Extrait des « Mémoires » de Castagner, autrefois ministre de l’intérieur en France.

MICROFICTION.

« Survie du plus gros« . Statue de Jens Galschiot.

 

« La discussion fut vive ce jour-là au conseil des ministres mais l’on convint finalement que l’opinion publique n’était pas mûre en France pour une campagne d’élimination systématique des retraités ayant dépassé les 70 ans. Pourtant, tous les ministres étaient d’accord sur le fait qu’à cet âge-là, ils coûtent plus cher qu’il ne rapportent.

On décida donc de leur couper les vivres en baissant drastiquement le montant de leurs pensions tout en augmentant le prix de leurs cotisations aux assurances et aux mutuelles obligatoires ainsi que le prix des aliments et, d’une façon générale, en organisant la pauvreté de tous ceux d’entre eux qui ne faisaient pas partie de l’élite.

Nous pensions que l’élévation du coût de la vie nous débarrasserait également, à la longue, de tout les oisifs, chômeurs et autres parasites peu utiles à la croissance.

En tant que ministre de l’intérieur, j’ai obtenu du président de la république qu’une infime partie de ces inutiles, les plus valides, soit recrutée dans les forces de l’ordre afin de renforcer la répression des grèves et des manifestations qui continuaient à nous pourrir la vie à intervalles réguliers.

Nous avions pourtant fait taire définitivement les syndicats et les partis politiques de l’opposition en emprisonnant leurs meneurs, convaincus de corruption, et en menaçant tous les autres.

Ce ne fut pas difficile, avec l’aide de la presse que nos amis avaient presque entièrement achetée, de faire croire que les réticences à collaborer avec l’élite relevaient soit de la maladie mentale, soit du délit d’opinion.

Nous avions pris en cela modèle sur les Israéliens qui, depuis des décennies déjà, avait trouvé cette astuce : ils accusaient d’antisémitisme tous les opposants à leur politique après avoir qualifié l’antisémitisme de crime d’opinion. De même, nous avions élevé la critique du pouvoir au rang de haute trahison.

Suite à ce conseil des ministres du 16 octobre 2020, on put constater une amélioration de l’économie du pays. Les vieux mouraient, les jeunes, qui n’avait pas d’héritage valable, partaient à l’étranger, les réfugiés étaient beaucoup moins nombreux et les entreprises prospéraient en faisant travailler leurs employés 10 à 14 heures par jour sans les payer davantage qu’avant. C’était surtout les fabriques d’armes qui assuraient la hausse du PIB national, étant données toutes les guerres que nous entretenions dans les pays détenteurs de matières premières où les populations rechignaient à maintenir leurs traditions de misérables.

Tout aurait pu continuer ainsi sans cet imbécile de président qui, au cours d’une visite d’État dans un riche pays africain, tomba amoureux du roi et, dans un élan de tendresse, lui offrit tous ses ministres pour en faire les gardiens de son harem.

Ce fut, effectivement, un cadeau princier mais je le regrette aujourd’hui car, même si j’ai du temps pour écrire mes mémoires, j’ai du mal à m’habituer à la climatisation et j’ai tendance à m’enrhumer souvent. »

Auteur: librinfo74

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