Alors que le ministre de l’Éducation Nationale envisage de réformer la formation des enseignants, la Cour des Comptes rendait public, en début de semaine, un référé recommandant de baisser le niveau de recrutement des futurs enseignants à bac + 3.

jusqu’à présent le niveau des concours de recrutement des professeurs, aussi bien des écoles que du collège et du lycée, se situait au moins à bac+5.

Mais :

-bien que les salaires des professeurs soient, en France, parmi les plus bas d’Europe, il est clair que l’enseignement des enfants du peuple coûte encore beaucoup trop cher car, comme on le sait, l’argent qui sert au peuple est autant de perdu pour les profits du capital.

-On peut constater que le niveau de ceux qui postulent à la fonction d’enseignant baisse, si l’on en croit les résultats des divers concours. Or, puisque le niveau baisse, autant le baisser officiellement, ce qui permettra d’embaucher des profs à meilleur marché. On ne va quand même pas se poser la question de la cause de cette baisse car on risquerait de découvrir que, si le niveau baisse, c’est déjà parce qu’on néglige la formation des enseignants et parce que ceux qui ont une bonne formation préfèrent se diriger vers une carrière moins ingrate. On a calculé qu’au niveau actuel de recrutement, un professeur gagnait à peu près 72 % du salaire auquel il pourrait prétendre dans le privé.

-« Qui veut tuer son chien, l’accuse de la rage ». De même, qui veut détruire le service public d’enseignement, l’accuse d’inefficacité. Or, il est facile pour des gouvernements à la solde des puissances d’argent de négliger le service public d’enseignement pour inciter les parents à préférer l’école privée à l’école publique.

L’école publique est obligatoire jusqu’à 16 ans et gratuite. Il est normal que dans une société libérale, l’école soit  payante. Il va de soi, dans ce contexte, que la meilleure école sera la plus chère et que, à défaut de mesurer les capacités d’un élève, elle rendra compte de la fortune de ses parents. C’est ainsi que l’on sélectionnera les bons reproducteurs de l’ordre inégalitaire.

Cela fait maintenant un bon moment que la presse du pouvoir dénigre le corps professoral et répand l’idéologie du mépris de tout ce qui représente la culture parce que, autrefois, la culture populaire pouvait être synonyme d’humanisme et de respect de TOUS les autres humains. Cette culture-là doit être détruite, elle ne sert pas les intérêts de la classe dominante. La classe dominante n’a que faire de ces « soldats de la République » qui enseignaient la morale et le « tu ne voleras pas » et qui incarnaient des valeurs différentes de celles du marché.

Plus les élèves des milieux modestes seront négligés plus on aura de facilité à les faire voter Macron ou similaire, voire à les faire élire députés de LREM (beaucoup d’entre eux, en effet, brillent par leur incompétence et leur inculture.)

Baisser le niveau de l’éducation nationale serait un crime contre l’humanité car l’humanité s’apprend, pas seulement à l’école mais à l’école surtout et surtout à l’école publique où les enfants se rencontrent sur le strict terrain de l’égalité devant le savoir et l’acquisition des compétences.

C’est ce que je voudrais dire à M. Blanquer (ministre de l’Éducation Nationale), en visite actuellement au lycée Baudelaire à Cran-Gevrier, pour préparer les Jeux Olympiques du fric et du spectacle au lieu de s’occuper de l’École en péril.