La grande distribution récupère le marché du bio

Le bio se développe avec une vitesse accélérée dans la grande distribution. « Leclerc » n’y échappe pas. Nous avons essayé en vain de rencontrer les responsables de Carrefour, Casino et Provencia. Seul le gérant du magasin Leclerc de Cran-Gevrier a accepté de nous recevoir.

Nous avons pu apprécier son « Fair-play »

 

Grégory Saulnier dirige cette grande surface depuis cinq mois : Le supermarché, ouvert en 1984, s’étale sur 3540 m2. Il regroupe 160 employés. Nous recevons environ 95 000 clients par mois. La clientèle provient des alentours assez larges, de toutes conditions. »

 

Local et traçabilité

Soucieux du local – la plupart des produits viennent de France -, le magasin travaille en relation avec des producteurs locaux en fromagerie (yaourts, lait, soja bio très prisés), liquides (vins), fruits et légumes, viande – « des efforts sont particulièrement effectués en ce qui concerne la traçabilité. On s’améliore avec les exigences de la clientèle. »

 

Une charte de qualité à respecter.

Du côté de la pêche, l’aspect local est tout autant pratiqué que la grosse pêche. « Nous faisons venir des poissons des lacs locaux, comme ceux pêchés par de petits pêcheurs côtiers ou des gros bateaux. En bio, le poisson est proposé en barquettes, des terrines de crevettes, provenant d’élevages, le tout étant plus que contrôlé. » Un responsable de la qualité suit scrupuleusement les produits.
La clientèle interroge parfois sur cette qualité et le contenu des produits en général. « En ce qui concerne les produits issus de la distribution traditionnelle, Leclerc travaille sur la diminution des intrants dans les aliments. »

 

Le bio multiplié par trois

Grégory Saulnier  soutient que le bio  n’est pas un effet de mode «  Je réponds à une demande en constante progression de la clientèle. 

Selon le directeur, le bio est arrivé dans la grande distribution il y a trois ans.

Chez Leclerc, il est entré plus tôt. «Il se développe. Nous venons de multiplier par trois la surface qui lui est consacrée. »
La clientèle est demandeuse de ces produits. « C’est désormais un axe de développement dans notre magasin. Nous atteignons les 100 m2, représentant 5% du chiffre d’affaires total. »
Dans ce rayon, on trouve des fruits et légumes, la DPH (droguerie, parfumerie, hygiène), l’épicerie.
« Ce n’est pas une manière de suivre la mode, mais une réelle demande de la clientèle. Certes, nous faisons du chiffre avec cette catégorie, mais qui n’en fait pas, y compris les magasins bio ? Une commission spécialisée dans le domaine opère des recherches, étudie des concepts sur le plan national. Un gros travail est réalisé en amont dans le but de satisfaire la clientèle. »
S’ajoute le respect de la saisonnalité pour les fruits et légumes. Le magasin propose par ailleurs du pain bio reçu et cuit sur place. La qualité est garantie à travers les différents labels comme AB ou Ecocert.

 

Une politique du prix bas et de la qualité sont-ils compatibles ?

Selon Grégory Saulnier, les prix, y compris dans ce secteur en vogue, sont moins élevés qu’ailleurs. « Et ce n’est pas parce que c’est moins cher que la qualité est moindre, affirme-t-il.  Cela a toujours été la politique de l’enseigne : le prix bas. » On est en droit de se demander si la politique du « prix bas », est la porte ouverte au bio « industriel » qui se développe au détriment du taux carbone et aux conditions sociales souvent désastreuses des salariés dans les exploitations de grandes dimensions ?

Conscient que le prix – bio au autre – peut être un frein à la consommation, le directeur insiste pour « proposer le maximum d’articles de qualité abordables. » Ainsi, quelque 4600 produits ont fait l’objet d’une baisse par l’enseigne. « On ne négocie pas le prix avec les producteurs : ce sont eux qui le fixent. La marge est variable, en la contenant pour satisfaire la clientèle et payer les employés. »

Alors, verra-t-on un jour, vu la progression générale de l’alimentation bio de 20% par an, celle-ci devenir majoritaire dans l’occupation de la surface des magasins de grande distribution ?

Une situation où le bio sera devenu un produit comme un autre, dénaturé de son pouvoir … « révolutionnaire » ?

 

PS : un conseil de lecture : (*) « Les dessous de l’alimentation bio », par Claude Gruffat, président de Biocoop, éditions La mer salée.

Auteur: Loïc Quintin

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