Tué dans les règles de l’art ?
Suite à la mort de Rémi Fraisse, tué par une grenade offensive des gendarmes, le Ministre de l’Intérieur avait, d’une part, annoncé la fin de l’usage des grenades offensives utilisées systématiquement jusque là et d’autre part demandé une enquête administrative.
Le résultat de cette enquête conclut qu’il n’y a pas de « manquement aux règles juridiques, déontologiques et aux règles enseignées au maintien de l’ordre« . Cette enquête a été présentée devant la Commission des lois de l’Assemblée Nationale le 2 décembre dernier.
Cette enquête interne menée par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale n’offre pas de garantie de pluralisme : le préfet du Tarn, son chef de cabinet, des officiers et sous-officiers ont été entendus…L’institution accuse les manifestants d’être responsables de violences. Toutefois le rapport reconnaît deux cas de « manquement à la déontologie » de deux gendarmes qui ne concernent pas la mort de Rémi Fraisse. C’est à dire que deux sanctions limitées pourraient être prises contre des gendarmes sur des violences annexes. Sur la mort de R. Fraisse l’auteur du tir mortel aurait d’abord regardé avec des jumelles nocturnes avant de tirer dans un secteur réputé inoccupé.
QUI EST RESPONSABLE ?
La responsabilité directe de celui qui a tué Rémi Fraisse est indéniable et de tous les membres des forces de l’ordre qui ont fait un usage injustifié de leurs armes (selon des informations 237 grenades, 41 balles de défense, 38 grenades F4 et 23 grenades offensives auraient été tirées).
Ce n’est pas la première fois que les forces de police et de gendarmerie se livrent à des violences injustifiées contre des manifestants. Cela n’entraîne pas la mort d’un manifestant à chaque fois fort heureusement. Le fait que dans ce cas précis les gendarmes aient agi sur ordre ne suffit pas à les exonérer.
Mais la responsabilité ne se limite ni aux gendarmes, ni même au préfet du Tarn, il y a indéniablement une responsabilité politique du Ministre de l’Intérieur et du gouvernement tout entier.
Le préfet du Tarn, les forces de gendarmerie ont obéi à des instructions venues d’en haut qui, bien sûr, n’ont pas ordonné de tuer un manifestant mais qui ont ordonné de prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la contestation sur le terrain à l’encontre du projet de barrage de Sivens.
En faisant ce choix les plus hautes autorités de l’Etat ne peuvent s’exonérer de leur responsabilité.