Pierre Lamy, inspecteur du travail, héros de la résistance haut-savoyarde au sourire si doux.

Mis à jour le 2 novembre à 18h20

Gérard Métral, David Chauvin Pôle travail, Lionel De Taillac

ll y a 80 ans, Pierre Lamy, inspecteur du travail, héros de la résistance haut-savoyarde est exécuté le 18 juillet 1944 à St Jorioz. Il avait 35 ans.
Pour commémorer sa mémoire, les inspecteurs du travail de Haute-Savoie ont invité à la Préfecture le 24 septembre Lionel de Taillac, directeur du travail honoraire, et M. Gérard Métral, Président de l’Association des Glières, pour rappeler cette période tragique de notre histoire locale et l’engagement total de cet homme, épris de justice et de liberté.

Une exposition installé temporairement dans le hall de la Préfecture retraçant la vie de Pierre Lamy sera visible prochainement dans les locaux de la Direction du Travail de Haute-Savoie et dans les établissements scolaires

Cyrille Robin, inspecteur du travail, Chrystèle Martinez directrice DDETS, Yves Le Breton Préfet

 

 

 

 

Pour les annéciens, la salle Pierre Lamy est le lieu traditionnel de spectacles et de débat. C’est aussi devant    cette salle que les rassemblements de lutte syndicales et du 1er mai réunissaient des centaines de manifestants, hérissés de pancartes revendicatives.Mais la plupart ne prêtait aucune attention au nom de Pierre Lamy. Encore aujourd’hui, de nombreux habitants, principalement les jeunes, ne savent pas que Pierre Lamy, cet inspecteur du travail résistant, est mort fusillé par les allemands, après avoir été atrocement torturé.

Des militants catholiques participent à la résistance

Proche des milieux chrétiens catholiques résistants, il a entretenu des liens privilégiés avec Paul Rivet, responsable syndicaliste CFTC, et l’abbé Folliet. Ce prêtre résistant, engagé sur le plan social, avait cré une section de la jeunesse chrétienne (JOC).
En 1942, il aide au sauvetages des juifs.
Lorsqu’en 1943 est instauré le Service du Travail obligatoire (STO) par le régime collaborationniste d’extrême droite pétainiste, il héberge et assiste dans leur fuite les jeunes insoumis, que ce soit vers la Suisse ou vers les maquis.
Alphonse Métral, responsable des JOC de Grenoble, fuit le STO. Il est caché Dingy-Saint-Clair par Camille Folliet.

Camille Folliet est gravement blessé au bras en voulant secourir un blessé dans une offensive du 13ème bataillon de chasseurs alpins. La gangrène l’envahit. Il pousse son dernier soupir le lundi 9 avril 1945 à 18 heures, moins d’un mois avant la victoire.

Gérard Métral, président de l’association des Glières, rappelle l’engagement de ces militants chrétiens dans la résistance :

 

Pierre Lamy, inspecteur du travail, martyr de la Résistance haut-savoyarde

Cet homme, aux yeux si doux, qui n’a jamais condamné ses tortionnaires a, toute sa vie, défendu les valeurs de justice, de paix et d’humanité au service des citoyens.

C’est l’image d’un homme exceptionnellement courageux que Lionel De Taillac, ancien inspecteur du travail, évoque dans son interview :

Marié à Marthe Poitou, institutrice, Pierre Lamy a commencé sa carrière comme instituteur le 1er octobre 1929. Lors de son service militaire à Metz, il sortit sous-lieutenant de réserve après un stage à Saint-Cyr.
En 1938, il réussit le concours d’inspecteur du travail, et est nommé à Annecy

Il s’oppose au régime de Vichy.
Pendant ces années, Pierre Lamy vit une période difficile, partagé dans son rôle d’inspecteur du travail sous l’autorité du Préfet et son engagement dans la résistance à l’occupant nazi.

Le 16 août 1940, les confédérations syndicales CGT et CFTC montent au créneau et manifestent en novembre 1940 contre le régime de Vichy.

Le 1er mai 41, premier acte de résistance
Lors de la fête du travail et de la concorde instauré par lé régimes de Pétain, un groupe d’ouvriers perturbent la manifestation qui oblige le Préfet à partir.

Pierre Lamy participe activement à la résistance

En contact avec Paul Rivet, syndicaliste CFTC, Pierre Lamy se mit à sa disposition lorsque Rivet devint le responsable de Libération-Sud. Il lui fournissait des informations et transportait armes, tracts et journaux.
Lamy devient chef de l’armée secrète en septembre 43.
Gérard Métral, président de l’association des Glières rappelle le rôle central de Pierre Lamy dans le soutien logistique de la résistance haut-savoyarde :

Comme l’Allemagne a besoin d’ouvriers qualifiés, le gouvernement de Laval instaure le STO (service du travail obligatoire).

L’État étatise le travail

Dans ses fonctions d’inspecteur du travail, Pierre Lamy s’attacha à saboter le recrutement de main d’œuvre par l’Allemagne dans le cadre de la Relève puis du STO.  Seul inspecteur du travail de Haute-Savoie, Pierre Lamy, contraint d’appliquer les mesures imposées par le pouvoir pétainiste, il les freine en parcourant le département avec sa Renault pour encourager les ouvriers à fuir.

Grâce à son courage et à celui de Paul Viret, devenu son ami, ce ne sont pas plus de 2,3% des jeunes requis qui partirent réellement en Allemagne.

En 1944, ”ça sent le roussi !”

Pierre Lamy est inquiet : ”Si j’étais pris, partez-tous ! Je ne sais pas ce que je ferai sous la torture !”
Arrêté le 26 juin 44, dénoncé par un officier du 27ème, ancien résistant, dont les allemands avaient menacé de s’en prendre à sa famille, Pierre Lamy fut incarcéré dans les locaux de l’école Saint-François à Annecy avec sa femme. Les tortionnaires l’ont menacé de la torturer s’il ne parlait pas. Yeux crevés, ongles arrachés, brûlures multiples, la torture est sans limites.
Il n’a jamais parlé.

Pierre Lamy n’a manifesté aucune haine envers ses geôliers.

Auteur: gfumex

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