La Frapna se hérisse de piquants en devenant « France Nature Environnement »

  Jean-Pierre Crouzat

La Frapna Haute-Savoie devient F.N.E. Haute-Savoie pour plus d’audace

La mutation couvait depuis un certain temps. « Àgée de 45 ans, il s’agissait d’améliorer la lisibilité vis-à-vis des instances et du public », explique Jean-Pierre Crouzat *. Déjà adhérente à la Fédération pour la Nature et l’Environnement, la Frapna Haute-Savoie en devient désormais une déclinaison locale et régionale en ce qui concerne les départements de la région Rhône-Alpes Auvergne, avec l’appui du réseau national.

 

« Nous avons désormais l’unité qui nous manquait. »

« La Frapna n’est pas connue du grand public, en tout cas pas assez par rapport aux grandes ONG nationales telles que Greenpeace, la LPO, entre autres. » explique Jean-Pierre Crouzat*.  « Nous avons désormais l’unité qui nous manquait. »

 

Le vert vire au rouge

Le changement s’opère aussi à travers le logo. Le fameux hérisson vert et dessiné de profil se présente rouge et de face. Cela voudrait-il dire que la Frapna devenue FNE Haute-Savoie devient plus agressive ? « Cela traduit la nécessité de passer au stade supérieur au regard de l’urgence climatique. Nous sommes encore plus déterminés à faire prendre la mesure de l’urgence. En outre, beaucoup de voyants sont au rouge. »
Dans ce nouveau dispositif, chaque département conserve son autonomie, tout en bénéficiant de la puissance de FNE.
La Fédération pour la Nature et l’Environnement (50 ans) est une véritable force sur le plan national avec ses 3500 associations fédérées et ses quelque 850 000 membres. « Ce qui équivaut au nombre de chasseurs, » se plaît à dire Jean-Pierre Crouzat.

 

Nouveau logo, mais aussi nouveau site Internet (www.fne-aura.org/haute-savoie/).

Cette modification de visage renforce les actions de l’ex Frapna : la sensibilisation, notamment auprès des écoles ; les expertises reconnues dans les domaines tels que la biodiversité, l’eau, les mobilités, l’aménagement du territoire ; la défense de l’environnement (les dossiers brûlants sont l’élargissement de l’A 41 entre Annecy et Pringy – actuellement en contentieux -, les UTN de Saint-Gervais, Morzine, le golf des Carroz d’Arâches, le centre de congrès d’Annecy) ; le débat public. « Nous sommes très investis dans le projet LOLA (Liaisons Ouest Lac d’Annecy), à savoir un tunnel routier monotube sous le Semnoz », affirme Jean-Paul Crouzat. « Face au projet mené par les élus du Conseil départemental et du Grand Annecy, nous avons proposé trois autres solutions de mobilité. Le coût varie de 300 à 350 millions d’euros pour le projet des élus, à 130 à 170 millions pour une des trois alternatives. Le Grenelle des transports que FNE Haute-Savoie intègre, contribue à faire bouger les lignes. »

L’association est très attachée à favoriser de telles contributions, qui représente 90% de son activité, contre 10% de contentieux. « Cependant, notre image reste celle d’une ONG qui conteste. Le changement dérange souvent»
D’après le vice-président régional, ceci suscite de la curiosité et de l’intérêt, avec une pointe de perplexité de la part des élus.

 

La Frapna deviendrait-elle plus combative ?

La réponse est oui. « Car les enjeux sont nombreux. La mobilité, la santé, la pollution en font partie. Il faut ajouter l’alimentation, l’agriculture, les pesticides (grâce à nos conseils, de plus en plus de communes haut-savoyardes passent au zéro pesticide), la santé étant là encore un enjeu majeur. Sans oublier la biodiversité, le partage de l’espace, la faune domestique et sauvage. »

Le hérisson rouge pique encore plus et augmente le niveau de vigilance au regard des urgences (urgence climatique, de pollution, de conflits d’usage de l’eau : À La Clusaz, on construit des retenues collinaires pour avoir de l’eau potable. « Boire ou skier, il faudra (faut) choisir »). « Les nappes phréatiques sont très menacées, car le réchauffement et les changements climatiques vont deux fois plus vite en montagne qu’ailleurs, à la même enseigne que les pôles nord et sud. »

 

Le hérisson FNE Haute-Savoie fait face avec détermination

« Tout est lié : activités et notion de combat sur ces grands enjeux. Les décisions des élus et leurs investissements engagent pour vingt ans. Ce n’est donc pas rien. C’est pour cette raison qu’on veut avoir une emprise sur les décisions qui se prennent. » insiste Jean-Pierre Crouzat

 

La connaissance du terrain est une force

« Notamment grâce au gros travail effectué par les associations adhérentes à la FNE Haute-Savoie. Ainsi, on peut citer la vigilance opérée par certaines d’entre elles du côté de Chamonix, le Pays du Mont-Blanc, la haute vallée de l’Arve, car dans ce secteur – tiens, tiens – il n’y a pas de SCOT » .

Alors, partant de ces forces territoriales, la Fédération nationale pour la nature et l’environnement, porte de grandes causes auprès des ministères. Des avancées, certes difficiles, ont été réalisées dans le domaine des pesticides sous l’influence de FNE (l’opération-pétition en cours « Nous voulons des coquelicots » a déjà recueilli 200 000 signatures).

Évoquons également l’aide envers les collectifs de citoyens qui luttent pour interdire la chasse le week-end. «Ça commence à bouger, précise Jean-Pierre Crouzat. Certains maires prennent des arrêtés dans ce sens. FNE est contre la chasse récréative – 20 millions d’animaux sont relâchés chaque année pour être tirés -, mais pas contre la chasse de régulation, à certaines conditions. »
FNE contribue aussi au grand débat national actuel, dans l’actualité des gilets jaunes. « Nous ne sommes pas impliqués dans ce mouvement, mais nous contribuons au débat dans le cadre des enjeux territoriaux. »

Ce changement de dénomination, cette nouvelle posture n’est pas un coup de peinture rouge sur du vert, mais une évolution vers plus d’audace.

* vice-président régional chargé de communication pour la nouvelle FNE Haute-Savoie et membre du bureau de FNE national,

Auteur: Loïc Quintin

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