La monnaie gentiane refleurit, en attendant de savourer sa liqueur

Après un passage à vide durant l’été dû à des départs du comité d’action, le temps est revenu de l’espérance en vue de l’officialisation de la monnaie au printemps 2018.

Corinne Blanchet, Nathalie Sauron-Raisin et Sébastien Gay

Corinne Blanchet, Nathalie Sauron-Raisin et Sébastien Gay font partie du comité d’action. Corinne depuis deux ans, Nathalie, un an, et Sébastien, un an et demi. Preuve que ça bouge au sein des adhérents de Gentiane.
L’idée de cette monnaie locale alternative est née début 2015. « Jusqu’en mai 2017 nous étions dans une dynamique qui nous conduisait au lancement de la monnaie début novembre. Et puis, le COMAC (Comité d’action) s’est vu amputé de membres et de soutiens, ce qui a remis en cause le projet même. »

Pourtant, ce projet était pratiquement finalisé et les objectifs atteints en juin dernier. Une possibilité de report était en vue. C’était sans compter sur le renouvellement des membres. « A part les aléas personnels de certains, les bénévoles sont restés actifs de manières différentes. »

Le 23 septembre, lors du forum des alternatives de Poisy, une assemblée générale exceptionnelle s’est tenue et l’ensemble du comité a démissionné. Le renouvellement nécessaire n’a pu avoir lieu faute de quorum suffisant. Néanmoins le débat s’est avéré riche. Le mois suivant, le 9 octobre, rebelote, cette fois avec une AG sans quorum obligatoire. De nouvelles têtes émergent, on fait connaissance et des néo groupes de travail se forment. Le groupe professionnel, 8 personnes, le groupe fonctionnement, 8, et le groupe communication, 6.

 

Expliquer, informer

 « Le travail est toujours le même, mais on souhaite encore mobiliser. L’action doit être importante en direction du public. Il faut élargir le réseau et on va s’y employer, notamment en visitant les associations du bassin annécien intéressées par la démarche. »

Toute personne ou structure qui souhaite s’informer peut le faire via les cordonnées ci-dessous, et aussi lors des permanences à la Biocoop du Semnoz, nouvelle adhérente, Aquarius Annecy, au marché de producteurs à la Chambre d’agriculture, ou encore à Bonlieu.

« Il faut expliquer, » clament les trois membres du comité d’action.

Il faut aussi des partenaires. Au titre de ceux-ci, on note la Maif, des bailleurs sociaux – les loyers seraient payés en Gentiane – , le Crédit coopératif. « Plus il y a de sang neuf, plus de visions différentes interviendront sur un projet déjà construit. »

 

Quel est le calendrier à venir ?

 La priorité est de faire adhérer les entreprises. « On peut s’inscrire sur le site jusqu’en mars. Il s’agit de passer du statut de sympathisant à celui d’adhérent. Il suffit pour cela de remplir un questionnaire pour mettre en relation leurs démarches éthique, environnementale, sociétale avec une implication vis-à-vis de la monnaie. »

En outre, le COMAC entame un travail avec le service du développement durable de la commune nouvelle d’Annecy, laquelle est partie prenante du projet. Bref, la situation se clarifie et le printemps devient de plus en plus l’échéance pour le démarrage.

On peut regretter une mise en place plutôt longue d’une telle monnaie. Réponse du trio : « C’est dans la norme. Il faut compter une moyenne de trois ans. » Pour étayer leur propos, ils invoquent les monnaies qui fonctionnent comme Le Cairn de Grenoble, L’Elef de Chambéry, ou Le Léman de Genève. « Ça prend du temps, mais on est dans la dernière ligne droite. »

 

Donner du sens aux achats

 L’optimisme est donc de rigueur et la motivation intacte. Sébastien est entré dans le collectif afin de mettre en place le projet. « Faire se rapprocher les gens quand ils commercent pour avoir d’autres relations d’humanité et de sympathie. Il faut donner du sens aux achats en lien avec les professionnels. C’est un véritable terreau. » Nathalie revient de Chambéry où elle a vu le fonctionnement de L’Elef. « Ça a été une base d’échange intéressante. En tant que consommatrice, je veux savoir où je vais, dans une démarche connue. Praticienne en médecine chinoise, je m’inscris dans une éthique en achetant local et bio. La monnaie est un plus, un moyen d’éducation et de réflexion. J’en parle beaucoup avec mes enfants, lesquels répercutent aux copains. L’aspect de l’argent est posé. » Quant à Corinne, elle veut montrer que l’on peut faire du concret dans la transition. « C’est possible autrement. L’avenir de notre planète a vraiment été déstabilisé. Il fallait donc construire quelque chose pour sauver Annecy. Beaucoup de gens se sont relevés en créant autre chose. »

Il n’est pas évident, pour ces précurseurs, de verser dans un système novateur avec dans la besace un fonctionnement classique – pour prendre une décision notamment. « Faire ensemble, c’est chouette, mais c’est compliqué. Il faut faire beaucoup de travail sur soi. »

Alors, la Gentiane attend de nombreux butineurs pour développer la monnaie. Une cinquantaine de monnaies locales existe déjà en France. La démarche s’inscrit dans la transition alternative. « C’est un mouvement, un nouveau concept qui tend à la bienveillance, vers une sorte de « convivialisme ».

 Renseignements et inscriptions : gentiane.annecy@gmail.com

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Auteur: Loïc Quintin

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