Alpine aluminium, la semaine de la dernière chance

Article rédigé par Colette Charlet et Gérard Fumex

Il faut espérer que pour les salariés d’Alpine aluminium rassemblés devant l’entrée de leur usine  de Cran-Gevrier, dont 100 emplois ne tiennent qu’à un fil, cette initiative ne soit pas un baroud d’honneur !

En ce 8 Octobre, devant les grilles de l’entreprise, le personnel, à l’appel de la CFDT, s’était mobilisé afin d’alerter l’opinion publique. Cela est relayé par des coups de klaxon lors du passage des automobilistes de passage devant les grilles de l’entreprise et par la grande banderole apposée.

10 Millions sont nécessaires pour rénover l’outil de travail, laissé dans un très mauvais état par l’entreprise américaine qui a fuit ses responsabilités. Pendant 10 ans les équipements n’ont pas été entretenus. La SCOP en paie les conséquences. L’explosion dans une chaine de peinture et l’accident mortel d’un salarié écrasé par un engin de manutention a provoqué l’arrêt de la production, ce qui a fragilisé l’équilibre financier de la SCOP.

Début août, l’entreprise est mise en redressement judiciaire.

 

L’attente d’un repreneur

Des lettres ont été envoyées afin d’obtenir des rendez-vous auprès des ministères et de la Préfecture. Les représentants de la SCOP ont ressenti un véritable isolement. Un grand silence a recouvert l’usine comme une brume opaque. Aucun signe de soutien du Conseil départemental, du conseil régional, des ministères.

 

Seuls des élus de Cran-Gevrier se sont manifestés, dont  la mairesse Nora Segaud-Labidi.

Nora Segaud-Labidi, maire de Cran-Gevrier, en discussion avec les salariés

Présente ce 8 octobre devant l’entrée de l’usine aux côtés des salariés, Nora Segaud Labidi regrette qu’un secrétaire d’État ou un ministre n’ait pu faire le déplacement pour montrer que le gouvernement s’attelle à trouver des solutions pour sauver l’entreprise et les emplois.

On sent une grande inquiétude chez les salariés, car le temps est court pour d’obtenir des propositions sérieuses de reprise. Pour le moment quelques petits repreneurs ont été sollicités, mais les moyens ne sont pas suffisants pour faire revivre la SCOP et donner du travail aux 100 salariés.

 

 

Un personnel attaché aux valeurs de solidarité de l’entreprise

« Ici, ce n’est pas une usine/entreprise banale explique une salariée. Il y a eu un engagement collectif de chacun, chacune. Il s’agit d’une SCOP à l’esprit de famille, où l’on a appris à se prendre en charge, « à ne pas avoir une attitude d’assisté ». On a beaucoup investi dans la formation, et par la transmission de savoirs spécifiques, car, il s’agit d’un métier dangereux.

« A l’époque où nous vivons fait remarquer une employée, on n’accorde pas les mêmes valeurs au travail. Ce sont des choses que l’on devrait apprendre dès l’école, hélas ! On est dans une société de l’immédiateté de la consommation et de l’obsolescence. »

Malgré cette mobilisation de la dernière chance, on constate une certaine désillusion pour une partie du personnel qui a préféré ne pas être présent devant l’usine. Certains salariés ont commencé à chercher du travail ailleurs car ils n’ont plus d’espoir…

 

L’entreprise est viable et le carnet de commande est plein

Selon une des correspondantes commerciales, le carnet de commandes est plein. « On a les outils de production, les clients sont en attente et demandeurs, car les produits sont de qualité et bien spécifiques. C’est pourquoi, dans l’immédiat, il y a nécessité à faire connaître plus largement ce combat, pour la survie de la SCOP. »

 

Où sont les élus ?

Des questions se posent : comment se fait-il que des élus qui avaient soutenu le projet au départ, ne soutiennent pas à long terme les salariés ?
Des cabinets d’avocats ont été contactés afin d’examiner les projets de reprise. Il s’agit de sauvegarder 100 emplois à impact local, régional et même national, car ici, ils sont les seuls à produire français et de qualité reconnue.

Il est temps de sortir de l’isolement, de recevoir l’appui du corps social. Il en va de l’avenir de ce quartier industriel de qualité. Qui a intérêt à sa liquidation ?

 

Les vautours de l’immobilier attendent que l’entreprise ferme

Des rapaces sont souvent à l’affût d’opportunités sur le dos de ceux et celles qui produisent les richesses.

Interrogée à se sujet, Nora Labidi compte s’opposer à tout projet immobilier spéculatif pour donner priorité à des projets créateurs d’emplois. Mais une mairie aura-t-elle les reins financiers asses solides pour acheter le tènement ? Pour se faire, l’agglomération, le conseil départemental, la Région, l’État devront prendre le relais.

Pour Jean-Luc Benacchio, délégué syndical CFDT « tout doit être tenté avant le 18 octobre pour trouver les 10 millions nécessaires ou un repreneur qui maintienne les 100 emplois. Plus que jamais, les citoyens doivent manifester leur solidarité ! »

Auteur: gfumex

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1 commentaire

  1. Un 2ème rassemblement est prévu le mercredi 16 octobre 2019 de 11h00 à 16h00 devant Alpine Aluminium, 74 avenue de la république à Cran-Gevrier.

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