Selon Stéphane Espic, nous sommes dans une société néo-fasciste

Les mots sont rudes, provocateurs, dans la bouche de Stéphane Espic, qui s’est fait remarquer lors des manifestations violentes des Champs Élysées. On lui reproche des dégradations de permanence LREM et divers outrages qui lui ont valu 170 heures de garde à vue . Pour lui, la politique ultra-libérale imposée par l’Union européenne s’apparente à du « néo-fascisme ». On rejoint ainsi les théories développées par Asselineau* et Étienne Chouard.

 

Stéphane Espic, présent à la manifestation contre l’extrême droite du 12 juin à Annecy, interpellé par des syndicalistes

Il revendique une « défense de rupture »

Pour Stéphane Espic, la violence vient des forces de l’ordre qui ont utilisé d’emblée des méthodes répressives sur des manifestants qui revendiquaient pacifiquement le droit à l’expression.

Stéphane Espic, identifié comme « chasseur alpin », avec son teeshirt jaune et son béret « tarte » du 27ème BCA, se dit « le robin des bois européen : « Faire sortie le loup du bois ! Voler la riche commission européenne pour donner au pauvre conseil de l’Europe ce que l’Union Européenne a volé aux peuples, le rendre aux peuples par la Cour européenne des droits de l’Homme ».

 

Qui manipule qui ?

Stéphane Espic refuse radicalement le qualificatif  « d’extrême droite », se réclamant être un « gaulliste de gauche, favorable à une société de justice sociale où le peuple aura la parole avec l’installation d’une 6éme république.

Dans cette période de confusion totale, où les réseaux sociaux deviennent les seuls points de repère pour s’informer, sans qu’il existe un véritable débat pouvant accepter des contre-arguments, on peut lire tout et son contraire, ce qui alimente la confusion. Tout est sur le même plan : mensonge ou vérité. C’est la cas du site catholique traditionaliste complotiste d’extrême droite « Pro fide catholica »de Laurent Glauzy, qui relaie une vidéo d’un gilet jaune demandant la libération de Stéphane Espic, arrêté par la police en mai 2020. Un site antisémite, anti IVG, qui explique que nous sommes sous la domination d’un complot mondial juif.

 

La récupération du mouvement des Gilets jaunes par l’extrême droite

Stéphane Espic a une analyse très personnelle de la présence de l’extrême droite, comme le R.N qui serait manipulée par le pouvoir macroniste.

En réponse, on pourrait se demander si l’extrême droite n’utilisent pas le mouvement des gilets jaunes pour déstabiliser le pouvoir.

Stéphane Espic a toujours répondu favorablement aux demandes d’interview sur des médias de la fachosphère. Reconnaissons que le fait de s’exprimer sur ces médias ne fait pas de Stéphane Espic un militant d’extrême droite, mais s’il estime lutter contre ses idées, il pourrait éviter de s’y exprimer leur donnant ainsi de l’audience.

La liste « Union essentielle » aux Élections régionales sur laquelle se trouvait Stéphane Espic, a obtenu au premier tour des élections régionales 0,65% sur la Région  et 0,57% sur la Haute-Savoie.

Stéphane Espic, sans son béret ni son maillot « Chasseur alpin, présent à la Préfecture le 20 juin,  s’exprime sur librinfo :

* François Asselineau a été mis en examen pour harcèlement et agressions sexuelles sur des jeunes membres de son parti

 

Auteur: gfumex

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1 commentaire

  1. Pour aller plus loin sur le sujet , une analyse pertinente de Jacques Fradin entre autre …
    QUI EST
    FASCISTE ?
    lundimatin
    Macron ou son supposé adversaire
    désigné comme fasciste ?
    Jacques Fradin – paru dans lundimatin#215 (lundimatin-215), le 4 novembre 2019
    « Depuis quelque temps, et sur le thème
    du retour aux années 30, se développe un
    débat sur le fascisme. Précisément,
    posant les questions : qu’est-ce que le
    fascisme ? Ou, qui est fasciste ? » Jacques
    Fradin nous fait part de son analyse sur le
    sujet en rejetant les approches qui
    traitent le fascisme comme une
    possibilité à venir ou événement du
    passé. Selon lui : « Le fascisme est
    toujours présent, non pas comme
    possibilité dystopique et à venir, mais
    comme état toujours présent toujours
    agissant. » De Macron à l’économiste
    Pierre Cahuc en pasant par Guillaume
    Pepy, il s’agit alors de comprendre « qui
    est fasciste ? » et comment le fascisme
    opère, ici et maintenant.
    Très récemment Médiapart a consacré une
    série d’articles à ce sujet :
    Les signaux faibles du fascisme, Joseph
    Confavreux, 18 octobre 2019 ;
    Et un Entretien avec Robert Paxton,
    Mathieu Magnaudeix, 30 octobre 2019.
    Inutile de présenter Robert Paxton, qui a
    beaucoup apporté pour que l’on comprenne
    le fascisme à la française (voire La France
    patrie du fascisme), ce fascisme qui a fini
    par être agrégé, dans l’État Français, mais
    qui dépasse de loin cet épisode, comme le
    montre l’Affaire Papon.
    L’ouvrage de Paxton, Le Fascisme en
    Action, Typologie des mouvements
    fascistes, est, pour nous, aussi important
    que sa participation à l’ouvrage collectif
    sous la direction de Michel Dobry, Le
    Mythe de l’Allergie française au fascisme.
    Deux ouvrages récents relancent un débat
    plus ancien :
    Enzo Traverso, Les Nouveaux Visages du
    Fascisme ;
    Et, très récent : Ugo Palheta, La Possibilité
    du Fascisme.
    Nous allons ici tenter de faire
    comprendre, ou simplement entrevoir, que
    le fascisme n’est pas une simple possibilité
    à venir, mais qu’il est déjà là, et, sans doute,
    depuis un long temps déjà ; non pas une
    possibilité, mais une dimension
    souterraine de ce qui s’auto-désigne
    « démocratie ».
    Mais pour ne pas avoir à rivaliser avec des
    ouvrages savants et longs, nous
    n’examinerons qu’une question explosive :
    Macron est-il fasciste ?
    Ou, pourquoi peut-on affirmer que Macron
    est fasciste ?
    « Macron le fasciste » sera l’hypothèse que
    nous testerons.
    Et, pour effectuer ce test, nous allons
    devoir transformer l’analyse du fascisme.
    D’abord en passant de
    l’historiographie, la notion de fascisme
    étant la propriété des historiens, à la
    théorie.
    Ceci n’étant pas une nouveauté (pas du
    tout), puisque les émigrés allemands aux
    États-Unis, les émigrés juifs allemands,
    mais pas seulement, après 1935-1940,
    émigrés qui se sont donné pour mission,
    pour vocation, de comprendre le fascisme
    (et sa forme extrême, le nazisme), ces
    émigrés intellectuels (philosophes ou
    écrivains) ont eu la (mauvaise) surprise de
    découvrir que les traits analytiques qu’ils
    posaient comme étant caractéristiques du
    fascisme (violence institutionnelle ou
    légale, idéologie matraquée par une
    propagande quotidienne, racisme ou
    xénophobie, respect formel de l’État de
    droit, démultiplication de la surveillance
    voire des services secrets de police ou
    autre, etc.), ces traits idéaux étaient, le
    moins qu’on puisse dire, pertinents pour
    décrire ces États-Unis, qui se proclamaient
    (propagande) la meilleure des
    « démocraties ».
    Analyse structurale : pas question de dire
    que tel ou tel chef (style Trump) était
    populiste, démagogue, menteur, etc., mais
    nécessité de dire que la structure politique
    (dont nous venons de résumer les traits
    caractéristiques) des dites « démocraties »
    était analogue à celle des pays dits
    fascistes.
    On doit se souvenir des combats
    idéologiques des années 60 : on devrait
    savoir que la critique de la société des
    États-Unis (avec ses Républicains), de
    l’Allemagne Fédérale (d’Adenauer) et de la
    France colonialiste (de Mollet à De Gaulle),
    après 1945 et jusqu’à 1968, était une reprise
    de l’ancienne analyse du fascisme produite
    par les émigrés allemands aux États-Unis.
    Et disons le fortement : si l’analyse actuelle
    du fascisme est si limitée (à une
    historiographie rigoriste) c’est parce que
    nous nous situons dans un moment contre
    révolutionnaire (au moins proto-fasciste, le
    fascisme ayant toujours partie liée à la
    révolution comme son négatif) où tout est
    essayé pour effacer « le communisme », de
    la Libération à 68.
    Car si le fascisme est un anticommunisme,
    il n’est qu’un petit élément
    de cet anti-communisme.
    Pour quelqu’un de la génération de
    68 et de la critique de l’Allemagne
    d’Adenauer ou de la France de De Gaulle,
    ceci, que le fascisme est un descriptif
    adéquat de « la démocratie », ceci était une
    évidence partagée par tous les groupes
    communistes combattants ; évidence qui
    sera théorisée par le couple discipline /
    contrôle et par l’idée de société de contrôle.
    Il faut absolument lier le fascisme au
    contrôle ; même si le fascisme historique
    expérimental ne disposait pas des moyens
    techniques de surveillance dont dispose
    désormais la plus banale des
    « démocraties ».
    Et pour réveiller les mémoires atrophiées
    par 40 années de contre révolution, ne
    renvoyons qu’aux études essentielles sur
    « la personnalité fasciste », ne renvoyons
    qu’à Reich ou à Marcuse ; plutôt qu’à
    Hannah Arendt, plus à la mode en notre
    sombre époque réactionnaire (au moins
    proto-fasciste).
    Que signifie ce passage de l’historiographie
    étriquée, descriptive, typologique, atteinte
    par le fétichisme du passé (à ne surtout pas
    déplacer) – l’historiographie est un socle
    indispensable, mais combien insuffisant –
    que signifie ce passage de l’historiographie
    à la théorie politique ?
    En partant des traits principaux qui
    décrivent le fascisme historique, en posant
    que les modèles idéal typiques de ce
    fascisme sont la France, l’Espagne et le
    Portugal, en déflatant l’Italie, à l’origine du
    nom, et surtout l’Allemagne nazie, nous
    découvrons vite que ces traits n’ont rien
    d’exceptionnels et qu’ils décrivent un
    ensemble de réalisations, ensemble qui
    s’est prolongé bien après guerre, après la
    défaite supposée (et surtout proclamée) du
    fascisme. Parlons de l’Espagne ! Mais
    parlons aussi de l’Allemagne Fédérale, de
    la France (de l’amnistie des
    « collaborateurs » et de l’amnésie d’État,
    toujours Papon) et des États-Unis
    protégeant le « sudisme », la forme locale
    du fascisme.
    Nous renvoyons toujours à ce qui était sens
    commun vers 1965 et la guerre du Viet
    Nam.
    Ces traits caractéristiques (violence
    institutionnelle ou légale, idéologie
    matraquée par une propagande
    quotidienne, racisme ou xénophobie,
    respect formel de l’État de droit,
    démultiplication de la surveillance voire
    des services secrets de police ou autre, etc.)
    permettent de décrire une histoire longue
    contre-révolutionnaire ou anticommuniste.
    Si la société se caractérise par la
    guerre civile permanente, non pas la guerre
    de tous contre tous, mais ce qui était,
    autrefois, justement vers 1965, nommé
    guerre de classe, si l’État se maintient par
    la guerre civile et, donc, maintient la guerre
    civile, la maintient, la tient, la contient,
    l’agite comme menace, comme opération
    coloniale (dragonnades et carnages) qu’il
    peut à tout moment déclencher sans
    déclaration, pouvoir d’exception, alors
    l’éther politique est celui du conflit civil
    violent et l’histoire politique suit les
    méandres de cette guerre permanente, plus
    ou moins froide ou chaude.
    La violence est à la base de l’ordre, de la
    mise en ordre.
    Et ceux qui réclament l’ordre d’abord,
    l’obéissance avant, justifient les violences.
    Violences modulables depuis la menace,
    jusqu’à l’intervention policière et judiciaire
    et jusqu’au déferlement, état de siège, état
    d’urgence, couvre-feu, etc.
    La violence, donc, qui semble un trait
    caractéristique du fascisme est bien
    partagée ; ne citons que les grandes dates
    de l’histoire française : 1848, 1871, 2018.
    L’écrasement de la Commune de Paris lors
    d’une opération militaire de style colonial
    (sous le regard des occupants allemands)
    n’est-ce pas déjà du fascisme ? Et qui
    permet la république !
    Comme l’Espagne est un royaume restauré
    par la grâce de Franco !
    La violence légitime de l’institution (qui
    cherche à se maintenir), voilà le socle du
    fascisme, voilà ce qui rend le fascisme
    insubmersible.
    Glissons alors vers le milicien qui prétend
    réprimer au nom du droit, au nom de l’État
    de droit.
    Évidemment toute répression est
    légale (par construction auto-justifiée :
    circularité de la violence étatique). Mais
    cette légalité n’a aucun autre sens que
    celui d’une domination sans cesse à
    réassurer ; et la constitution des faisceaux
    fascistes de miliciens n’est qu’une
    réassurance parmi d’autres, sans doute de
    dernière instance (au sens
    psychanalytique mobilisé par Althusser –
    l’inconscient « démocratique » ou
    républicain).
    L’amour de l’ordre et de la discipline ; l’idée
    qu’il est impossible de vivre sans ordre,
    impossible de vivre sans ! Le légitimisme
    foncier d’anciennes cibles des missions
    religieuses : voilà le terreau de l’autorité, de
    l’autoritarisme, de l’ordre républicain et de
    toute dictature.
    C’est l’esprit foncièrement anti-démocrate
    ou a-démocrate, à la fois des oligarchies
    ploutocrates et de leurs obligés (les
    citoyens obéissants), qui est à la source du
    fascisme ; l’esprit militarisé des
    personnalités grégaires (en mal
    d’agrégation).
    Deuxième trait caractéristique du
    fascisme, mais bien partagé par tous les
    régimes d’ordre, de droite ou de gauche : la
    légitimation et la propagande, la
    légitimation par la propagande.
    Le gouvernement autoritaire, ou à tendance
    autocratique monarchiste ou
    technocratique, énonce toujours que son
    action, discipline, répression, contrôle, est
    légitime. Et cette légitimité s’appuie sur un
    immense appareil de propagande ;
    appareillage dont l’objectif est de faire
    croire que l’ordre établi est le seul possible
    (TINA crie l’appareil).
    Le pouvoir est d’essence religieuse : il
    repose sur la croyance, sur des rituels, des
    défilés, des habitudes – cela vaut pour
    n’importe quel pouvoir, républicain ou
    fasciste.
    Nous savons que le Second Empire de
    Napoléon le Petit, une des sources vives du
    fascisme, avait théorisé l’usage de la
    propagande, l’usage de « la presse libre ».
    Propagande qui pouvait marteler que
    l’Empereur, ou n’importe quel roi
    républicain, était ÉLU, était l’élu ! Était le
    représentant légitime désigné par
    l’élection et confirmé, si besoin, par
    référendums.
    En camouflant la technique électorale,
    charcutage, choix biaisés, et toujours le
    matraquage publicitaire (qui peut dépenser
    le plus gagne !) : les slogans !
    Penser par slogans, par mots d’ordre (sous
    le titre : tout le monde doit comprendre !),
    empêcher toute réflexion, pratiquer
    l’enfumage, le mensonge désinhibé,
    contrôler la pensée, ne voilà pas un trait
    bien commun dont le fascisme n’est qu’un
    révélateur, le révélateur du mode commun
    de gouvernement par l’interdiction de
    penser (autrement que ne le décide le
    gouvernement, l’économie obligatoire par
    exemple), mode commun hérité des
    théocraties ; la haine de la pensée qui
    soutient la haine de la démocratie.
    Arrive alors un troisième trait
    partagé : le mensonge, le bagout
    publicitaire (à la Trump), le secret, le
    bidonnage ; regardons l’empilement des
    « lois » (scélérates) pour protéger le secret :
    n’est-ce pas une échelle pour accéder au
    fascisme ?
    Et qui dit secret dit services secrets ! Quelle
    république se passe d’une surveillance
    style RG : de l’information nécessaire, diton
    !
    Ou se passe d’un empilement de services
    (tous plus secrets les uns que les autres) de
    surveillance ?
    Un signe indubitable de la pénétration
    générale de l’esprit fasciste est bien
    l’accoutumance à la surveillance ;
    n’importe quel vigile peut exiger une
    fouille complète ; ne parlons même pas des
    aéroports et de la paranoïa qui y règne.
    La paranoïa ! Trait de personnalité fasciste
    (qui dicte la xénophobie ou le racisme à la
    Sarkozy) ; trait caractéristique de la société
    américaine.
    Qui s’inquiète de la surveillance
    électronique universelle (style NSA) ? Ou
    s’interroge sur le développement des
    logiciels d’espionnage et des startups
    dédiées ? Ou des caméras à
    reconnaissance faciale ? N’est-ce pas du
    fascisme technicisé ? Surveillance
    totalitaire, Stasi, aurait-on dit !
    Et pourquoi ce qui est visiblement un
    héritage, que l’on a fait fructifier, un
    héritage direct des régimes expérimentaux
    de surveillance globale – le fascisme
    historique doit être considéré comme un
    régime expérimental, comme une
    expérience qu’il a fallu corriger mais
    jamais rejeter, les gouvernements dits
    démocratiques héritant d’un savoir-faire
    inoubliable – pourquoi cet héritage n’est-il
    jamais considéré pour ce qu’il est :
    violence, peur, terrorisme d’État ?
    Parce qu’un voile de mensonge (et
    d’ignorance et de propagande) transforme
    notre vision brute des actes de violence, de
    surveillance ou de mensonges éhontés, en
    regard Disney, nous devenons des
    « somnambules » guidés par des voix
    enjôleuses.
    La prétention démocratique !
    Nous sommes en démocratie !
    Et ce mensonge martelé agit comme une
    drogue hallucinante.
    Mais quel « conducteur » n’est pas élu ?
    Voire est l’élu !
    Quelle dictature ne résulte pas d’élections
    ou ne s’appuie pas sur des élections ?
    Y a-t-il des États sans droit ? Sans État de
    droit ?
    Même l’intervention la plus arbitraire se
    légitime d’un droit !
    Qu’est-ce qu’une justice indépendante ?
    Les juges nazis n’ont-ils pas été
    reconduits ? Comme les policiers français
    lors de la grande amnistie (qui conduisit
    les maquisards résistants, terroristes, en
    prison, après « la libération » !)
    Existe-t-il des actions policières illégales ?
    Ou hors la loi ? Et de quel droit parle-t-on ?
    Il faut un vaste régime néo-religieux,
    réactivant les plus infantiles soumissions
    (à une religion de tradition familiale), pour
    permettre ce somnambulisme : toute
    république (qui se prétend démocratique)
    comme tout régime d’ordre (plus ou moins
    durci) exigent des légions de somnambules
    (des zombies !) – le légitimisme sans
    pensée, voilà une clé du fascisme et de tout
    gouvernement ; l’interdiction de penser, le
    dressage intellectuel, la lutte contre la
    culture critique, voilà une autre clé
    commune.
    Résumons : dans une série de textes
    estivaux, pour agrémenter le pastis à la
    plage, nous avons introduit le concept de
    DESPOTISME [1].
    Le Despotisme recouvre des formes
    variables et diverses de gouvernement :
    De ce qui se prétend démocratie ou
    république, etc., république monarchique
    autoritaire ou technocratique et glissant
    vers le policier sécuritaire ;
    Puis la quasi dictature, avec l’État
    d’Urgence permanent, jusqu’au fameux
    fascisme des historiens.
    Il faut donc parler en termes de despotisme
    incluant le fascisme comme un état de ce
    despotisme ; mais il faut parler de la
    république de la même manière, comme un
    état du despotisme.
    Ce qui permet de dire : le fascisme n’est pas
    une possibilité à venir, c’est une actualité
    permanente, un état du despotisme,
    despotisme qui est le régime évolutif et
    variable dans lequel nous sommes jetés.
    Les formes variables du despotisme ne
    sont pas exclusives ; toujours la discipline
    soutient le contrôle, avec des mélanges
    opportunistes : un gouvernement dit
    démocratique d’extrême centre peut
    soudainement se transporter à la droite
    extrême en ressuscitant les techniques
    fascistes, les milices par exemple.
    Les états du despotisme, république
    parlementaire, technocratie, état de police,
    peuvent se convertir les uns dans les
    autres, les uns avec les autres, selon
    l’opportunité et les circonstances ; une soidisant
    démocratie peut devenir du jour au
    lendemain un état policier, et ce, par la
    grâce d’un gouvernement « de gauche »,
    d’un gouvernement « socialiste »,
    mollétisme appliqué ! Ou blairisme
    d’opportunité !
    Et de telles mutations internes, plus ou
    moins accélérées, peuvent se produire sans
    que personne n’y voit goutte ou n’y trouve à
    redire. La prégnance du fascisme est telle
    que tout esprit démocratique (ou de
    résistance) est pulvérisé. Le mouvement
    récent, dit de dé-démocratisation, vers
    l’autoritarisme sécuritaire est à la fois bien
    documenté (lire Wendy Brown) et, en
    même temps, ignoré, dénié.
    Disons alors, pour insister :
    Entre la soi-disant démocratie ou la
    république ploutocrate avec ses
    technocrates corrompus, et le dit fascisme
    historique, il n’y a pas de différence de
    nature, il n’y a qu’une différence de degrés
    dans le chemin vers l’autoritarisme.
    Ce ne sont pas les fascistes désignés par le
    pouvoir, en un geste fasciste, qui menacent
    (dans l’à venir), ce sont les technocrates
    armés (et enfermés dans leur idéologie) qui
    non seulement menacent mais exécutent
    (aujourd’hui).
    Il n’a jamais existé, sauf moment
    révolutionnaire, de démocratie véritable.
    Et c’est l’insurrection de ces moments
    démocratiques, car il n’y a de démocratie
    que par l’insurrection [2], qui explique la
    réaction contre-révolutionnaire,
    l’amplification des moments
    révolutionnaires « communistes »
    conduisant au durcissement de la
    répression, des ratonades coloniales à
    l’extermination militaire et au fascisme.
    Au fascisme comme état interne du
    despotisme, non pas comme possibilité
    externe.
    Le noyau du fascisme est à trouver dans
    l’anti-communisme ; mais cet anticommunisme
    caractérise toutes les formes
    possibles du despotisme et, donc, n’est pas
    spécifique au fascisme. Ce noyau fasciste
    est bien commun aux dites démocraties
    parlementaires autant qu’aux régimes
    militaires de redressement moral.
    Comme ce qui caractérise le despotisme
    est le rejet dégoûté de toute démocratie (ou
    de toute forme insurrectionnelle) il est
    normal que l’on retrouve partout, dans tous
    les états du despotisme, la lutte contre la
    démocratie ; qui se confond avec la lutte
    contre le communisme.
    Alors Macron est-il notre nouveau
    Franz von Papen ? Ou notre nouveau
    Thiers ? Qui n’a pas besoin du fascisme (au
    sens ordinaire), qui peut même prétendre
    le combattre, tout en adoptant une posture
    autoritaire technocrate racialiste, parce
    qu’il est habité par la foi révolutionnaire
    (de la révolution conservatrice), parce qu’il
    est porteur d’une idéologie générant la
    violence.
    Macron est donc un fasciste, disons un
    pétainiste. Seulement déguisé !
    Si le terme fascisme est peut-être
    adapté à un point de vue descriptif
    historiographique, c’est la désignation du
    mouvement révolutionnaire (conservateur)
    par lui-même, mais le cas espagnol devrait
    servir de modèle plutôt que le cas italien, il
    n’est plus pertinent d’un point de vue
    analytique.
    Il faut alors parler du despotisme
    économique, du capitalisme comme
    régime de domination politique, avec
    l’ordre de l’entreprise au centre, on peut
    parler de ploutocratie.
    Et le fascisme n’est pas une possibilité à
    venir de ce despotisme ; il en est une
    dimension intégrale, dimension enfouie
    qui se révèle opportunément lorsque ce
    despotisme quitte les eaux tranquilles de la
    servitude sans résistance, lorsque le
    despotisme (« de droit divin ») se sent
    menacé.
    État de siège, État d’urgence, État
    d’exception, article 16 de notre constitution
    chérie, qui sont autant de dimensions
    dictatoriales, fascistes, mais cachées,
    cependant bien présentes, activables à la
    commande.
    Pour le dire autrement : si un groupe
    désigné comme fasciste par des
    adversaires (aussi fascistes que ceux qu’ils
    dénoncent) arrivait légalement (par les
    méthodes électorales ordinaires – ce qui
    impliquerait un contrôle de l’information,
    ce contrôle que détient le gouvernement en
    guise de clause de no entry), arrivait
    légalement au pouvoir, il n’aurait rien de
    spécial à faire, que de mettre en oeuvre les
    ressorts autoritaires du despotisme, rien de
    spécial à faire que de copier ce qui se
    pratique communément, de la désignation
    des préfets à la désignation des juges.
    Et, peut-être, au lieu de trouver un contrôle
    serré de l’éducation et de l’information
    d’abord dans un sens favorable à
    l’entreprise (culture économique
    d’entreprise) nous pourrions trouver un
    contrôle de l’éducation dans un sens plus
    conservateur religieux, plus évangélique ou
    baptiste – mais c’est plutôt un mélange de
    culture d’entreprise (néolibéralisme) et de
    culture conservatrice (républicaine) que
    nous devrions trouver, Blanquer pouvant
    parfaitement servir de pont.
    Si l’on veut, et pour simplifier à
    l’extrême, posons que le despotisme est
    notre « matière », ce dans quoi nous
    sommes incarcérés : le régime politique de
    l’économie dominante avec ses règles
    irréfragables de compétition,
    d’individualisation, de division (politique
    du travail), d’efficacité, le réalisme
    capitaliste [3].
    Cette « matière » présente des états :
    les états de la matière : le parlementarisme
    croupion, la dite « démocratie » (encadrée,
    surveillée, enfermée, humiliée), la
    technocratie (le gouvernement de « la
    caste »), l’autoritarisme (lorsque Noske se
    réveille en Castaner (ou castagneur), après
    un long sommeil dogmatique), la dictature
    d’un état d’urgence, le fascisme (avec
    milices, vigiles et bandes de « gros bras »).
    Les états de la matière ont tous pour
    fonction de protéger & défendre les règles
    économiques (ou la propriété, comme on
    disait autrefois – l’épargne placée et qui
    doit rapporter).
    Ces états ne sont pas exclusifs les uns des
    autres ; au contraire, ils peuvent se
    superposer en couches : la matière est
    feuilletée ; et les feuilletages ou les
    couches peuvent s’interpénétrer ; on
    parlerait d’une métaphore géologique.
    Les couches sont toujours présentes et en
    mouvement permanent : elles peuvent se
    mélanger, ou l’une, passagèrement
    (opportunément), peut supplanter les
    autres et les renvoyer au fond (effet d’un
    article 16).
    Ainsi le fascisme est-il toujours présent,
    non pas comme possibilité dystopique et à
    venir, mais comme état toujours présent
    toujours agissant.
    Macron se présente comme un rempart
    face au fascisme (attribué aux concurrents
    qu’il veut disqualifier). Il tente ainsi de
    verrouiller l’avenir : n’est-ce pas une bonne
    méthode fasciste (moi ou le chaos, moi ou
    la terreur, moi ou la ruine, etc.) ?
    Et cela, de plus, est une « opération de
    com » ! De la bonne propagande à
    l’ancienne, relayée par des réseaux
    contrôlés ! Nouveau trait fasciste : le
    contrôle de l’information, le mensonge !
    La censure à l’ancienne qui réapparaît
    brutalement, à mesure que l’atmosphère se
    charge. Posons alors la question :
    Qu’est-ce qui distingue un
    gouvernement bourgeois (des patrons, des
    propriétaires ou des financiers) répressif,
    autoritaire puis militarisé, style Monarchie
    de Juillet et sa descendance républicaine,
    toujours Thiers, gouvernement dont le
    credo est : ordre & obéissance (aux lois de
    l’économie), dont ce credo est l’expression
    d’une idéologie, d’une croyance (relire
    Stiglitz, cité en note 3), celle du
    « développement économique libéré »
    (enrichissez-vous), idéologie armée qui
    peut se dire « révolutionnaire » [4] : tout le
    pouvoir aux entrepreneurs pour la
    croissance illimitée et pour le bien de tous
    (de nouveau, lire la critique exhaustive de
    cette idéologie, de ce mensonge religieux,
    de l’hypocrisie ploutocrate, par Stiglitz),
    qu’est-ce qui distingue un gouvernement
    autoritaire des capitalistes (gouvernement
    allumé à l’idéologie), qu’est-ce qui
    distingue une ploutocratie offensive et un
    gouvernement fasciste (converti au
    néolibéralisme, style brésilien [5]) ?
    Qu’est-ce qui distingue une
    monarchie républicaine, avec ses tics de
    courtisanerie, avec un monarque
    intouchable (déifié comme guide suprême),
    avec une censure autocratique, et des
    milices armées, monarchie comprenant
    l’impossibilité de mettre en cause la
    définition économique de l’ordre (où l’ordre
    est supposé être égal à la démocratie),
    qu’est-ce qui distingue cette monarchie
    d’un régime à idéologie obligatoire
    (toujours celui de l’économie) ?
    Qu’est-ce qui distingue le directeur
    Blanquer d’un quelconque agent des
    services ?
    Qu’est-ce qui distingue le plus ancien
    « diviser pour régner » (à la base de la
    présente république) de toutes les
    stigmatisations spécifiques (comme le
    racisme et le racisme anti-pauvres – les
    sans dents !) et de la criminalisation
    permanente de tous les stigmatisés ?
    Là où apparaît toujours un bouc émissaire !
    Là où chacun peut se dire : ce n’est pas moi
    qui suis visé, je ne suis pas concerné, ni
    pauvre, ni chômeur (assisté ou welfare
    queen), ni cheminot, ni gilet jaune, ni
    indigène, ni musulman, ni femme indigène
    pauvre (et voilée), etc. Le trait
    caractéristique des régimes fascistes : la
    fracturation sociale, l’indifférence de
    protection. LA PEUR.
    On retrouve, en plein république, la plus
    vieille méthode de la stratification sociale,
    avec des épargnés indifférents (les
    épargnants, les bobos des villes
    impériales), des ploutocrates heureux qui
    impulsent la ségrégation (comme outil
    économique de l’efficacité), et les ennemis
    à abattre.
    Indifférence, repli, individualisation,
    atomisation, guerre à la pensée critique,
    nouvelle censure (par l’argent),
    reconfiguration de l’enseignement en
    dressage économique.
    L’observation de la révolution contrerévolutionnaire,
    du redressement
    économique par la violence (se rappeler
    l’affaire des lois travaille – nous arriverons
    au dogmaticien Pierre Cahuc un peu plus
    loin), l’instauration du « risque partagé »,
    l’arbitraire, l’incertitude légale pour les
    classes inférieurs, tout ce qui soulève
    l’ahurissement des esprits sains, tout cela
    désigne une guerre sauvage menée par des
    revanchards (sarkozystes – Macron et la
    commission Attali).
    Alors qu’est-ce qui distingue cette guerre
    sociale, cette guerre civile CONDUITE par
    des technocrates à l’idéologie armée et
    RÉALISÉE par des milices brutales aux
    ordres (les forces de l’ordre), qu’est-ce qui
    distingue cette guerre de classe (contre les
    nouveaux Canuts ubérisés) CONDUITE par
    des prophètes hallucinés, reprenant le plus
    vieux chant du « don de soi », de la
    certitude et de la vérité, qu’est-ce qui
    distingue cette destruction systématique
    de la violence fasciste ?
    Limitation du droit de grève, limitation du
    droit syndical, limitation du droit de
    manifester, dictature de « la
    représentation » (disqualification de toute
    autre voix), puis (don de dieu) guerre contre
    le terrorisme, ébauche d’un pouvoir
    militaire dictatorial menant la guerre
    (conte le terrorisme) à l’infini, etc.
    Où trouver la spécificité du fascisme ?
    Il y a déjà, maintenant (et pas dans l’à
    venir), une extrémalisation de tous les
    traits autoritaires que recèle tout régime
    dit démocratique mais à ordre économique
    obligatoire ou imposé. Encore une fois,
    pour parler du fascisme supposé
    extraordinaire, limite ou tendance
    cependant irrépressible, il faut d’abord
    parler du despotisme commun.
    Macron est peut-être libéral, au sens
    économique, certainement pas au sens
    politique – c’est un technocrate
    narcissique – il n’est certainement pas
    « démocrate » : son libéralisme est antidémocratique
    (comme tout libéralisme
    économique).
    Macron n’est pas un bouclier qui
    protégerait du fascisme, c’est un versaillais
    autoritaire qui joue de la PEUR, manipule la
    PEUR, comme la peur du fascisme
    fantasmé (puisqu’il est déjà là !) pour mieux
    cacher la pulsion autoritaire (et infantile)
    qui mène le gouvernement Macron à droite
    toute et vers la droite la plus extrême
    (toujours le conseil sarkozyste de
    « braconner » dans les terriers les plus
    glauques du racisme).
    S’il y a donc une « possibilité du fascisme »,
    elle se tient, armée, devant nous, dans la
    bande des technocrates allumés.
    Rappelons que dans le monde pétainiste
    français (notre modèle du fascisme) – en
    1940 comme en 2015, il y a deux groupes
    pour faire fonctionner ou tourner ce
    fascisme à la française (de tradition très
    ancienne, thermidorienne anticommuniste,
    toujours 1848 et 1871),
    l’extrême centre thermidorien de la
    technocratie économique acoquinée au
    monde patronal (patrons, patronages,
    guides, conducteurs, entrepreneurs, etc.) et
    la droite extrême milicienne de la lutte
    armée (contre l’ennemi intérieur,
    aujourd’hui l’indigène, le musulman, etc.).
    Et pour tenir ces deux forces énergétiques
    (de la dynamo pétainiste) il faut un bouc
    émissaire, un ennemi désigné par l’autorité
    (religieuse) supérieure.
    Républicains (marcheurs au pas) et
    Nationaux (de la chasse au bouc), loin de
    s’opposer, constituent une unique machine,
    d’abord une machine à produire du mirage :
    celui de l’opposition entre démocrates et
    fascistes !
    Républicains et Nationaux profitent à part
    égale de cette gigantesque illusion.
    Le style de « choix électoral » (cuvée
    2017 à renouveler) entre un technocrate
    pétainiste et un milicien agité par la
    revanche coloniale, tous deux également
    néolibéraux mais avançant masqués pour
    un carnaval raciste (démagogique), le
    « choix » entre deux engrenages d’une
    unique machine de destruction, ce
    « choix » (évidemment truqué) doit être
    refusé : DÉSERTION, partir au maquis,
    recours aux forêts, rejet de la fonction
    « citoyenne ».
    La lutte contre le fascisme implique
    donc le rejet de l’économie, la sortie de
    l’économie.
    Autant que l’économie est la puissance
    agissante (matérielle, idéologique,
    dogmatique), est l’infrastructure du
    despotisme (dont le technocratisme et le
    fascisme milicien ne sont que deux états
    imbriqués).
    Le nouveau pétainisme (à deux pôles,
    technocrate + milicien) exige la fuite en
    avant productiviste et repose sur cette fuite
    (il vend du bonheur consumériste). Mais il
    manipule, en arrière-plan, la peur,
    l’angoisse, l’épouvante, le cauchemar
    dystopique du MANQUE, des restrictions,
    du contingentement, du retour au
    rationnement.
    L’économie ne tient, malgré les
    inégalités fantastiques (qu’il faut dénier :
    voilà un objet pour le racisme, la
    dénégation offensive), que par le mirage de
    la consommation croissante, le mirage de
    la croissance retrouvée (que Stiglitz chérit
    encore).
    Mais comme ce dilemme : croissance
    nécessaire (pour maintenir l’ordre)
    croissance impossible (pour raisons
    écologiques), comme ce dilemme est
    « disruptif » ou est lourd d’insurrections, le
    capitalisme doit se militariser, passer à
    l’état fasciste, n’accepter aucune
    contestation (surtout aucune contestation
    de l’ordre économique) [6].
    Et, en particulier, mobiliser ses
    idéologues, comme l’économiste de cour
    Pierre Cahuc, le père sous X de la loi
    travaille. Bien sûr les courtisans (ou
    conseillers occultes) constituent des
    bandes ; à Pierre Cahuc il faudrait rajouter
    Philippe Aghion et, plus, peut-être, un
    proche de Macron, Marc Ferraci, préposé à
    la surveillance de la DRH Muriel Pénicaud.
    Néanmoins nous résumerons cette bande
    sous le nom CAHUC.
    L’économiste Pierre Cahuc, en tant
    qu’économiste « scientifique », est un
    idéologue du retour au servage [7], le travail
    ubérisé, comme « solution » au problème
    du chômage ; après tout, il n’y a pas de
    chômeurs dans un système esclavagiste de
    STO ! Et voilà la grande découverte : il n’y a
    plus de chômeurs lorsque le droit de
    protection du travail (et des travailleurs) a
    été aboli, lorsque tout chômeur DOIT
    travailler sous peine de mort, par
    suppression de toute allocation,
    rémunération, etc. Il n’y a plus de chômage
    lorsqu’il n’est plus possible d’établir une
    différence entre chômage et misère
    mortelle.
    Le STO, n’est-ce pas une invention
    fasciste ?
    Le retour aux Misérables et (encore =
    modernisation) à la Monarchie de Juillet, le
    cadre des Canuts et des Misérables, n’estce
    pas l’objectif grandiose de l’économiste
    de cour, qui ne jure que par « le travail sans
    qualité », les livreurs fliqués et exploités,
    qui ne jure que par le travail abstrait
    concrétisé !
    Si la bourgeoisie à l’ancienne moralisait en
    clamant : tout travail mérite salaire, la
    nouvelle bourgeoisie fasciste crie : tout
    salaire exige n’importe quel boulot
    merdique (même les bagnards sont nourris,
    quel désastre !).
    Bien sûr, nous pouvons dire que
    l’économiste Cahuc (et en tant
    qu’économiste « scientifique ») est un fieffé
    réactionnaire (qui vise le retour à la grande
    époque bourgeoise du 19 siècle !). Mais
    l’économiste Cahuc n’est-il pas plutôt
    fasciste ? Autant que le fascisme reposait
    sur la soumission totale, sur « les contrats
    de mission » comme forme de soumission,
    sous missions pour sous hommes ?
    STO mon amour !
    Posons alors au chevalier de la science
    (nobélisable après le prophète Jean ?) un
    problème un peu plus compliqué que celui
    qu’il a l’habitude de traiter (Cahuc ne
    traitant que des problèmes réduits
    idéologiquement : les salariés ne sont pas
    des êtres humains mais de lignes de
    compte).
    Supposons que le travail ait deux
    dimensions et pas seulement une seule : la
    e
    quantité, l’emploi, et la qualité, la
    démocratie au travail et le travail comme
    producteur de démocratie. Supposons que
    nous n’acceptions pas le réductionnisme
    quantitatif (le nombre et le compte) qui
    oblitère tous les raisonnements
    économiques, et ceux de Cahuc en
    particulier : combien d’emplois de livreurs
    ubérisés ?, et que nous placions la qualité
    du travail au-dessus de la quantité
    (renvoyons à Stiglitz, ouvrage cité en note
    3, pour plus de détails).
    Qualité du travail : travailler dans un
    collectif démocratique d’auto-organisation
    ou, au moins, de participation aux
    décisions – conseils d’administration qui
    ne seraient plus réservés aux
    « propriétaires ».
    Qualité du travail : le rejet du despotisme
    d’entreprise, fondé sur le pouvoir des
    « actionnaires », comme élément décisif de
    la démocratie (politique) et du refus du
    despotisme global – qui commence
    toujours au travail.
    Alors, Monsieur le Chevalier Cahuc, quelles
    « règles » préconiseriez-vous pour assurer
    « le plein emploi », plein emploi consistant
    en travail démocratiquement organisé ou
    en travail d’impulsion de la démocratie
    (sortie du despotisme) ?
    Voilà un problème plus difficile que celui
    qui consiste à gérer un état lamentable, en
    considérant (implicitement ou pas) cet état
    comme indépassable (toujours TINA,
    toujours la structure hiérarchique
    considérée comme « naturelle »).
    Le problème que se pose à lui-même le
    Chevalier Cahuc, sous l’ordre de ses
    maîtres despotes, celui de la simple
    quantité d’emploi, à état hiérarchique
    donné, quelle que soit la qualité, ou même
    avec une qualité dégradée (cette
    dégradation supposée nécessaire pour
    assurer « le plein emploi ») et faisant
    tendre le travail vers le servage (toujours
    les Canuts) en maintenant l’ordre
    despotique, avec la peur & l’obéissance, ce
    problème réduit est une caricature.
    Il est désolant que des personnages
    « instruits », formés dans les écoles et les
    universités ouvertes, se soient transformés
    en idéologues esclavagistes (« sudistes ») !
    Dira-t-on que Macron est « intelligent » ?
    Certainement pas, lui qui a utilisé « sa
    formation » pour devenir une sorte de
    réincarnation tardive (et démodée) de ce
    que le néolibéralisme propose de pire –
    aucune invention, aucune imagination,
    aucun travail d’innovation – la
    « révolution » proposée n’étant qu’une copie
    sans âme, rédigée par une intelligence
    dévoyée ou corrompue. Macron est la
    caricature du « bon élève » (et peut-être pas
    le gendre parfait !).
    Et la corruption des oligarques (de la caste)
    s’étend à leurs employés, aux chevaliers de
    la science – pour résoudre des problèmes
    simplistes, quelle « intelligence » faut-il ?
    Le Chevalier Cahuc « cherche » l’emploi qui
    conforte l’ordre despotique, avec la PEUR
    comme aiguillon.
    Allez, donnez-vous de la peine, autoentrepreneurs,
    investissez dans des
    camions, des food trucks !
    C’est pourquoi nous pouvons dire : comme
    son patron, Cahuc est un fasciste, pétri de
    méchanceté, incapable d’invention. Il ne
    pense qu’en termes d’obéissance par la
    peur, en termes d’ordre par la violence.
    Au lieu de se perdre dans des débats
    historiographiques (pour faire plaisir aux
    maîtres), la question du fascisme aurait dû
    être très simple : c’est la question de l’ordre,
    de la hiérarchie et de l’obéissance, de
    l’ordre à réaliser par tous les moyens,
    essentiellement violents, du licenciement
    facilité au jeu des milices et à la justice
    expéditive (pour les plus pauvres ! – le cas
    Sarkozy pouvant servir de contreexemple
    !), moyens dont l’objectif est de
    susciter la PEUR, fermer les esprits (y
    compris, par contagion, ceux des
    chevaliers et de leurs maîtres), empêcher
    toute pensée, ne parlons même pas de
    pensée critique !
    Revenons aux pensées sûres des années
    1960 !
    Pourquoi l’ordre et l’obéissance, son ombre,
    devraient-ils venir avant tout ?
    Regardons l’opportuniste Guillaume Pepy,
    le plus médiocre, qui cherche à imposer la
    casse violente, décidée au château, qui
    cherche à anéantir toutes les structures de
    défense des salariés pour transformer ces
    salariés en travail abstrait , comptable,
    évaluable, négociable (sur un futur marché
    avec des esclaves en vitrine).
    Comme tout bon fasciste ne doit-il pas
    mettre en scène la fable du « bouc
    émissaire », du « protégé », du « planqué »,
    qui devrait être ramené au pas commun de
    la servitude commune et envoyé au front
    (de la privatisation) dans des bataillons
    disciplinaires ?
    Quelle est la différence entre « un gros
    bras » milicien qui tabasse à mort des
    manifestants ou des émigrés, tous les
    nouveaux ennemis désignés, et Guillaume
    Pepy « la petite frappe », le casseur
    institutionnel qui met à mort, par
    opportunisme, pour la carrière, et avec
    indifférence, et en toute sûreté ?
    Le premier représente une violence
    individuelle (mais qui est toujours
    incorporée, constituée en corps de
    violence) qu’il est, peut-être, facile de
    combattre corps à corps ; mais le second,
    dans toute sa faiblesse physique voire
    maladive, représente la violence
    institutionnelle, la criminalité en col blanc,
    l’espace mafieux des gouvernements,
    violence diffuse qui ne peut être combattue
    qu’en se démultipliant aux différents
    niveaux qui organisent les institutions :
    combattre le pouvoir exorbitant des
    entreprises et de leurs chefs, combattre le
    pacte mafieux enregistré dans l’idéologie
    technocratique, ne pas hésiter à mettre en
    cause les capacités personnelles [8].
    Si Cahuc est un faux scientifique mais un
    vrai dogmaticien, c’est parce que son esprit
    a été mal éduqué ; si Guillaume Pepy est un
    personnage sartrien, un salaud, un pur
    agent criminel d’une bande mafieuse, c’est
    parce que l’impunité, la sûreté de pouvoir
    faire n’importe quoi, lui a « donné une
    grosse tête », si grosse qu’il ne peut plus la
    porter.
    Voilà ainsi une phénoménologie
    limitée du gouvernement « démocratique »
    qui mène à l’incapacité de distinguer entre
    la répression républicaine et la répression
    fasciste. Différence de degré seulement (et
    parfois).
    Contrairement à ce qui a pu être écrit, il n’y
    a pas « possibilité du fascisme », il y a
    présence constante du fascisme comme
    ombre, support, compagnon indéfectible de
    la dite démocratie du parlementarisme
    ploutocrate.
    Si donc le fascisme est un adversaire, plus,
    un ennemi (dans la guerre civile
    permanente), il n’est ennemi qu’autant qu’il
    est un état mobilisable du despotisme
    économique.
    [1] Qu’est-ce que le Despotisme économique ?
    LM 203, 6 août 2019, LM 204, 16 août 2019, LM 205,
    23 août 2019, LM 206, 9 septembre 2019.
    [2] Renvoyons à notre texte, L’Insurrection des
    Gilets Jaunes, LM 192, 21 mai 2019.
    [3] En compléments de notre série, citée à la note 1,
    renvoyons à :
    Mark Fisher, Le Réalisme Capitaliste, qui peut se
    lire comme une reprise actualisée des thèses de
    l’École Critique (les Allemands émigrés), un
    descriptif des nouveaux systèmes de contrôle, en
    insistant sur le contrôle de la pensée et de
    l’éducation – point n’est besoin d’un fascisme à
    l’ancienne pour exécuter le projet fasciste de la
    surveillance (néo-théologique ou néo-théocratique),
    un gouvernement néolibéral technocrate y suffit
    bien, enfermé dans ses dogmes idéologiques.
    Et sur l’assaut contre « la classe ouvrière » ou contre
    les travailleurs, sur la volonté de briser toute
    résistance et de pousser à l’adaptation forcée (à
    l’économie) :
    Gérard Filoche, Macron ou la Casse Sociale ;
    Romaric Godin, La Guerre Sociale en France ;
    Enfin le nouvel ouvrage de Joseph Stiglitz, Peuple,
    Pouvoir et Profits, peut se lire comme une analyse
    détaillée, sur le cas des États-Unis, de la guerre
    sociale et de ses objectifs économiques ; guerre
    civile qui met en oeuvre les trois piliers du
    fascisme : la violence, souvent armée, la destruction
    systématique de l’éducation ou l’assaut contre la
    culture, la « révolution » (conservatrice) ou l’action
    impulsée par l’idéologie, la croyance.
    Le livre de Stiglitz parle de Trump le démagogue ;
    mais les analyses peuvent s’appliquer sans
    difficulté à notre guide national.
    De plus, il convient d’étudier la critique, que mène
    Stiglitz, grand économiste keynésien, socialdémocrate
    à l’ancienne, la critique de la dogmatique
    néolibérale (de l’économie de l’offre) ; la pensée
    économique néolibérale (Reagan, Thatcher),
    adoptée par les nouveaux sociaux-libéraux
    (Mitterrand, Blair, Hollande), est déconstruite
    comme simple idéologie, mythologie ; la mythologie
    directrice (de la révolution conservatrice) étant,
    peut-être, le trait fasciste par excellence de cette
    « révolution » contre révolutionnaire.
    [4] Renvoyons au célèbre ouvrage de Macron,
    Révolution, qui reprend (sans le savoir ?) le thème
    archi-usé de toutes les droites (« révolutionnaires »),
    de toutes les droites fascistes ; car « la révolution »
    de Macron (« la modernisation » des élites
    pétainistes) est évidemment une révolution
    conservatrice, une rétrovolution.
    [5] Notre article, Fascisme ou économisme ultra :
    nous voulons les deux, LM 164, 8 novembre 2018.
    [6] Nous avons traité cette question extensivement
    in La Voie Pauvre, LM 186, 9 avril 2019.
    [7] Pierre Cahuc est un idéologue du retour au
    servage, comme tous les économistes
    « scientifiques » (libéraux, néolibéraux, ultralibéraux),
    comme son collègue, plus prestigieux,
    Jean Tirole ; lire Le Prophète de la Soumission, LM
    114, 24 septembre 2017.
    [8] Pour aller plus loin sur cette question de la
    violence, sur cet engrenage qui lie « démocratie » et
    fascisme, voir notre article, Violence légitime ou
    légitime défense, LM 168, 7 décembre 2018.
    Jacques Fradin (Jacques-Fradin) Économiste anti-économique,
    mathématicien en guerre contre l’évaluation, Jacques Fradin mène
    depuis 40 ans un minutieux travail de généalogie du capitalisme.

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