Drame social à Annecy

Nathalie (*) a la quarantaine. Elle subit un handicap reconnu supérieur à 80%, nécessitant un lit médicalisé et trois passages infirmiers par jour pour des soins lourds avec une hygiène rigoureuse. Elle vit à côté d’Annecy avec sa fille, jeune majeure et scolarisée, également en situation de handicap reconnu de 50 à 80%. Elles occupent un logement privé, bien trop coûteux pour leurs Allocations d’Adulte Handicapé, et leur expulsion a été prononcée en février 2015 avec prise d’effet à l’issue de la trêve hivernale, le 31 mars.

Nous l’avons rencontrée. C’est une femme courageuse qui se bat pour protéger sa fille, pour la dignité et pour la reconnaissance de leurs droits. Depuis 2010 elle ne parvient toujours pas à obtenir un logement social malgré un grand nombre de démarches.

Une lueur d’espoir

Enfin, à force de se faire entendre, une réunion est organisée mi-mars 2015 en préfecture, avec services sociaux, bailleurs sociaux et associations, pour étudier sa situation particulièrement lourde et y remédier.  Un bailleur social se porte garant pour le règlement des loyers d’un logement durant une première période (bail glissant), Nathalie et sa fille ayant préalablement signé l’engagement d’honorer les loyers par la suite. Le représentant du Préfet demande que les choses aillent assez vite pour que Nathalie ne se retrouve pas sans logement. Rien d’écrit malheureusement, mais si l’on parle de bail glissant, c’est bien qu’il est question de trouver, à terme, un logement social.

Retournement de situation

Nous étions donc, Nathalie et notre équipe, plutôt confiants. Encore que, épuisée par ses luttes incessantes et l’angoisse de se trouver à la rue du jour au lendemain, Nathalie développe une pathologie grave. Hospitalisée depuis le 25 mars, elle vient d’être transférée à l’hôpital de Saint-Julien.

Mais le pire arrive par courrier le 2 avril de la Direction de la Cohésion Sociale informant Nathalie qu’étant sur le point d’être expulsée « par l’octroi de la force publique », elle doit se présenter immédiatement au Foyer Saint-François, pour un « hébergement temporaire dans l’attente d’un bail glissant sur un logement autonome », sans précision sur le point crucial de la durée d’attente du bail.

8 mois d’attente pour être hébergée sans aménagement de soins.

Le foyer aussitôt contacté répond que le délai actuel pour un hébergement est de… 8 mois. Les soins et les aménagements nécessaires à Nathalie (hors maladie actuelle) sont incompatibles avec les conditions de vie en foyer.

Un geste désespéré

Le 6 avril c’en est trop, elle absorbe une surdose de morphine, en un véritable cri de détresse. Elle reste aujourd’hui totalement désespérée.

Les services préfectoraux n’ont pas souhaité répondre à nos questions car elles portent sur une situation personnelle ; elles se posent néanmoins avec force. Le cas de Nathalie est parvenu à son point critique.  Est-il normal, en parfaite connaissance de sa situation de handicap, de la laisser seule aux prises avec la terrible problématique des hébergements du type «115 » totalement asphyxiés comme chacun sait, sans parler de leur inadaptation au regard des soins à lui délivrer ? En prolongement de la réunion mi-mars, où Nathalie nous disait « avoir remis sa vie aux mains de l’assistante sociale », n’était-il pas urgent d’agir concrètement pour qu’elle ne se trouve pas sans toit aux premiers jours d’avril ?

Tenir bon !

Mais il n’est encore pas trop tard pour mobiliser les moyens efficaces dont disposent les services préfectoraux. Nous avons demandé à Nathalie de ne pas céder au désespoir, car nous croyons que les droits au logement  et à la protection sociale proclamés par la République ne peuvent qu’être mis en œuvre par les services qui la représentent.

C’est sur cette base que nous suivrons au jour le jour la résolution de cette situation brûlante.

(*) Le prénom est modifié

Auteur: librinfo74

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