Retour à l’école, mais dans quelles conditions ?

 

Tuulikki Grépillat, responsable du SNUipp-FSU (syndicat enseignants et AESH), a accepté de répondre à nos questions. Elle nous livre son analyse de cette période vécue difficilement  par les équipes enseignantes.

Ce Lundi 22 Juin a été marqué par la rentrée de tous les élèves des écoles et collèges et ceci dans des conditions dégradées.

 

Qu’en est-il face aux injonctions ministérielles précédant cette rentrée?

Les directeurs et directrices ont été sollicité.es pendant cette période de « confinement » et « dé-confinement » par le Ministère de l’éducation nationale. Concernant la rentrée du 22  Juin, le protocole sanitaire ne permet toujours pas l’accueil de tous les élèves que les effectifs sont chargés en élémentaire. Et le protocole a tout bonnement supprimé la distanciation en maternelle.

Et pourtant, il est dit que tous les élèves doivent être accueillis, peuvent retourner à l’école; alors que l’on n’a pas suffisamment réfléchi à ces dits protocoles. Cela crée de l’embarras vis à vis des familles qui vivent aussi des situations sociales difficiles. Les annonces dans la presse ont été multiples, mais on oublie souvent de dire que l’on n’a pas donné le temps aux écoles de s’organiser, de décider.

 

Tout tombe du haut.

Par exemple, il y a eu le discours présidentiel le dimanche, mais, le mercredi le protocole sanitaire a été envoyé aux écoles. Avec les municipalités, il a fallu faire au mieux pour s’organiser. Il y a des endroits où les conditions ne sont pas réunies pour accueillir tous les élèves, surtout en ville. On ne peut pas dire qu’il y ait eu un véritable dialogue social quand on fonctionne par injonctions.

Mais qu’en est-il aussi de de la liberté pédagogique des enseignant.es quand on les met sous pression? La plupart des  directeurs et directrices, des enseignant.es sont au bout du rouleau surtout en cette période d’incertitude même si les Inspecteurs en Haute-Savoie les laissent s’organiser.

 

Et comment construire un rapport aux familles?

En première ligne face aux familles et ceci dès le début de la crise, les directeurs et directrices et les enseignant.es n’ont cessé de construire des liens (envois des devoirs, liens téléphoniques etc…). Il y eut le souci de ne pas couper les ponts, de répondre aux difficultés des familles, qui font parfois face à des situations de handicap. Il a été fait appel au SESSAD (Service d’éducation spéciale et de soins à domicile) quand cela se produisait.

 

Renforcement des inégalités dans la construction du rapport au savoir

Oui, les écarts risquent de se creuser, surtout dans les zones situées en REP, d’éducation prioritaire, d’autant qu’il y a un manque de personnel spécialisé comme les RASED (réseau d’aide spécialisée aux enfants en difficultés), ou de toute autre structure d’aide. Là encore, beaucoup d’incertitude à venir, d’autant que l’on manque de personnel qualifié(suppression de postes). Cela va aggraver la situation des élèves vulnérables surtout dans les REP. Ajouter à cela depuis 2008-2010, on a vu disparaître des postes spécialisés Option G; ce qui est préjudiciable pour les élèves en difficultés comportementales. On sait aussi ce qu’il en est des services d’aide médico-psychologique sur notre territoire.

 

Renforcement de la hiérarchie au détriment des collectifs de travail

Il faut aussi noter la mise en place de la nouvelle feuille de route de la fonction de directeur, directrice qui pourrait se traduire par un nouveau statut qui les mettra sous pression de la hiérarchie sans tenir compte des collectifs de travail(conseil des maîtres ou de cycle,en présence des représentants des parents). C’est là que s’exerce le pouvoir démocratique au sein des écoles.

Encore faut-il s’en donner de réels moyens, assurer une véritable formation permettant à tous et toutes d’exercer une réelle réflexion au service de tous et toutes.

Auteur: Colette CHARLET

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