Angela Socha et Denis Laydevant de l’association des familles : « On devrait porter plainte pour non-assistance à personnes vulnérables ».

EHPAD : Familles, syndicats, directeurs, même combat pour la dignité des résidents

La situation dans les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes) est dramatique du point de vue des moyens. Le mal couvait depuis des années. En 2018, il explose.

Nous avons recueillis les différents témoignages des familles, des syndicalistes, d’un directeur d’EPHAD.

 

Angela Socha et Denis Laydevant, Présidente et vice-président de l’AFPREA

Angela Socha est présidente de l’© (Association des familles et des proches des résidents des EHPAD du Grand Annecy). « Cela est né en 2014 dans un contexte de maltraitance importante et à travers l’EPI2A qui comprend quatre EHPAD (Annecy, Argonay, Meythet et Poisy). L’EPI2A est autonome et dépend de la fonction publique hospitalière. Nous ne sommes pas écoutés malgré notre travail d’alerte, le seul moyen qu’a une association pour se faire entendre. »

Un seul directeur et une adjointe coordonnent ces quatre établissements publics.

 

Maltraitances

Il est question d’incivilités, de soins déficients, d’abandons. Bien sûr, ce n’est pas volontaire de la part du personnel, mais, par manque de moyens, on en est arrivé à cet état. « On se bat sur les moyens depuis huit ans, et sur les dysfonctionnements que cela entraîne. »

Denis Laydevant, vice-président, et Angela Socha ont été sensibilisés à ces problèmes parce que leurs parents, alors très âgés étaient eux-mêmes résidents. « 85% des résidents sont en fauteuil. Dans l’ensemble le personnel est super, mais il a du mal à y arriver. En outre, il est plus ou moins bien formé. Résultat, des personnes âgées attendent dans les couloirs. »

Pourtant, les familles mettent leur parents en EHPAD en toute confiance. « Seulement, il n’y a pas de culture de collaboration avec les familles. »

Au nom de l’AFPREA, ils vont rencontrer M. Rigaut, président du Grand Annecy, pour lui ouvrir les yeux sur cette situation déplorable.

Il existe par ailleurs un Conseil de vie sociale qui se réunit trois fois par an. Il regroupe familles et syndicats. « Il y a un bras de fer pour que ça fonctionne. La démocratie est absente. On peut parler d’omerta sur le sujet. »

 

Depuis le 30 janvier, quoi de neuf ?

« Rien. Il ne s’est rien passé du côté du ministère. La feuille de route de la ministre n’est pas claire. On a rencontré les députées locales d’En marche, Mesdames Riotton et Lardet. Réponse : « C’est un énorme chantier. » Le déblocage d’argent annoncé est vraiment un minimum. Nous réclamons avant tout le rapport personnel-résidents de 1/1. »

L’AFPREA joue un rôle de soutien important auprès de familles de résidents d’autres établissements haut-savoyards. « On en est au point où des familles ne veulent pas donner leur nom par peur de représailles. » Et d’ajouter avec colère : « On ne considère pas les personnes âgées en France. Quelque chose ne va pas dans notre société. On devrait porter plainte pour non-assistance à personnes vulnérables. »

 

Familles en détresse

On le voit, le ressentiment est grand. Alors, la manifestation du 15 mars (*) est venue s’ajouter aux revendications avec personnels, syndicats, familles et directeurs. Ils ont pu parler de l’état des lieux.

L’association AFPREA regroupe 150 adhérents. L’EPI2A comprend 310 résidents, dont 100 sans famille. Il existe 25% de turn-over pour les résidents en fin de vie. « Il manque des places. En dix ans, aucune place supplémentaire n’a été créée sur Annecy. On revendique le 1/1, le soutien au personnel, des moyens, de la dignité pour les aînés, plus de formation pour le personnel. Des familles sont en détresse. »

Dans les EHPAD, les résidents qui « ont leur tête » parlent. « On souhaiterait que les personnels le signalent aussi. On travaille à deux aides-soignants pour deux étages, soit 80 personnes. Les problèmes sont vraiment graves. »

D’où un besoin urgent de travailler ensemble, personnel, familles et résidents.

(*) l’interview a été réalisé entre les deux manifestations

AFPREA 06 01 02 30 70

Auteur: Loïc Quintin

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