Mâchefers d’Aviernoz : le préfet calme le jeu mais les inquiétudes persistent

Du monde pour les mâchefers

Ce mercredi 10 octobre, dans la salle polyvalente de Groisy, les habitants de toutes les communes du pays de Filière se sont rassemblés en nombre pour s’informer des nouvelles au sujet des mâchefers d’Aviernoz. Les maires des huit communes concernées étaient présents, le président de l’ATPF (Amis du Terroir du Pays de Filière), les présidents et vice-présidents de la FRAPNA.

Les mâchefers, déchets de la discorde

M. Claude Clerc, maire d’Aviernoz, a d’abord présenté un historique de cette affaire qui dure déjà depuis 2009 : comment fut découvert alors, dans l’ancienne carrière des Lapiaz au-dessus de Thorens-Glières, un amoncellement de déchets provenant de l’usine d’incinération d’Annecy qui avait été déposé là, en toute discrétion et en totale illégalité, par les entreprises Eurovia et Mithieux.

Immédiatement les populations s’alarment de ce dépôt situé sur le cours de la rivière, la Filière, et en amont des captages d’approvisionnement en eau potable. Les mâchefers, résidus irréductibles de l’incinération des déchets, contiennent des métaux lourds (PCB) ainsi que des furanes, des dioxines, des sulfates, tous éléments extrêmement polluants. 3000 personnes habitant le pays de Filière signent une pétition pour demander le retrait pur et simple des mâchefers.

Un problème insoluble.

Mais le problème n’est pas simple. C’est 55 000 t de déchets qui sont entreposées dans la carrière mélangées à de la terre, soit plus de 100 000 t à extraire et transporter. Et pour les mettre où ? Le préfet d’Annecy (l’ancien) avait proposé de recouvrir l’ensemble des déchets d’une couche d’argile pour empêcher l’infiltration des eaux de pluie mais aucune garantie n’est fournie, dans ce cas, sur la possible remontée des eaux souterraines dans les couches de mâchefers et leur écoulement dans l’environnement.

Première expertise.

C’est pourquoi la Communauté de Communes du Pays de Filière a commandé en juillet dernier, au cabinet « Idées Eaux », une expertise hydrogéologique complémentaire. Celle-ci nous est présentée par M. Faure qui a mené l’étude. Elle fait apparaître les insuffisances de l’enquête antérieure conduite par le cabinet Burgeap et conclut essentiellement sur des incertitudes. Certes, l’eau du puits de Dollay où est puisée l’eau potable ne présente, pour l’instant, aucun signe de pollution mais l’émission de rejets toxiques et leur évolution dans la nappe d’accompagnement de la Filière sont mal cernées et les risques ne sont pas exclus.

Une bonne nouvelle ?

Devant les résultats de cette expertise et selon Christian Anselme, maire de Thorens, il s’agit d’une bonne nouvelle, le nouveau préfet d’Annecy a décidé de prendre un arrêté pour faire procéder à des études complémentaires. Le SILA devra prendre en charge les frais de ces nouvelles recherches.

Des inquiétudes demeurent.

Mais beaucoup des personnes présentes expriment leurs doutes, leurs craintes et, parfois, leur colère : cette décision n’est-elle pas une façon de gagner du temps et de justifier l’inaction ? Le nouveau cabinet chargé de l’étude sera-t-il totalement impartial ? Le recouvrement avec de la terre glaise, qui se fera de toute façon, ne rendra-t-il pas encore plus impossible le transfert des matériaux entreposés ? (On envisage, en effet, de rajouter au moins 15 000 t de terre). Enfin, pourquoi ne pas prendre immédiatement la décision de tout enlever ?

Le combat continue.

Les représentants de la Frapna, Messieurs Ferraille et Bevillard, soulèvent alors le problème plus général de la gestion des déchets irréductibles. Actuellement les déchets de haute Savoie sont transportés en Isère mais sacrifier un territoire ou un autre n’est pas une solution satisfaisante. Manifestement l’affaire des déchets d’Aviernoz n’est pas terminée. Beaucoup des personnes présentes à cette rencontre sont rentrées chez elle avec amertume et la ferme conviction que le combat doit continuer.

Auteur: librinfo74

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