi ce type d’actions dans le domaine augmenter d’année en année. Le renouvellement des aides est possible après évaluation et en fonction du développement de l’entreprise, avec capacité de remboursement allant de 50€ à 300€ par mois.

 

Grâce à cette formule, des personnes s’intègrent dans notre société et retrouvent goût à la vie interrompue par la fuite forcée de leur pays.

 

CONTACTS :

  • ADIE Haute-Savoie

17 rue du Cep 74600 SEYNO
Tel : 04 50 23 94 31 | Port : 06 22 54 93 67

  • ADIE Savoie
    18 place des chasseurs Alpins 73000 CHAMBERY

04 79 25 05 20

Auteur: Loïc Quintin

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