Festival TEC à St Julien, une respiration citoyenne ?

Publié par librinfo74 le 4 Fév 2025 dans Départemental, Environnement, Reportage, Santé | 0 commentaire

Le Festival TEC se déroule du 1^er au 7 février à St-Julien-en-Genevois. Celui-ci a notamment mis l’accent cette année sur la pollution de l’air, énorme défi récurrent sur le bassin Genevois comme sur l’ensemble de la Haute-Savoie, et sur les solutions qui émanent du territoire. Alors que les questions environnementales semblent ne plus être une priorité de l’agenda politique national, les solutions pourraient-elles venir du local ?

En ce samedi 1^er février, le ciel du genevois s’est couvert d’un gris opaque, comme pour illustrer les débats qui vont prendre place tout au long de la journée dans le complexe de l’Arande à St-Julien-en-Genevois. Car pour l’ouverture officielle de sa quatrième édition, le festival TEC, pour Transition Environnementale Citoyenne, a choisi comme principal thème de cette année la qualité de l’air.

L’Arande, 1er février 2025 © Camille Content

L’air « pur » de nos montagnes ?

Il faut dire que la pollution de l’air en Haute-Savoie et sur le bassin genevois n’est pas une mince affaire : alors que le bon sens populaire veut que l’on vienne respirer l’air pur de nos montagnes pour fuir la pollution des grandes villes, les bassins genevois et annéciens ou encore la vallée de l’Arve subissent de façon récurrente des pics de pollution aux particules fines, un énorme enjeu sanitaire, social et environnemental. Rien qu’en janvier dernier, la vallée de l’Arve était à nouveau en vigilance rouge aux particules fines durant trois jours, entraînant toute une série de restrictions et d’interdictions[1].

D’après les chiffres de Santé publique France, relayés par le collectif Inspire[2], 93 décès annuels sont imputés aux particules PM 2,5 et 40 seraient dus au dioxyde d’azote juste en ce qui concerne la vallée de l’Arve. La situation du bassin annécien n’est guère plus enviable car la pollution y est moins spectaculaire mais bien plus chronique, et donc meurtrière. Sur l’ensemble de la Haute-Savoie, le nombre de décès imputables à la pollution de l’air atteindrait 600 personnes, plaçant le département dans le trio de tête des plus touchés d’Auvergne-Rhône-Alpes avec le Rhône et l’Isère. Pour la qualité de l’air dans nos Alpes donc, on peut largement mieux faire.

Promouvoir les alternatives locales au tout routier

Il y a donc urgence à promouvoir largement les solutions locales pour tenter de lutter contre ces pollutions de l’air provoquées par l’industrie, l’agriculture, le transport routier et les déplacements automobiles, mais également le chauffage individuel au bois, très émetteur de particules fines[3]. C’est tout l’objet du thème principal, ou « Fil Vert » du festival TEC de cette année. Ce que nous explique Isabelle Rossat-Mignod, adjointe à la mairie de St-Julien-en-Genevois en charge de la transition environnementale citoyenne, initiatrice et cheffe d’orchestre de ce festival :

« Il s’agit de sensibiliser au mieux le public le plus large possible aux enjeux environnementaux, mais selon une approche de divertissement qui ne soit pas rébarbative. D’où la présence au festival d’une friperie, de différents Food trucks, etc. »

L’élue nous explique également l’importance de maintenir le lien avec la Suisse, sur un territoire comme Saint-Julien, comptant beaucoup de travailleurs transfrontaliers et sachant que la ville de Genève mène également un certain nombre de politiques publiques en faveur de la qualité de l’air[4].

Isabelle Rossat-Mignod 1er février 2025 © I.RM

Si le constat sur la qualité de l’air est accablant, des dizaines de solutions existent, notamment sur les mobilités alternatives contre le tout routier : augmentation des pistes cyclables, amélioration du ferroviaire, avec notamment le Léman Express, augmentation des bus, solution de co-voiturage, etc. Les visiteurs du TEC ont toute la journée du samedi pour phosphorer sur le sujet de la pollution, avec notamment Anne Lassman-Trappier, présidente de France Nature Environnement Haute-Savoie[5], comme intervenante et animatrice d’une table ronde sur le sujet.

Expositions, films, fresques consacrées à la montagne, aux déchets ou aux textiles, mais également un débat sur le sujet très controversé du futur collisionneur du CERN ce jeudi 6 février[6]… de nombreuses activités sont ainsi proposées gratuitement toute cette semaine pour le millier de personnes en provenance de St Julien et d’ailleurs arpentant les différentes salles de l’Arande.

Un festival local, ça peut paraître bien peu de choses par rapport au climat politique national actuel de reculades sur tous les enjeux environnementaux (baisse du budget de l’environnement, remise en question de l’OFB, de l’Agence Bio ou encore de l’ADEME, arrêt du plan pesticides, etc.[7]).

Mais finalement, comme l’écrivait Théodore Monod : « Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire, pour l’honneur, mais sans illusion ».

Camille Content