Odeurs ! Vous avez dit « odeurs » ? Et s’il fallait déplacer la zone industrielle de Vovray ?

La zone industrielle de Vovray s’étale sur deux communes, Annecy et Seynod. Un site, pétrolier, est classé Seveso. D’autres entreprises, depuis quelques années, de manière plus accrue semble-t-il selon les dires de riverains, envoient fumées et odeurs dans l’air.

De part la proximité d’habitations, et au-delà, on peut s’interroger sur la dangerosité de cette zone.

Nous avons rencontré ces habitantes.

Nous irons interroger les représentants des entreprises ATAR et Trigénium soupçonnées par ces habitantes d’être les responsables de ces odeurs.

Cela donnera lieu à la parution d’un prochain article dans librinfo.

Des habitants se plaignent.

Nadia, Catherine et Michèle, habitantes du quartier de Loverchy

Nadia, Catherine et Michèle, habitantes du quartier de Loverchy

Nadia Hubert-Torinesi, Catherine Hubert et Michèle Raginel, résidentes de l’avenue de Loverchy, n’en peuvent plus de ces odeurs récurrentes. « Déjà il y a trois ans, j’étais réveillée la nuit par des odeurs insupportables. Celles-ci viennent du sud-ouest. A l’époque, j’ai contacté la mairie d’Annecy qui m’a donné une réponse évasive, » explique Nadia. D’autres explications farfelues sont venues de la gendarmerie, à savoir que ça venait de l’ex camp de Roms.

« Les émanations ont une odeur de pourriture sortie de poubelles ! » Déjà en 2005, en 2009, une autre habitante a écrit à la préfecture. Graphocolor, devenue APTAR, était montrée du doigt. Donc, cela fait un moment que ça dure. « Aux odeurs de poubelles, s’ajoutent celles de fuel qui viendraient du dépôt pétrolier, » ajoutent Catherine et Michèle.

 

Nadia, Catherine et Michèle enfilent leur costume de Sherlock Holmes !

L'entrée de l'entreprise TRIGÉNIUM, anciennement TUMBACH, bien connue des annéciens

L’entrée de l’entreprise TRIGÉNIUM, anciennement TUMBACH, bien connue des annéciens

Alors Nadia et les autres mènent leur enquête. D’abord auprès de Trigénium-Tumbach. Elles ont repéré cette odeur nauséabonde (« sentie jusqu’au château d’Annecy »). On lui a répondu que des déchets verts sont récupérés et traités sur la plateforme de l’entreprise, tandis que d’autres sont embarqués pour être traités ailleurs,à  Chambéry d’après la DREAL, organisme chargé des contrôles environnementaux.

Contactée par librinfo, la mairie d’Annecy a précisé que certains sites de traitement étant fermés l’été, le stockage pourrait être accentué de ce fait.

Les trois femmes posent la question : « Trigénium ne pourrait-il pas s’ajouter à la liste Seveso du secteur ? »

 

Des fumées blanches pas catholiques

Une autre source de ces odeurs pourrait provenir de Graphocolor-APTAR. Cette entreprise envoie dans le ciel annécien des fumées de deux types : des blanches qui résultent de la vapeur évacuée, des jaunes issues de traitements à l’acide nitrique. Cette entreprise est spécialisée dans les systèmes de distribution et d’emballage (« packaging ») pour l’industrie cosmétique, fabrication de diffuseurs, traitement de surfaces en aluminium. Elle a pris feu en juin dernier. « APTAR se réclame d’avoir les labels ISO et, selon la DREAL, les cheminées ont été rehaussées en mai dernier, avec mise en place de filtres. » D’après cet organisme, le dernier prélèvement est correct. Le problème est qu’il n’y a pas de seuil. Pas de valeurs limites, mais des valeurs dites « guides ».

 

Priorité à l’économie au détriment de la santé ?

APTAR est obligée chaque année de mesurer les concentrations d’éléments toxiques dans les fumées, et la DREAL peut effectuer des contrôles inopinés. « En fait, poursuivent les personnes, il n’y a pas vraiment de normes. Il faut demeurer vigilants. Si on nous dit qu’il n’y a aucun risque, pourquoi on ne nous donne pas d’informations ? » Le site CGB consulté n’a rien révélé des résultats et analyses. Étonnant. Par ailleurs, les tests à l’origine sur les cuves n’ont pas été signés par la DREAL, faute de bons résultats. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

Nadia, Catherine et Michèle veulent passer à l’action

Elles sont, avec quelques autres, déterminées à passer à l’action, notamment auprès des établissements scolaires et crèches concernés par la proximité des ces pollutions diverses. « Que les parents se regroupent en association entre écoles, collèges et lycées. En collectif on pourrait agir mieux. » La liste est longue : IPAC, lycée St Michel, école de la Prairie, collège des Balmettes, lycée Fauré, écoles Vaugelas, Barral, Ste Cécile, lycée Gordini, école et collège St François des Cordeliers, les crèches Deux pieds, deux pouces, Île des Cinq Sens, Les Lucioles, Le Train des chouchous, Pomme d’Amour, Galipette, Babydoux, Gribouille, Mômes et merveilles.

« Les entreprises citées (Trigénium, Aptar et dépôt pétrolier) reçoivent, discutent, mais ça ne bouge pas. Si on veut être sûres qu’il n’y a pas de danger, qu’elles nous l’écrivent. »

 

Ces pollutions pourrissent la vie

Nadia en a marre : « On ne peut pas ouvrir la fenêtre ». Catherine renchérit : « Je mets une écharpe sur le nez pour aller au travail. »

Toutes ces particules fines dispersées dans l’atmosphère pourrissent le quotidien des habitants. « Nous devons alerter et pousser le maire dans ses retranchements. On ne fait rien pour réduire la pollution de cette ville. On nous fait payer plus cher sous prétexte que le lac est pur, etc. Blabla ! » s’exclame Michèle en colère.

En conclusion, elles alertent la population, notamment les parents pour qu’ils s’engagent dans ce dossier au nom de la santé de leurs enfants et la leur.

La question est posée : la zone de Vovray est-elle en sursis ?

 

 

 

Auteur: Loïc Quintin

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