La disparition de Brigitte Bardot ce 28 décembre (en sus de son racisme invétéré) est l’occasion de remettre sur la table, avant le passage à la nouvelle année, la question du massacre animal qui continue et s’amplifie, à l’échelle locale comme à l’échelle globale. Dans nos Savoie, la crise de la DNC a beaucoup ému ces derniers mois lorsqu’elle a entraîné l’euthanasie de centaines de vaches par décision administrative. Pourtant, celles-ci sont massacrées dans les abattoirs le reste de l’année dans l’indifférence générale. Alors si on sortait un peu de l’hypocrisie actuelle sur la question animale ? Une bonne résolution pour 2026 :
Génocide à Gaza, guerre en Ukraine, conflit au Soudan, etc… les violences armées à l’égard des civils semblent se multiplier et s’intensifier actuellement sur la planète, heurtant à raison notre conscience d’être humain. Mais il y a également une autre guerre globale absolument terrible, faite quotidiennement et à bas bruit contre les animaux non humains et face à laquelle trop peu s’indignent et s’insurgent.
Un massacre qui augmente globalement…
Un chiffre passé beaucoup trop inaperçu vaut beaucoup plus que de longs discours en la matière, celui de 1,7. Beaucoup connaissent désormais le « jour du dépassement », le jour de l’année où l’humanité a consommé l’ensemble des ressources disponibles sur un an en comparaison de la biocapacité, c’est-à-dire la capacité de la Terre à se régénérer[1]. Sur la question animale, il faut désormais 1,7 jour pour tuer autant d’animaux terrestres qu’il y a eu de morts durant toutes les guerres de l’Histoire (sans compter donc le massacre dans les mers et les océans). Et en 2014, il y a donc un peu plus de dix ans, ce chiffre était de 2,4 jours. Le carnage ne cesse donc d’empirer, malgré tous les débats qui fleurissent sur la nécessaire diminution de l’alimentation carnée.
Graphique de ©Faunalytics
Ce chiffre, dénoncé par le philosophe Frédéric Côté-Boudreau dans la revue l’Amorce début décembre[2], aurait dû faire la une des médias et tous nous interpeller. Il n’en a rien été. Bien plus que le changement climatique, le massacre animal généralisé et banalisé dans nos sociétés actuelles semble donc être le dernier et ultime tabou à ne surtout pas questionner, au risque d’être exclu d’emblée de la communauté nationale (tout le monde se souvient il y a trois ans de la polémique provoquée par la sortie de la députée écologiste Sandrine Rousseau sur le barbecue)[3].
… et localement comme le rappelle L214
Pourtant les chiffres sont têtus : par exemple, chaque jour en France, 3 millions d’animaux sont massacrés dans les abattoirs, que ces derniers soient industriels ou labellisés locaux, bio, etc. Des chiffres martelés depuis des années par L214[4]. D’ailleurs, à l’occasion des fêtes de fin d’année, des militants locaux de la célèbre association animaliste ont décoré le Carrefour Market d’Annecy-le-Vieux avec des milliers de confettis afin d’y interpeller la marque de supermarché et les consommateurs sur la nécessaire réduction du nombre d’animaux tués (voir la photo ci-dessous).
Equipe de L214 au Carrefour Market d’Annecy-le-Vieux le 20 déc. 2025 ©L214 Annecy
L214 rappelle dans un communiqué que pour le seul mois de décembre, ce sont dix millions d’animaux qui sont abattus uniquement pour Carrefour, qui se vante pourtant d’« agir pour la biodiversité »[5]. Nous savions déjà que la marque commercialisait des produits pourtant illégaux, issus des territoires palestiniens occupés[6]. Nous savons désormais qu’elle participe à très grande échelle au massacre animal.
La branche locale de L214 s’était déjà livrée à une action de sensibilisation du public sur la consommation animale en octobre dernier devant Bonlieu pour rappeler que 24 660 animaux auraient été abattus chaque jour à Annecy depuis 2020 et interpeller sur la question les futur.es candidat.es aux élections municipales de mars 2026[7].
L’hypocrisie autour de la DNC
La DNC, pour Dermatose Nodulaire Contagieuse, est une maladie virale préjudiciable pour la santé des bovins, mais non transmissible à l’homme, qui est apparue pour la première fois en Savoie le 29 juin 2005. Durant ces derniers mois, ce sont 59 élevages qui ont été impactés en Savoie et en Haute-Savoie, entraînant l’abattage d’environ 1640 bovins (des chiffres précis et non contradictoires sont extrêmement difficiles à trouver) et la colère du monde agricole. Car la politique pratiquée actuellement en France de l’abattage total du troupeau dès le premier cas avéré de DNC interroge beaucoup de monde[8] : elle semble répondre bien plus à une logique économique qu’à une logique sanitaire, à l’image de ce qui s’était déjà produit sur notre territoire avec la brucellose[9].
Vache sur la commune de Fillière ©Benjamin Joyeux
Car d’autres politiques, comme l’abattage partiel ou la vaccination généralisée, qui sont pourtant des solutions beaucoup moins violentes, à la fois pour les éleveurs et pour leurs bêtes, feraient perdre à la France son statut de pays indemne de DNC nécessaire à l’exportation de ses bovins. Et comme d’habitude, on sacrifie les animaux et les petits éleveurs sur l’autel de l’agrobusiness, des décisions gouvernementales autoritaires, sous influence directe de la FNSEA[10].
Pire encore, ce massacre cynique est instrumentalisé par l’extrême droite qui surfe sur les fake-news et les théories du complot et tente de faire croire que la crise de la DNC serait un « prétexte pour décimer l’élevage français » sur demande de la Cour des comptes afin de diminuer les gaz à effet de serre de notre pays[11]. Ce serait donc encore une fois la faute des écolos, un comble !
Dans ce contexte hautement inflammable, personne ou presque n’ose regarder en face l’éléphant dans la pièce, celui de notre rapport actuel au monde animal, totalement inique, morbide et destructeur[12]. Tant que l’exploitation animale généralisée actuelle, et donc la question de l’élevage, ne sera pas abordée et profondément remise en question, notamment par le biais de l’antispécisme[13], des crises comme la DNC avec leurs lots de souffrances ne cesseront de se multiplier.
Alors que l’on vient tout juste de célébrer le réveillon de Noël et que l’on s’apprête à remettre le couvert pour la nuit de la Saint-Sylvestre, le contenu de nos assiettes semble bien plus politique que jamais. Pensez-y avant de vous resservir de l’entrecôte.
Comme l’écrivait Albert Einstein : « Rien ne peut être aussi bénéfique à la santé humaine et augmenter les chances de survie de la vie sur Terre que d’opter pour une diète végétarienne. »
Benjamin Joyeux
[1] Lire https://overshoot.footprintnetwork.org/newsroom/dates-jour-depassement-terre/
[2] Lire https://lamorce.co/linflation-animale-les-derniers-chiffres-du-zoocide/
[3] Lire par exemple https://www.huffingtonpost.fr/politique/article/le-constat-de-sandrine-rousseau-sur-le-barbecue-et-le-virilisme-partage-par-62-des-hommes_208044.html
[4] Lire https://www.l214.com/animaux/abattage/abattage-des-animaux/
[5] Voir https://www.carrefour.com/fr/engagements-pour-la-biodiversite
[6] Lire notre article : https://librinfo74.fr/les-militants-de-palestine-solidarite-denoncent-la-vente-par-carrefour-de-produits-israeliens-fabriques-en-territoire-palestiniens-occupes/
[7] Voir https://www.odsradio.com/news/locales/105892/annecy-l214-veut-sensibiliser-aux-20-animaux-tues-par-minute-dans-la-ville
[8] Lire https://www.confederationpaysanne.fr/rp_article.php?id=15869
[9] Relire par exemple notre article : https://librinfo74.fr/blocage-massif-et-determine-a-saint-laurent-contre-labattage-des-vaches-deric-forestier/
[10] Lire par exemple : https://www.revolutionpermanente.fr/Dermatose-nodulaire-gouvernement-et-FNSEA-sacrifient-les-petits-eleveurs-pour-sauver-l-agrobusiness
[11] Lire https://www.lamontagne.fr/france-monde/economie/la-dermatose-nodulaire-un-pretexte-pour-decimer-lelevage-francais-cest-quoi-encore-cette-theorie-farfelue_14800661/
[12] Ecouter par exemple : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/questions-du-soir-le-debat/faut-il-integrer-les-animaux-a-notre-communaute-politique-6819572?at_campaign=F acebook&at_medium=Social_media
[13] Lire par exemple : https://www.philomag.com/lexique/antispecisme
