Mais oui, le climat change, il suffit de regarder la nature

Après 30 années d’accompagnement en montagne, il suffit d’observer la nature en général et la montagne en particulier, pour s’apercevoir des changements et de l’évolution.

Ne confondons pas la météo avec le climat. La première se vit en quelques jours, tandis que le second demande du recul sur au moins une dizaine d’années.

 

Que voyons-nous en se promenant sur les sentiers ?

Déjà que l’hiver s’est bien raccourci. Nos anciens le subissaient du mois d’octobre au mois de mai. Puis nos moins anciens, de novembre à avril. Et dans les vingt dernières années, de décembre à mars. L’amie la neige suit bien sûr le mouvement, inséparable de l’hiver. Elle tombait d’abord début octobre, sur les sommets, puis fainéantait jusqu’à fin novembre. Enfin, il a fallu parfois attendre le réveillon, voire janvier pour qu’apparaissent des flocons en nombre conséquent. Bon cette année, elle a décidé de contredire les nouvelles habitudes en tombant haut. Mais demain, elle sera à nouveau capricieuse, n’osant plus descendre sous les mille mètres.

Les anciens croisés au fil des chemins se moquent : « Bah ! On y a déjà vu ! » Oui, monsieur le Savoyard, sauf que la rareté se répète et s’accélère au fil des statistiques. Ce qui fait se gratter les cheveux aux directeurs de stations chaque automne pour savoir si dame banche daignera décorer les pistes. Alors qu’avant, y’ avait pas de souci. Oh, certes, il y a les canons à neige, pourvoyeurs d’électricité, d’eau et perturbateurs de biodiversité. Mais ça, on-s’en-fout !

Et puis, la fée des flocons disparaît en mars, avant une rechute, mais trop tard, en avril. Les petites fleurs s’en réjouissent.

 

Tiens, à propos de petites fleurs !

N’avez-vous pas remarqué que les primevères percent de plus en plus tôt ? On en voit en décembre. Ça devient régulier. Ok, mais en plaine ! Ben non, on en a même vu à 500 m d’altitude mi-décembre 2017. Normalement, lorsqu’on feuillette un guide spécialisé, on les annonce en mars! Elles s’adaptent. D’abord sorties à l’orée du printemps, elles se sont risquées en janvier, et voilà qu’elles ont l’audace de naître en décembre. Y a plus de jeunesse !

Ceci dit, elles font le bonheur à leur tour des insectes.

 

Les mouches s’en donnent à cœur joie !

A ce sujet, vous avez-vous constaté que les mouches se baladent désormais toute l’année ? Oui, oui, du 1er janvier au 31 décembre. Ce ne sont d’ailleurs pas les seuls insectes. Des papillons ont été aperçus en février en montagne de moyenne altitude, des abeilles ou guêpes qui virevoltent encore en octobre-novembre, des petites araignées qui gambadent sur la neige, sans compter d’autres espèces qui viennent d’ailleurs, cette fois l’été, observées à mi-pente.

Les insectes, en particulier les mouches, sont les amies de nos amies les vaches. Elles peuvent de nos jours se poser sur les ruminants jusqu’en décembre par endroits. On n’arrête pas le progrès.

 

Les vaches gambadent de plus en plus longtemps dans les prés

Où est le temps où les abondances, tarines ou montbéliardes paissaient dehors de mai à octobre, et hop, à l’étable pour cinq à six mois ? Eh bien, c’est fini tout ça, puisqu ‘elles gardent le pré jusqu’à fin novembre début décembre, pour réapparaître dans l’herbe nouvelle dès mars.

Les vaches aiment profiter de la nature le plus longtemps possible. Comme la température monte – 15° en décembre dernier en moyenne montagne, 4° à 2000 m -, elles ont bien raison de profiter de la douceur…

Et on pourrait multiplier les exemples.

 

Qui doit changer ?

Voilà, le changement c’est maintenant et ça va continuer. Avec la neige qui diminue (à ce propos, tous les foyers de ski de fond qui s’activaient sous la barrière des 1000 m ont disparu depuis pas mal d’années : changement économique) et la température qui croît, qui croire ?

Pas la peine de se creuser la tête. Il suffit de savoir se poser dans la course effrénée de l’humain et au toujours plus, à la consommation irréfléchie et à l’équipement exponentiel, montagnard aussi, pour regarder la nature changer et se dire qu’on en vient.

Un jour, ça va bien être à nous de changer… sinon.

 

Auteur: Loïc Quintin

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