Les poules de la Ferme des Cyclamens cherchent encore plus de terrain pour pondre de beaux œufs « bio » !

C’est rare dans le coin. Une ferme produit des œufs bios à Allèves. Alors que la pression foncière est forte en Haute-Savoie et empêche les nouveaux agriculteurs de s’implanter – ou les petits de s’agrandir – Laure et Fabrice Fontaine se sont lancés dans une production d’avenir : les œufs bios. Toute une démarche de vie.

 En Haute-Savoie depuis presque une vingtaine d’années, Laure Fontaine avait ce projet en tête depuis longtemps. « J’étais fonctionnaire et j’ai remis en cause ce travail. J’ai suivi un stage de maraîchage et fait un passage dans une ferme de Gruffy pour l’élevage bovin et caprin. Je me suis aperçue que j’étais plus faite pour les animaux que pour les légumes. Je me suis donc spécialisée dans l’élevage de volailles et de chèvres. »

 

En quête de terrain

Le propriétaire de la ferme de Gruffy, Maurice Petitroulet lui a prêté le terrain au début. Le 1er mai 2013, la ferme des Cyclamens naît. Actuellement, il y un hectare de terrain près de leur maison et un hectare un peu plus loin, au pied sud du Semnoz. « Ces deux hectares sont prêtés. Il n’y a pas de bail. C’est très dur d’obtenir du terrain supplémentaire. »

Laure, surtout, car l’affaire est à son nom, et Fabrice, qui exerce dans le service informatique et industriel, en auto-entrepreneur, s’accrochent. Les banques suivent, les clients demandent. Il faut investir en abris pour les poules. « On ne souhaite pas déménager pour avoir plus de terres. » Ils ont contacté Terre de lien qui n’a pas trouvé de solution. Toujours la pression foncière immobilière et les gros agriculteurs qui accaparent les terres.

350 poules gambadent allègrement dans leur pré. Six cabanes leur servent de logis. « C’est peu. On souhaite développer pour atteindre 3000 poules. » C’est énorme ? « On peut trouver des élevages de 20 000 gallinacées. » Une poule, en bio, doit avoir un minimum d’espace : six volatiles au mètre carré en intérieur, six pour quatre mètres carrés en extérieur. En outre, une rotation de terrains doit s’opérer chaque mois, pour cause de parasites et de régénération de l’herbe. « Il n’y a pas de traitement et on respecte le bien-être animal au mieux. »

 

Production à développer

 Le bio impose une seule espèce de poules. Dans la ferme des Cyclamens, ce sont des « Isa », achetées à Nîmes chez un éleveur bio. Les poules réformées sont vendues (à partir de 7 ans). Quant à la production d’œufs, 50 000, elle est facilement écoulée. Les magasins bio et particulièrement Biocoop sont prioritaires. S’y ajoutent l’épicerie bio d’Alby-sur-Chéran, Croc’Bauges à Lescheraines, l’Amap de Balmont-Seynod, un magasin à Aix-les-Bains, le Fournil des Eparis, le Pré ombragé à Montagny et un restaurant à Chavanod. « On estime que la production est moyennement basse, les conditions d’élevage n’étant pas encore idéales. Il faudra investir dans de nouveaux bâtiments. »

 

Une Biocoop investit

 Actuellement, selon Laure et Fabrice, l’exploitation n’est pas rentable. Laure travaille à mi-temps avec un très faible revenu. Le but est que les deux vivent de l’exploitation, Fabrice à plein-temps, Laure à mi-temps. « Le projet est viable, » clament-ils. D’autant qu’une Biocoop, celle de Rumilly, les aide. Elle souhaite investir dans la société pour développer la ferme. Les gens du coin, eux, regardent… s’interrogeant sur le devenir sans encourager, y compris le maire.

S’ils atteignent leur objectif, ce qu’on leur souhaite, ils pourraient, avec 3000 poules, produire quelque 800 000 œufs par an. « Il y aurait à ce moment un choix de clientèle. Sinon, on ne respecterait pas l’éthique qui guide notre démarche. »

 

Un contrôle sanitaire rigoureux et taille humaine

 Les coûts résident principalement dans la nourriture des animaux, à raison de 70% du total. Elle vient d’une filière bio, le Moulin de Marion en Drôme et le Moulin de la Filière, à Groisy. Il faut savoir aussi que les contrôles ont lieu deux fois par an, une fois en prévenant, une fois de manière fortuite. Ce genre de contrôle n’existe que dans le bio. Laure et Fabrice ne cautionnent pas les élevages industriels et sont heureux de leur alternative. « Nous resterons à taille humaine et de qualité. »

Actuellement, le travail occupe Laure une heure par jour. La recherche de parasites (poux) et leur suppression passe, à la ferme des Cyclamens, par un insecticide naturel, la terre de diatomée. Pour le renard, la solution est un fil électrique. Et ça marche !

Le couple reste optimiste pour l’avenir. « On se donne 2018 pour réussir. Ensuite, on pourra aussi diversifier avec des légumes, des animaux divers, avec en tête l’interaction des éléments naturels. »

Auteur: Loïc Quintin

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