ÉRADICATION DE LA BRUCELLOSE : la confédération paysanne demande de « se remettre tous autour d’une table »

C’est ce que prône Jérôme Dethes, membre du comité départemental du syndicat agricole, et porte-parole de la Confédération paysanne de Haute-Savoie, pour décider de l’éradication de la brucellose dans les Aravis.

Jérôme Dethes, porte parole confédération Paysanne 74

Jérôme Dethes, porte parole confédération Paysanne 74

Suite à la remise en cause récente de la lettre de recadrage du préfet en mai envoyée par les ministres, la confédération estime « qu’il n’y a pas de solution miracle. » Et d’ajouter que « nous souhaitons évidemment que quelque chose se fasse pour éradiquer la brucellose. »

Pour la Confédération Paysanne, il y a collusion entre le Préfet, Bernard Accoyer, les chasseurs et la FNSEA.

 

Mauvaise gestion

Dans un retour au passé, le syndicat pense qu’il y a eu une mauvaise gestion du troupeau de bouquetins, car le taux de prévalence est important. « Comment n’a-t-on pu s’en rendre compte avant ? » Pour eux donc, le suivi a été faible, car la maladie a eu le temps de se développer. « Il faut éteindre l’incendie aujourd’hui et l’objectif premier est de réduire cette prévalence. »

Pour poursuivre dans ce retour en arrière afin d’expliquer la position syndicale, Jérôme Dethes rappelle l’évolution. «  Au début, nous étions pour un abattage total. Après le test, nous avons revu cette position. Pourquoi pas en tenir compte ? Mais, je le répète, il faut tous en discuter. »

La communication absente, la démocratie bafouée, pour la confédération, c’est évident. « Lors de la dernière réunion de concertation avec le préfet, les syndicats ovin et caprin n’étaient pas invités. Pas plus que la confédération. En fait, il s’agissait de réunir chasseurs et FNSEA. A ce stade, la discussion n’est plus possible. »

 

Pour une concertation véritable

Donc, la demande principale du syndicat est de se mettre autour d’une table afin de négocier sereinement, car actuellement, chacune des parties prenantes avance ses arguments dans son coin. « La confédération aurait pu se positionner en tant que médiateur. Deux solutions ont été préconisées : l’abattage total et l’abattage sélectif. Toutes les deux ne sont pas sans risque. La première est rapide et peu coûteuse, la seconde est longue et plus chère. » Il est vrai que le développement durable est plus lent, par définition, et plus compliqué à mettre en œuvre que les solutions simplistes. Le suivi de terrain demande du personnel.

Ceci dit, la confédération est consciente que le débat actuel tient moins de considérations sanitaires que politiques (allusions aux tractations en sous-main entre Bernard Accoyer, le président de la FNSEA, Xavier Beulin, le président de la République, les ministres et le préfet).

Si les syndicalistes paysans ne demandent pas d’audience actuellement, ils ne sont pas sans croiser dans les réunions de la CDOA (Commission Départementale d’Orientation de l’Agriculture) , les DDT (Direction départementale des territoires) et un représentant du préfet. « Ça cause quand même ».  La campagne présidentielle est un terrain propice aux vagues : pas de houle pour le gouvernement, avis de tempête pour Bernard Accoyer.

 

Méthodes de pratiques agricoles en cause ?

 Les rencontres avec la FNSEA ne se font pas sur le terrain. « Nous n’avons pas d’adhérents dans les Aravis. »

La méthode d’agriculture n’est-pas remise en cause avec cette affaire, à savoir de gros troupeaux. « Il y a une pression de la population d’animaux sauvages, en l’occurrence les bouquetins. Il n’est pas sûr qu’il y ait plus d’animaux domestiques qu’avant. Certes il y avait plus de petits troupeaux, mais aussi plus de paysans. La question de gestion de la faune sauvage est différente de celle de la gestion domestique. »

Encore une fois, Jérôme Dethes et son syndicat déplorent le manque de suivi des bouquetins. « La brucellose existe depuis longtemps. Elle a été éradiquée en Haute-Savoie, mais elle est restée dans le troupeau de bouquetins du Bargy. Après, qui est à l’origine, la vache ou le bouquetin, ce n’est pas facile à dire. »

La confédération rappelle qu’elle ne prend pas parti pour telle ou telle catégorie d’agriculteurs, mais pour l’ensemble.

 

Alors on attend quoi ? La démocratie…

 … et la neige qui s’est invitée récemment au débat. La fenêtre météo pour d’éventuels tirs se restreint et se complique.

Pour Jérôme Dethes, le bouquetin, quelle que soit la solution de compromis obtenue après concertation totale demandée instamment, reviendra. « L’espèce ne disparaîtra pas.  Le suivi doit être général pour restreindre le brassage de la maladie et le risque d’éclatement du troupeau – des cas ont été avérés (NDLR) – vers les Aravis. »

En attendant ce renouveau de démocratie urgent, la confédération paysanne se dit « proche parfois de telle ou telle structure en fonction des arguments des uns et des autres, notamment des ONG environnementales. Par le passé, il y a eu le combat commun contre l’autoroute Annecy-Genève, et aujourd’hui pour la protection du foncier qui disparaît rapidement. »

La Confédération paysanne préconise le compromis afin de mettre fin une fois pour toutes à cette gué-guerre de tranchée.

 

Auteur: Loïc Quintin

Partager cet article :

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.