La mode est à la pauvreté.
Billet d’humeur.
La mode est à la pauvreté.
La pauvreté coûte cher, seuls les riches peuvent se l’offrir.
Si vous êtes pauvres, faites semblant d’être riches en ayant l’air pauvre, parce que si vous avez l’air d’être riches on verra bien que vous êtes pauvres.
la mode est au pantalon en jean déchiré.
Des ouvriers sont payés (très mal) pour user la toile avec du sable dans des conditions sanitaires déplorables et pour façonner des trous de telle façon que le jean soit à la fois neuf (il n’est pas question pour nos jeunes gens de mettre de vieux habits) et apparemment hors d’âge. La mode est à la pauvreté affichée comme un luxe ou au luxe de la pauvreté, car ces pantalons sont le plus souvent « de marques » et fort chers.
Ceux qui portent ces hardes de luxe, le font évidemment par conformisme et n’imaginent pas une seconde qu’en imitant ainsi la pauvreté, ils stigmatisent les vrais pauvres, ceux qui sont forcés de mettre de vieux vêtements dont les trous ne sont ni volontaires ni décoratifs ou ceux qui, par souci d’économie, s’achètent des habits neufs, les moins chers possible et qui sont déjà démodés parce que, justement, ils ont l’air neuf.
La mode a toujours eu pour but imbécile de ridiculiser les « démodés », ceux qui ne sont pas conformes, ceux qui n’ont pas les moyens, en voulant faire entendre que la pauvreté était un manque de goût (comme si être à la mode était une preuve de goût !). C’est pourquoi les esprits faibles l’adoptent, pour se convaincre qu’ils sont les « maîtres du goût » ou, dirait Gramsci, pour manifester leur appartenance à la caste dominante, sans se rendre compte à quel point ils sont manipulés par la vraie caste hégémonique qui exploite leur inconscience en les rendant ridicules et fiers de l’être.
