Centre des congrès : les Amis de la Terre demandent aux élus de redescendre sur terre

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Patricia Jarno, Présidente des Amis de la Terre

Patricia Jarno n’est pas forcément surprise suite à la décision du préfet de valider la DUP du centre des congrès sur la presqu’île d’Albigny dont la réalisation est loin d’être effective

« Je suis plutôt surprise de la proximité des deux nouvelles. Tout d’abord la ministre (Ségolène Royal) et la secrétaire d’Etat à l’environnement, après avoir été alertées par le collectif, interpellaient le préfet sur le bien-fondé du projet et sa légalité. Quinze jours après, ce dernier décide de valider. Étonnant.  Donc, on n’est pas surpris de sa décision, car on savait déjà qu’il était pour le projet en validant auparavant l’avis de l’autorité environnementale avant la DUP. Il ménage la chèvre et le chou en voyant si la loi littorale, au niveau du permis de construire, est respectée. »

Après l’épisode DUP, le feu vert pourrait être donné afin d’obtenir les terrains des sept propriétaires de la presqu’île. Lesquels refusent de partir.

« On va attaquer cette DUP », déclare tout de go Patricia Jarno. Et de poursuivre. « On avance 17 arguments pour dire que ce n’est pas d’utilité publique, parmi lesquels le coût des inconvénients supérieur au coût des avantages, et l’opportunité du projet non prouvée. Notre attaque de la DUP, partant de ces arguments, apparaît indiscutable. »

Pour la présidente des Amis de la Terre, la situation joue en leur faveur grâce aux éléments de la commission d’enquête. « Que de temps perdu ! » s’exclame Patricia Jarno. « De novembre 2010, date de la décision de bâtir ce centre jusqu’à aujourd’hui, cela fait quatre à cinq ans de travail sur le dossier. Le citoyen est pris en étau par le fait qu’il doit aider à payer les recours, plus les frais d’avocat de la partie adverse (élus), la communication sur le centre de congrès et le déficit de l’Impérial Palace. Cela fait beaucoup. Sans compter le budget qui augmente au fil des ans. »

 

   Et maintenant, mobiliser encore plus

Les Amis vont multiplier les stands afin de récolter des dons pour subvenir à tous ces besoins et alimenter la mobilisation. « On a vu une belle présence du public lors de notre manifestation au week-end du patrimoine. Les gens ne comprennent pas pourquoi le préfet a accepté. Ils sont remontés et les soutiens affluent. »

Il faut rappeler les 16 000 signatures recueillies par la pétition dont n’ont pas tenu compte les élus, et les 2574 suffrages contre pendant l’enquête d’utilité publique, restés également lettre morte.

« Comme il y a absence de concertation, ça va se jouer au juridique. Je rappelle que notre banderole a été arrachée par un élu, sous témoin, à l’issue de l’avant-dernier conseil d’agglomération. On a porté plainte pour vol. De notre côté, nous sommes irréprochables en ce qui concerne l’éthique. »

Par conséquent la DUP va être attaquée (après les recours en cours contre le SCOT, contre la délibération d’avril 2015 pour un coût 15% plus élevé de la construction). Les parties opposantes auront deux mois dès lors qu’elle sera rendue publique et après que la décision du préfet (pour l’instant seulement connue par la presse) sera publiée.

« Nous augmentons la contestation, notamment à travers une conférence gesticulée qui aura lieu en fin d’année à propos des grands projets inutiles. Et on peut empêcher juridiquement la démolition de la villa Abeille. »

Patricia Jarno, battante, et les Amis de la Terre, s’en tiennent aux faits. Elle bondit de sa chaise quand elle rapporte les faits verbaux et propos qu’elle qualifie d’outranciers de Bernard Accoyer (« Les opposants tuent la France »). « Je vais aux faits, contrairement à Monsieur Accoyer et l’absurdité de ses propos. Que les élus redescendent sur terre. »

 

Jean-Jacques Pasquier : « Les partisans du centre de congrès sont dans l’impasse »

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Jean-jacques Pasquier, élu d’opposition d’Annecy-le-vieux

Après le côté associatif, le versant politique est figuré par Jean-Jacques Pasquier, élu de l’opposition à Annecy-le-Vieux sur la liste « Plus belle ma vie », et conseiller communautaire à la C2A. Sa réaction est de surprise après la décision du préfet par rapport à la commission d’enquête qui concluait à l’unanimité de l’inutilité du projet de centre de congrès. « Le préfet passe outre avec son habilité politique. Il a réussi à manœuvrer (suite aux courriers des ministres) vis-à-vis de la loi littorale. Mais dans ses arguments, il n’y a rien. »

Ceci dit, Jean-Jacques Pasquier, le politique (PS), se défend d’avoir et de récupérer le mouvement du collectif. Il l’appuie et l’accompagne contre ce projet porté par la C2A, même si le bâtiment envisagé se trouverait sur la commune d’Annecy-le-Vieux. « Je ne vois pas comment ce projet peut aboutir, sauf par décision de justice. » Pour lui la situation est vraiment compliquée. Un recours sera donc porté contre la DUP. « Il est du devoir d’un politique qui croit à la démocratie de s’opposer en tant que conseiller à la communauté urbaine. »

 

Et avec Bernard Accoyer, comment cela se passe-t-il ?

 Lors du dernier conseil municipal d’Annecy-le-Vieux, le 17 septembre, Jean-Jacques Pasquier a eu une vive confrontation avec le maire sur ce sujet brûlant. « Comme c’est souvent le cas », ajoute l’élu d’opposition. « Je l’interpellait simplement et j’ai eu une réponse autoritaire. »

Pour l’élu de gauche, « il faudrait trouver un autre lieu pour ce centre de congrès, mais ailleurs et pas à ce prix là. » Il argumente sur le fait que les professionnels le demandent, mais, selon l’élu, « une salle d’exposition à l’Impérial ou ailleurs, et surtout pas sur la rive du lac, suffirait. »

Jean-Jacques Pasquier n’est pas dupe et affirme que « Bernard Accoyer est derrière le préfet qui a pris une décision politique. Juridiquement, administrativement et techniquement, elle ne tient pas. Le préfet se dit défenseur de la loi littorale partout, sauf sur la presqu’île d’Albigny ! »

 

Combat commun avec les associations

 « Et qu’on ne me dise pas que c’est une compromission d’être d’accord avec des personnes sur l’objectif. C’est un combat commun. Je regrette qu’on perde du temps et de l’argent ». Selon ses dires, l’ardoise doit cesser de s’alourdir en communication, études, etc. « On relaye toutes les informations des associations, mais on leur laisse le leadership. »

En conclusion – s’il y en a une un jour – Jean-Jacques Pasquier estime que « les élus sont dans une impasse et ne veulent pas faire aveu d’échec. »

Quant aux socialistes de la communauté, ils sont unanimes : « si nous étions aux affaires, le dossier serait classé. »

 

 

Auteur: Loïc Quintin

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