Confrontations entre certaines communautés des gens du voyage de grand passage et les agriculteurs.

Dernièrement, la presse locale a mis « à la une de l’actualité » des altercations, avec parfois des agressions physiques violentes, entre agriculteurs haut-savoyards et communautés religieuses de gens du voyages, lors d’occupations illicites de terrains agricoles. Or, ces déplacements, dans le cadre de pèlerinages saisonniers, sont, non seulement autorisés, mais les lieux d’hébergement des « pèlerins » doivent être assurés par l’État. Cette obligation est régie par la loi de 2003  qui impose la création, dans tous les départements, d’aires d’accueils provisoires aménagés (aire exceptionnelle et transitoire de grand passage (AETGP) pouvant recevoir 200 caravanes, disposant de sanitaires, équipés de compteurs électriques et d’eau.

Le « hic » est qu’en Haute-Savoie, le nombre de places d’accueil pour les grands passages prévues dans le schéma départemental n’est pas atteint, ce qui oblige le Préfet à réquisitionner des terrains agricoles pour réaliser des aires d’accueil tournants de 4 ha (Voir article sur « librinfo74 » : cliquez ici). En 2011, notre département en compte quatre : Marnaz, Faverges*, Frésilly et Perrignier. Cette année, une conjonction de facteurs défavorables a conduit des groupes à occuper illicitement des terrains agricoles.

La première « affaire » est survenue sur un terrain de la commune de Perrignier dans le Chablais où un convoi de 150 caravanes d’une communauté évangéliste avait occupé un terrain agricole. Le groupe avait justifié cette intrusion par le fait de ne pouvoir accéder au terrain de Marnaz sur l’arrondissement de Bonneville, jugé impraticable à cause de la pluie. Rappelons que le maire de Bonneville est le député Martial Saddier. Cette occupation avait suscité la colère des agriculteurs et des élus locaux. La demande d’expulsion avait été rejetée par le tribunal administratif, considérant que la loi permet, à tout moment, l’accès de ces voyageurs à des aires aménagées. Devant le refus des gens du voyage de quitter le terrain, l’élue, très « en pointe », Astrid Baud-Roche, maire-adjoint de Thonon et Présidente du Simagev (syndicat mixte des gens du voyage sédentarisés ou non du Chablais), a mené la fronde tambour battant contre l’État, relayée par la FDSEA. À l’appel des syndicats de Haute-Savoie et de Savoie, une manifestation s’est tenue devant la Préfecture d’Annecy le 30 juin pour réclamer l’intervention du Préfet, critiqué pour son immobilisme. (Voir article sur « librinfo74 » : cliquez ici)

D’autres occupations illégales moins importantes ont concerné des communes de Machilly et de Neydens.

Par contre, l’occupation légale de l’aire de Présilly, dans l’arrondissement de St Julien, par 250 caravanes du groupe religieux « Vie et lumière », affiliée à l’organisation AGP (Action Grand Passage), s’est bien déroulé. La réservation avait été faite dans les normes et le groupe s’y est conformé.

La deuxième « affaire » concerne Raphaël Baltassat, agriculteur en GAEC familiale à Bonne sur Menoge, membre actif de la confédération paysanne. Suite à l’altercation musclée du 13 juillet qu’il a subi avec les membres d’un groupe de grand passage, nous l’avons joint pour connaître sa version : « Depuis quelques jours, nous avions vu certaines personnes venir en « reconnaissance » pour une installation éventuelle. Samedi 9 juillet en début de soirée, mon frère a aperçu un certain nombre de caravanes se diriger vers nos champs. Nous avons placé un tracteur pour empêcher cette occupation afin de préserver nos cultures.

Le ton est vite monté du côté des gens du voyage. Il nous ont provoqué en nous insultant et nous menaçant afin que nous réagissions violemment. Nous avons observé que la scène était filmée dans le but de porter plainte contre nous si nous passions aux actes, ce que nous n’avons pas fait, cela allant à l’encontre de nos principes.

Une personne du groupe a voulu déplacer le tracteur. J’ai pris place sur le siège du conducteur pour l’en empêcher. Aussitôt, plusieurs personnes m’ont violemment expulsé, me prenant par les cheveux, les oreilles. Puis à terre, j’ai reçu un violet coup de pied sur le côté, ce qui a provoqué un déplacement d’une côte et une déchirure musculaire. Ceci a été constaté par le médecin de l’hôpital le soir même car la douleur était trop forte. »

Devant la détermination de la famille Baltassat  à empêcher le passage en force des caravanes de tête, le groupe d’une quarantaine de personne est parti avant la venue des gendarmes. Peu de temps après, le reste du convoi est arrivé sur place.

« À ce moment, nous avons pu discuter normalement avec ces familles. Nous avons compris que la stratégie de la communauté était d’envoyer « en éclaireur » des « gros bras » pour nous intimider. Ce que je n’ai pu accepter, c’est de voir un certain nombre de nos voisins observer la scène sans qu’aucun n’intervienne pour nous aider. Le plus inacceptable était la présence d’un maire adjoint. Il me semble que son rôle aurait été d’intervenir, en tant que représentent de la mairie, pour essayer de calmer le jeu. »

Plainte a été déposée à la gendarmerie de Reigner. L’affaire est suivie par le Procureur de Thonon, Patrick Steinmetz.

La troisième « affaire » concerne la commune de Chavanod. Un convoi venu directement d’Isère est allé s’installer lundi 25 juillet sur un terrain à proximité de l’ancienne aire aménagée en 2010.

Contrairement à ce qui est indiqué dans l’article du Dauphiné Libéré, ce n’est pas le groupe qui devait venir à Faverges qui a « squatté » sur la commune de Chavanod. D’après le maire de Faverges, Jean-Claude Tissot-Rosset, le groupe qui devait succéder à celui dont les caravanes avaient eu des difficultés à se désembourber sur le terrain d’accueil de sa commune, a préféré rester sur Aix-les-Bains. « Entre-temps nous avons remis le terrain en état pour les recevoir. »

Sur Chavanod, d’après le maire, René Desille, le groupe venant de Grenoble affirme avoir demandé l’autorisation pour venir en Haute-Savoie, mais n’aurait pas obtenu de réponse de la Préfecture. Cela ne l’a pas empêché de venir avec 150 caravanes occuper le terrain de la commune. Un des trois propriétaires du terrain est exploitant agricole, ce qui a fait éclater la colère des agriculteurs.

André Pernoud, Président de la FDSEA 74 était sur place mardi après-midi. Présent à ses côtés, le maire est intervenu pour éviter tout affrontement : « La FDSEA voulait manifester sur place. Je m’y suis opposé ». C’est la raison pour laquelle la FDSEA a décidé de bloquer la Préfecture et le centre-ville d’Annecy le jeudi 28 à partir de 4H00 du matin.

Depuis, un ordre d’expulsion du terrain de Chavanod a été délivré par le Préfet. Les groupes évangélistes ont négocié leur départ ce dimanche 31 juillet, ce qui fait dire à René Désille : « Ils avaient décidé de partir lundi. En fait, ils ont cédé sur un jour ! »

* Pour l’anecdote, le  lieu-dit du terrain situé à Faverges s’appelle « Le pré d’enfer » ! (Un nom prédestiné pour accueillir des groupes religieux !!).

 

 

 

Auteur: gfumex

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