Sara Mendez témoigne du terrorisme d’état en Argentine et en Uruguay de 1976 à 1983

En partenariat avec l’ADCH (Association de diffusion de la Culture Hispanique) et la Turbine, auquel s’est aussi associé notre média, fut projeté, en ce vendredi 7 Octobre, le film argentin de Luis Puenzo : « L’Histoire Officielle » en présence de Sara Mendez qui traversa  cette tragique époque.

Comme de nombreuses jeunes mères séquestrées et torturées, on lui arracha son bébé alors âgé de 20 jours et pendant de longues années, elle resta sans nouvelles de lui.

Commence alors, un long chemin pour pouvoir le retrouver.

Peu de personnes savent ce qu’elles ont enduré et en particulier les jeunes. Les membres de l’ADCH ont eu le souci de les faire venir en cette soirée. La salle de la Turbine était pleine et l’on a dû refuser du monde. Il est vrai qu’une première rencontre/sensibilisation avait eu lieu au printemps dernier, au lycée Berthollet,  avec les lycéens du bassin annécien et des Mères de la Place de Mai dont Sara Mendez (d’origine uruguayenne mais enlevée en Argentine). Occasion à nouveau de comprendre les évènements et connaître la vérité, de se questionner, de dialoguer.

Ce film de 1984, récompensé au Festival de Cannes pour son interprétation féminine fait émerger de nombreux pans de l’histoire sud-américaine. Pourquoi cette série de coups d’état violents, dans cette partie Sud du continent. Et l’on pense alors au Brésil, au Chili, en Uruguay, au Paraguay, en Argentine… Plus de 30 000 disparu(e)s en ce dernier pays, dont des enfants, des milliers de personnes séquestrées et torturées clandestinement…

Ordre et répressions barbares

Mais qui a permis à ces tortionnaires et militaires d’agir ainsi? Qui sont-ils? Pour quels intérêts? On le sait maintenant, derrière se cache le Plan Condor au service des États-Unis. En Argentine, il y a beaucoup d’analogies à établir entre les différents coups d’état qui se succédèrent depuis les années 30. Il s’agit de servir les intérêts économiques évidents et transnationaux du capitalisme, punissant les classes populaires qui souffraient et se rebellaient, les empêchant de vivre dignement, censurant les médias, suspendant les libertés syndicales et politiques pour instaurer la terreur.

Alors quel fut le combat des Mères et Grand-Mères?

Elles recherchèrent ensemble et sans relâche qui étaient les mandataires  de cette ignoble répression. On le découvre dans le film où une grand-mère finit part retrouver sa petite-fille enlevée et remise à un couple bourgeois à qui on a fait accepter la « version officielle ». Mais, il arrive que les mensonges s’effondrent et c’est ici le cas. Et il arrive aussi que les bourreaux nient et s’enfuient. Devant le courage opiniâtre de ces Mères et grâce à un tel film; d’année en année cela permet de faire entendre l’Histoire de ces disparu(e)s, d’affronter les tortionnaires, car nous sommes tous et toutes des personnes historiques. Elles veulent connaître les faits, démonter les liens pervers, débusquer les parents adoptifs parfois complices des enlèvements. Ce fut un chemin ouvert sur ces « années de sang » (selon Rubén Naranjo défenseur des Droits de l’Homme, à Rosario). Longue bataille pour obtenir réparation, car, les gouvernements qui se sont succédés depuis 1983, n’eurent pas la volonté qu’il y ait de réels procès. On freina pour rechercher les militaires et  dont certains avaient pris la fuite, agissaient depuis l’étranger. On créa un climat d’intimidation en vers ceux qui pouvaient témoigner, il y eut des lois d’amnistie pour empêcher de poursuivre les investigations.

Quarante années ont passé…

La reconstruction des victimes est douloureuse et longue. Même si grâce à des photos, à la banque ADN permettant l’identification, la solidarité; on a pu retrouver des enfants. La commotion est forte nous confie Sara Mendez. Des « Museos de la Memoria » se sont construits, pour laisser trace et écrire pour de vrai l’Histoire des Disparu(e)s. Ils et elles ne se tairont jamais.

Auteur: Colette CHARLET

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