Christian Bovier, maire-adjoint d’Annecy répond à nos questions sur le conflit des ATSEM

Pour comprendre la position de la mairie d’Annecy, nous avons rencontré Christian Bovier, maire-adjoint en charge de l’enfance, de la réussite éducative et des parcours éducatifs .

Librinfo : Qu’avez-vous fait pour augmenter le nombre d’ATSEM ?
Depuis que nous sommes arrivés à la mairie, nous avons créé trois nouveaux postes d’ATSEM pour mettre un poste par classe de moyens maternels alors qu’il y en avait qu’un demi. Avec les fermetures de classe, cela fait 4,5 poste en plus. En classe de grands, il y a toujours un demi poste d’ATSEM. Quand il y a deux classes de grands dans la même école, il y a une ATSEM pour les deux classes.

Au total, il y a 138 postes pour 141 classes maternelles, dont 14 ATSEM ”volantes” pour assurer les remplacements, ce qui suffit compte tenu du taux de 8% d’absentéisme.
C’est vrai qu’en janvier février, on est plus en difficulté.
Quand il y a une absence chez les petits, il faut vraiment la remplacer. Par contre chez les grands, cela ne me parait pas nécessaire et même cela peut interroger. Cela peut aller à l’encontre de l’autonomie des élèves. Même si on en avait les moyens, je ne pense pas que ça soit la bonne solution.


Librinfo : Toutefois, les ATSEM expliquent que leur forte pénibilité est bien supérieure à celle d’autres agents, ce qui justifie un taux d’absentéisme supérieur. Êtes-vous prêt à reconnaitre cette pénibilité ?

C’est incontestable, le travail d’ATSEM est un travail pénible pour s’occuper parfois de 25 à 30 enfants. Il y a aussi la position des enfants qui les oblige à se pencher pour être à leur niveau. Christian Bovier explique que dans la gestion des ressources humaines de la ville, des ateliers de pratique professionnelle seront organisés pour gérer cette pénibilité.

Pour répondre aux ATSEM, nous avons des éléments de réponse :
« Le premier est que la loi nous demande de respecter les 1607 heures annuelles dans toute la fonction publique. On a donc pas le choix. Toutefois on a pu réduire ce chiffre avec les heures de suggestion prévues par la loi pour prendre en compte la pénibilité. Elles ont obtenu 37 heures de moins, et sont sur 1570 heures depuis 5 ans . Elles sont bien placées. »

 

Librinfo : Cependant les ATSEM demandent de baisser encore ce nombre d’heures.

« La CFDT veut revenir à la situation d’Annecy ”historique”, c’est à dire à 1527 heures avant la fusion, sauf que cela a été renégocié lors de la fusion avec l’ancien maire, Jean-Luc Rigaut » explique Christian Bovier. « Ce n’est pas nous ! François Astorg refuse d’accéder à cette demande puisque les 1527 heures ont été négociés avec tous les syndicats. Si on l’accepte pour les ATSEM, il faudra l’appliquer pour l’ensemble des agents d’Annecy, ce qui est impossible
Il y a très peu de métiers qui sont en dessous. C’est souvent lié à du travail de nuit et du dimanche. »


Librinfo : Sur la question d’un poste d’ATSEM par classe maternelle réclamé par la CFDT, la messe est dite.

« Nous avons été très clairs. Cela ne sera pas possible pour des raisons budgétaires » déclare le maire- adjoint.


Librinfo : Avez-vous répondu à la demande des ATSEM pour vous rendre dans chaque école évaluer les besoins réels.

Oui. Lorsqu’il y a eu le mot d’ordre de grève en novembre, les élus se sont engagés à faire le tour de tour de toutes les écoles avec les ATSEM et de voir ce qui peut être amélioré au niveau matériel. Ce qui a été fait sur décembre et janvier.

« Les ATSEM on apprécié la venue sur place des élus pour se rendre compte des besoins école par école » souligne Haciba Charvin.”chaque école est différente, et certaines n’ont pas les moyens de rendre un travail de qualité”

 

Des promesses de fournitures matériel non tenues
La CFDT se dit très déçue : « À ce jour, la plupart des engagements sur la fourniture de matériel pris pendant les visites n’ont pas été tenus.”

Face à cette critique, Christian Bovier explique qu’ils sont soumis aux délais administratifs de la fonction publique qui impose des délais d’appels d’offre de deux à trois mois : « la commande a été faite pour mettre dans toutes les écoles des tabourets réglables, mais les délais administratifs et le contexte économique ont retardé leur livraison. » (…) Nous avons prévu de changer des chaises de cantine à l’intention des ATSEM », de mettre partout des « transat » pour la surveillance de la sieste et de fournir des canes pour récupérer les lits des enfants pour les ranger. Les ATSEM  auront toutes un ordinateur dédié avec une adresse et un poste téléphonique qui marche. Dans certaines écoles elles n’ont pas de table à langer, d’espace dédié pour travailler, se reposer et des espaces de rangement. Nous allons y remédier. Toutes auront un tablier et une polaire  .

 

Mise en place d’une nouvelle charte des ATSEM

Elle définit le travail des ATSEM aussi bien pour celui fourni pour la ville et l’Éducation Nationale sur le temps scolaire et hors temps scolaire. La charte est sous la responsabilité du maire mais sera signée par le service de l’éducation nationale. Elle s’applique à toutes les écoles. « Nous n’avons pas le droit d’intervenir sur les 24 heures du temps scolaire qui est de la compétence du directeur » souligne Christian Bovier. « Les ATSEM ont des heures de ménage pendant les vacances scolaires pour arriver à faire un temps plein. »


Les ATSEM sont pris en étau entre la mairie qui les emploie et la hiérarchie de l’éducation nationale.

Soumises aux directives de la direction de l’école, les ATSEM ressentent beaucoup de mépris et sont parfois utilisées pour des travaux de nettoyage non prévus dans leur contrat. Christian Bovier reconnaît avoir constaté des comportement de directeurs ou de directrices d’école qui l’ont « surpris ». « Dans certaines écoles, les ATSEM font les ateliers et tournent d’une classe à l’autre. En tant qu’employeur et ancien responsable de l’éducation nationale, je trouve que ce fonctionnement ne tient pas la route. J’interviendrai auprès des IEN du secteur dans les trois semaines qui viennent. (…) Je considère que les ATSEM ont un rôle éducatif important et  on a eu de cesse de renforcer ce rôle éducatif avec les enseignants. »(…) « Nous avons bien un responsable éducatif dans chaque école pour organiser le service des ATSEM et des animateurs.

La responsable CFDT objecte que : étant eux-mêmes des animateurs, ils n’ont aucun poids auprès des directions d’école pour faire respecter nos droits.”

Auteur: gfumex

Partager cet article :

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.