Avec la « Ferme des Bertrand », le réalisateur Gilles Perret nous fait entrer dans l’intimité de paysans haut-savoyards

Avec son nouveau film, « La fermes de Bertrand », Gilles Perret nous donne à voir un documentaire attachant, dans lequel il se réalise.

                    Gilles Perret

Son dernier film ”Reprise en main” traite un thème qui lui est cher : le social. Avec la ferme des Bertrand, Gilles Perret nous invite à découvrir des agriculteurs de son village. Un film très personnel, qui, en creux, raconte un peu de sa vie d’enfant : ”Depuis que je suis né, j’ai toujours habité à côté de chez eux. La maison est à moins de 100 mètres de chez moi. Tout gamin, je m’amusais dans la ferme. J’étais avec eux sur les tracteurs. Je les connais très bien.”

 

 

Une saga familiale

                                                         Hélène avec Marc et Alex

”La ferme des Bertrand” nous permet de retrouver les trois frères, André, Joseph et Jean, 25 ans après son premier film de 1997 ”Trois frères pour une vie”. Pour assurer la transmission de leur exploitation productrice de reblochon, forte d’une centaines de vaches, ces paysans ont passé le relai à leur neveu Patrick et à sa femme Hélène. Aujourd’hui, on retrouve les frères Bertrand âgés, et leurs petits neveux, Marc et Alex, devenus adultes, qui ont repris l’exploitation.

                             Hélène

Gilles Perret a su mettre en scène cette famille en reprenant les séquences de l’époque pour les confronter à la réalité d’aujourd’hui. Il nous permet de rentrer au cœur ce cette famille d’agriculteur, représentatif du monde agricole de Haute-Savoie. Des paysans durs à la tâche qui aime leur métier sans trop se soucier de l’aspect mercantile : ”Oui, ils aiment leur travail. Cela dit, quand ils étaient jeunes, les trois frères Mais, au fil de temps, afin de soulager leur fatigue, ils ont accepté les aides européennes pour mécaniser leur exploitation ».

 

   Les trois Bertrand filmés par Trillat en 72.

Des paysans ”philosophes” et ”érudits”.

Le cliché habituel qui colle à la peau des paysans de Haute-Savoie, véhiculé par certains citadins méprisants est celui de ”bouseux incultes”. Gilles Perret, qui les connaît bien conteste ,cet à priori : « Si on s’en tient à leur apparence on peut se dire que ce sont des paysans qui ne sortent jamais de chez eux, qui n’ont pas grand chose à dire. Or, quand on leur donne le temps, ils développent un discours et une philosophie de l’existence. Il émane d’eux une intelligence et une honnêteté par rapport à leur vie qui est remarquable. Ils s’expriment aussi très bien, dans leaclarté et les justesse des mots, et ne s’évertuent pas à rompre un silence pour parler à tout prix. (…) Il s’agit avant tout ”de ne pas faire la malin”. On reste digne et droit, avec une philosophie très matérialiste.”

                                                                     Joseph Bertrand

Les ”écolos” n’ont pas bonne presse chez les Bertrand

”J’ai laissé la réflexion d’André vis-à-vis des écologistes au risque de faire réagir le public qui suit mon travail. Je me le permets car je mets au défi quiconque de trouver une personne plus écologiste que les Bertrand”.

Toutefois, si Gilles Perret reconnaît l’intérêt des petites exploitations bio, principalement maraîchères ou produisant des fromages de chèvre ou de brebis, il considère qu’elles n’ont pas la capacité de produire suffisamment pour nourrir la France. Pour lui, la ferme des Bertrand représente le modèle à suivre. Si les trois frères ont accepté de se mécaniser, c’est essentiellement pour alléger leur travail physique.: ”On pourrait critiquer l’arrivée des robots, qui serait la marque du productivisme ou de la déshumanisation. mais de quel droit les juger ? La mécanisation a amélioré le sort des travailleurs, en particulier sur les tâches pénibles et répétitives. De plus, ”l’appellation d’origine contrôlée du reblochon définit une zone exclue de la loi du marché répondant à un modèle anti-libéral qui permet à ces agriculteurs de pouvoir continuer leur activité (…)”.

Sortie du film le 31 janvier 2024.

Une tournée en avant première est prévue en Haute-Savoie. Ce samedi 14 octobre à 20h, « La ferme des Bertrand » sera projeté à l’auditorium de Seynod.

Une tournée en avant première est prévue en Haute-Savoie. Ce samedi 14 octobre, « La ferme des Bertrand » sera projeté à l’auditorium de Seynod en présence de Gilles Perret.

 

 

 

Auteur: gfumex

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1 commentaire

  1. La mécanisation/automatisation a allégé un peu la pénibilité du travail agricole, mais elle a surtout permis un colossal plan social dans le secteur, avec 95 % des actifs qui ont disparu depuis les années 50. Dans le film on voit le robot de traite sur le point d’arriver, pour quel résultat ? La ferme passe de 3 à 2 actifs, qui vont travailler autant, avec plus de charge mentale et un capital supérieur.

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