Arrestation à Paris du président de l’Association France Palestine Solidarité

Article paru dans l’Humanité ce mercredi 12 mai


C’est en sortant d’une rencontre au ministère des affaires étrangères que le président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn a été arrêté au motif de « manifestation interdite ». L’abus de pouvoir du préfet de Police de Paris, Didier Lallement est dénoncé par de nombreuses personnalités et associations.

Le président de l’Association France Palestine solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn, encadré par des policiers en tenue robocop, amené dans un fourgon et emmené au commissariat du 7e arrondissement où il a été menotté. Dans la soirée de mercredi, Antoine Comte, avocat s’y rendait. Bertrand Heilbronn était placé en garde-à-vue.

Cela se passe en France, à Paris et, qui plus est, alors que ce responsable associatif venait de sortir d’une entrevue avec un représentant de Jean-Yves Le Drian, le ministre des Affaires étrangères. La scène s’est déroulée sous les yeux ébahis des membres de la délégation qui se trouvaient avec lui les députées Elsa Faucillon (PCF) et Sabine Rubin (FI), la sénatrice Raymonde Poncet-Monge (EELV), Jean-Guy Greisalmer, de l’Union juive française pour la paix (UJFP), Pierre Coutaz pour la CGT.

Bertrand Heilbronn, en lien avec plusieurs dizaines d’associations, des syndicats et des partis politiques de gauche, avait pris l’initiative d’appeler à un rassemblement devant le ministère français des Affaires étrangères, ce 12 mai, pour dénoncer la répression contre les jeunes Palestiniens à Jérusalem et, surtout, demander à la France d’agir politiquement. Rendez-vous avait été demandé et accepté, avec le cabinet de Jean-Yves Le Drian.

Entretemps, le sang du préfet de Police de Paris, Didier Lallement, n’a fait qu’un tour. Le ministère des Affaires étrangères peut bien recevoir une délégation mais pas question d’un quelconque rassemblement. Son motif? Il considère « qu’il existe un risque sérieux que les affrontements violents qui se sont produits ces dernières heures entre palestiniens et forces de l’ordre israéliennes ne se transportent sur le territoire national et que dans ce contexte de fortes tensions, cette manifestation soit l’occasion de troubles graves à l’ordre public entre partisans de l’une ou l’autre des parties au conflit ».

C’est sans doute pourquoi la délégation dès sa sortie du métro, aux Invalides, a été accompagnée par plusieurs policiers en civil. Dans le même temps, et alors que des responsables des organisations étaient restés présents pour demander aux éventuels participants de repartir, des policiers, en tenue mode affrontement, les verbalisaient.

Le préfet Lallement n’en est pas à son coup d’essai dans la répression. Cette fois son attitude confine au danger démocratique. Selon nos informations, le ministre de l’Intérieur, Gerald Darmanin, interpellé par le plus haut niveau de la CGT se serait borné à dire qu’il n’était pas au courant. La garde-à-vue de Bertrand Heilbronn, si elle est confirmée dans les prochaines heures, confirme pourtant une acceptation de la hiérarchie policière mais également l’instrumentalisation de la justice puisque le parquet a forcément signifié une telle décision.

 

Nous publions le communiqué de l’Afps

Ce mercredi 12 mai peu avant 19 heures, le président de l’Association France Palestine Solidarité (AFPS), Bertrand Heilbronn, 71 ans, a été arrêté à la sortie du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères où il avait été reçu par un conseiller du Ministre au sein d’une délégation comprenant des parlementaires, des représentants associatifs et syndicaux.

Ironie de l’histoire : ce sont les policiers qui ont escorté la délégation jusqu’au lieu du rendez-vous, qui ont ensuite arrêté Bertrand Heilbronn à la sortie de l’entretien.

Nous exigeons sa remise en liberté immédiate !

L’AFPS avait fait une déclaration de manifestation appelant, dans le cadre du Collectif pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens, à un rassemblement de soutien au peuple palestinien.

La préfecture de Paris, de manière totalement inédite, avait interdit ce rassemblement alors que jamais il n’y a eu le moindre problème pour les manifestations que nous avons toujours organisées en lien avec les autorités.

L’AFPS avait informé par tous moyens de l’interdiction. Bertrand Heilbronn et les responsables d’associations étaient présents pour informer ceux qui se présentaient de l’interdiction et faire en sorte que les choses se passent le mieux possible.

De fait, à part la restriction de la liberté d’expression, les choses se sont passées sans aucun problème : aucun trouble à l’ordre public.

Quel est ce pouvoir qui cueille à la sortie d’un ministère le président d’une association défendant le droit et les droits humains, juste après l’avoir reçu, lui signifie sa garde à vue, le menotte à un banc à son arrivée au commissariat ?

L’interdiction de cette manifestation nous amenait à dire – ce que nous savions déjà – que la liberté d’expression et les libertés publiques sont en danger dans notre pays, mais cette arrestation nous amène à dire qu’un seuil a été franchi.

Demain, dans la semaine, la semaine prochaine, les groupes locaux de l’Association France Palestine Solidarité, aux côtés de leurs partenaires, organisent des rassemblements de solidarité avec les Palestiniens de Jérusalem, de Gaza qui sont sous le feu de l’armée d’occupation israélienne. Ce ne sont pas des méthodes dictatoriales qui nous empêcheront de le faire.

Si les inconditionnels du gouvernement israélien pensent nous faire taire et nous intimider avec de tels procédés, ils se trompent.

Nous sommes du côté du droit, ils le savent et c’est ce qui fait notre force. Nous exigeons la remise en liberté immédiate du président de notre association.

Le bureau national de l’AFPS
Le 12 mai 2020

 

 

Auteur: librinfo74

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