D’OU VIENT LE SYNDICALISME ?

Répondre à cette question ce n’est pas seulement avoir une mémoire collective c’est disposer d’une grille d’analyse pour comprendre le mouvement social aujourd’hui.
Pendant presque tout le XIX° siècle le syndicalisme ouvrier n’avait pas de cadre légal puisqu’il va falloir attendre 1884 pour la loi reconnaissant l’existence des syndicats …en dehors de l’entreprise !
Depuis la loi Le Chapelier (une des premières lois républicaines) les associations ouvrières sont interdites mais même réprimées les associations ouvrières existent sous forme d’associations mutuelles ou fraternelles par métier et par localité. Elles évoluent et se transforment en Chambres Syndicales. Cette situation dure sous la République, l’Empire ou la Monarchie. Si le droit de grève fut reconnu en 1864 (Second Empire) il faudra attendre 1884 pour la loi légalisant les syndicats professionnels ouvriers  à l’initiative de Waldeck-Rousseau soit 13 ans après la répression de la Commune.

l'avenir appartient
Deux courants vont progressivement émerger :
le premier est laique, cohabitent en son sein des révolutionnaires et des réformistes, des partisans de l’indépendance syndicale et d’autres adeptes de la relation étroite entre le parti et le syndicat. Ce courant a donné naissance à la CGT historique née en 1895 et d’où proviennent les deux organisations la  CGT et la  CGT-FO. En effet ce courant a vu s’alterner scissions et réunification. En 1947 la fédération de l’éducation nationale refuse la scission entre CGT et FO et fait le choix de l’autonomie (aujourd’hui la FSU et l’UNSA en proviennent en grande partie).Ce syndicalisme n’a jamais été majoritaire (en 1914 moins de 10 % de syndiqués à la CGT) si on excepte les périodes exceptionnelles de réunification syndicale de 36 et de 45.

Le second est chrétien et naît après la publication de l’encyclique Rerum Novarum (christianisme social) par le pape Léon XIII en 1891. Cette encyclique condamne la misère et la pauvreté qui pèse injustement sur la majeure partie de la classe ouvrière tout comme le socialisme athée.Dés 1919 la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens est créée. Longtemps le syndicalisme laïque, adepte de la lutte des classes, et le syndicalisme chrétien adepte de la justice sociale et de de la coopération entre les classes s’ignoreront et parfois se combattront.
Le salariat évolue (émergence des cadres et des professions intermédiaires, arrivée des immigrés au sein de la classe ouvrière) et le syndicalisme chrétien connaît à son tour une scission en 1964 entre ceux pour qui le caractère chrétien demeure au centre (CFTC) et ceux, majoritaires, qui gomment l’aspect confessionnel ( Confédération Française Démocratique du Travail).

La CFDT conserve néanmoins ses bastions dans les régions de tradition catholique. La CGT a privilégié les alliances avec la CFDT dans la période des années 80 mais depuis le plan Juppé de 1995 l’unité d’action entre la CGT et la CGT-FO est redevenue à l’ordre du jour (Pacte de Responsabilité aujourd’hui) et  les relations avec la CFDT plus difficiles. De son côté la FSU s’est rapprochée de la CGT.
Le pluralisme syndical est une réalité aujourd’hui (dans notre panorama il ne faut pas oublier la Confédération Générale des Cadres et Solidaires).

Ce pluralisme est souvent présenté comme une cause de faiblesse du syndicalisme français. L’introduction d’une nouvelle loi sur la représentativité n’a pas réussi à réduire ce pluralisme en dépit des objectifs de ses initiateurs. Le paradoxe est que les principales organisations syndicales françaises, en dépit de leurs origines différentes et de leurs divergences actuelles, cohabitent au sein de la Confédération Européenne des Syndicats pourtant d’une orientation réformiste marquée et étroitement liée aux institutions européennes.

Jean-Pierre RICHAUDEAU

Auteur: librinfo74

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