L’économie … et la culture ?

Encore un débat, hier soir, entre les candidats aux élections présidentielles. De nombreux sujets y sont abordés, souvent trop superficiellement, il est vrai, mais certains aussi restent totalement absents des discussions et pas nécessairement les moins importants.

La question de la culture, par exemple, y est peu abordée ou alors en des termes qui réduisent la notion de culture soit à des problèmes encore et toujours économiques, soit à des problèmes d’identité.

Il existe effectivement des productions culturelles qui se vendent et qui s’achètent, qui s’exportent ou s’importent comme les films, les livres ou les chansons, voire qui sont objets de spéculation et s’enferment parfois dans des coffres-forts comme les tableaux de maîtres. Leurs valeurs culturelles sont parfois sans rapport avec leurs valeurs marchandes . Mais en tant que marchandises elles intéressent la société du Marché.

Pour les partisans de droite, la culture est, avant tout, ce qui nous distingue des barbares, nécessairement incultes ou, au minimum, ayant une culture inférieure à la nôtre. Nous avons entendu, hier soir, par exemple, la candidate du Front National affirmer qu’il fallait mettre des crèches (de Noël) dans les mairies pour bien affirmer la culture chrétienne de notre république et résister, ainsi, par une interprétation très particulière de la laïcité, à l’invasion des «Autres ».

Mais ce sont là des utilisations fallacieuses du mot « culture ». Celle-ci n’est ni une propriété privée, ni une arme destinée à combattre un éventuel ennemi. Et c’est pourquoi, d’ailleurs, elle n’intéresse pas la plupart des candidats.

La culture est « l’homme ajouté à la nature », disait Guez de Balzac. Et, comme aujourd’hui on assimile les lois du marché aux lois de la nature, on pourrait dire que la culture est l’humain ajouté à l’économique, ou, pour le dire autrement, que la vraie culture échappe à ce qui s’achète et se vend comme elle échappe à ce qui s’utilise parce qu’elle appartient au domaine du gratuit.

Est-il encore possible de chanter sans avoir pour but de gagner de l’argent, de peindre sans nécessairement vouloir se vendre, d’écrire des poèmes, des romans, de jouer ou de composer de la musique, de lire, d’apprendre des langues,  de danser, de s’instruire sans déposer de droits d’auteur et penser à ses bénéfices?

L’homme travaille et cela lui permet de se nourrir.

Il se cultive et cela lui permet de jouir de la vie.

La politique ne devrait pas oublier cette deuxième dimension, essentielle, de notre humanité.

Elle ne devrait pas négliger, comme elle le fait  actuellement, non seulement la culture mais aussi ce qui permet à chacun d’y accéder gratuitement.

C’est l’école, dont il faut sans cesse répéter qu’elle n’est pas faite pour satisfaire les besoins de main-d’oeuvre des entreprises mais pour former des citoyens, lesquels ne peuvent en aucun cas être confondus avec de simples « force de travail » à vendre ou à louer. Mais c’est également tout ce qui participe à l’éducation populaire, les musées, les conservatoires, les salles de concert, les maisons de la culture, les bibliothèques, les théâtres, le cinéma, les voyages et tous les lieux publics où l’on peut se parler.

Aucun véritable projet politique n’est digne de ce nom s’il ne prend pas en compte la dimension sociale de la culture comme véritable critère de la civilisation et s’il n’en favorise pas le développement.

La culture n’est pas à vendre, n’en déplaise aux capitalistes.

La culture est constituée de toutes les cultures qui se rencontrent, s’enrichissent mutuellement et s’échangent, n’en déplaise aux nationalistes.

La politique, la politique authentique, doit mettre l’économie au service de la culture et donner à celle-ci le maximum de moyens de s’épanouir, sinon, ce n’est pas de la politique mais de la gestion de masses au bénéfices de quelques privilégiés.

Auteur: librinfo74

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