Roger Gaillard : un militant discret connu de tous

Roger Gaillard est mort brutalement samedi 2 janvier au matin sur le marché boulevard Taine à Annecy
Militant infatigable pour les droits de l’homme, la défense des demandeurs d’asile, la lutte contre l’échec scolaire en tant qu’enseignant, il était reconnu de tous comme un homme de paix, non violent, respectueux de la parole de l’autre, attaché à trouver les mots qui rassemblent afin de combattre l’injustice sociale et la précarité.
Sa disparition suscite une grande émotion dans tous les milieux confessionnels, mais surtout au sein des mouvements laïques, associatifs, syndicalistes et politiques de gauche.

Roger était un des piliers du « JOURNAL » qu’il vendait le samedi matin sur le marché Boulevard Taine à Annecy

Roger gaillard a été inhumé en fin de matinée au cimetière des Îles d’Annecy, après une bénédiction à l’église Sainte Bernadette.
La personnalité immense de Roger a permis à ses filles, Thérèse et Marie, son petit-fils Simon, et à ses très nombreux amis et camarades venus l’accompagner, de vivre un moment intense de recueillement et de témoignages.
Ce premier texte, lu au début de la cérémonie, retrace cette vie d’un militant discret connu de tous.

roger

Roger est un homme dont la vie fut belle et extraordinaire, lui qui pourtant se déclarait appartenir au « petit peuple », aux gens de peu.

Après le bac, et deux années en Fac de lettres, Roger s’engage dans la carrière d’enseignant. Cinq années comme instituteur remplaçant le mènent de petites écoles en petites écoles de Haute-Savoie. Vallorcine sera son premier poste. Militant chrétien, il s’impliquera avec ses amis dans les équipes enseignantes.
Il épouse Madeleine. Ils resteront 10 ans à Alèves dans les Bauges. Trois enfants naissent de leur union : Jean, Marie et Thérèse. Roger poursuit et termine sa carrière à l’école Vaugelas.  Emmanuelle et Simon, ses petits enfants, seront sa grande fierté. Il se lie d’amitié avec Zaïa et sa fille Joan, qui l’appelait « pépé gaillard ».

Mai 68 représente son premier choc politique et un grand tournant dans sa vie, où il s’interroge sur son propre enseignement. Il s’engage sur le chemin passionnant de la pédagogie Freinet : rendre les enfants autonomes à travers l’expression libre, la pratique de l’imprimerie, la correspondance épistolaire avec d’autres classes. Il devra résister contre les pressions extérieures qui s’opposeront à la pratique de cette pédagogie émancipatrice et autogestionnaire. D’aucuns voyaient d’un mauvais œil l’atelier peinture au fond de sa classe.
Vous connaissez  Roger. Il s’engage totalement dans l’équipe départementale Freinet , et participe à de nombreux stages.  Il s’investit également dans l’action syndicale au sein du SNUIPP.

Ce changement de cap le mène au MAN où il s’engage dans l’action non violente. Cette démarche le conduit au Larzac et à la mise en place du CUN, ce centre de réflexion et de formation sur la non-violence. Il fera souvent l’aller retour au Larzac apportant ses confitures qu’il confectionnait dans sa cuisine avec l’amour du travail bien fait de l’artisan.

Il s’impliquera dans le soutien scolaire auprès des personnes handicapées du C.A.T d’une façon assidue.

Bien sûr, l’enfant reste au centre de ses préoccupations, et cela le mène tout naturellement à s’impliquer bénévolement dans l’équipe de la maison de l’enfance, et au sein de son  Conseil d’administration. Il anime un atelier informatique avec les premiers ordinateurs Thomson TO7 et MO5 pour  initier les enfants aux balbutiements du langage de programmation. Il poursuivra cet atelier au centre d’animation de Menthon St Bernard.

C’est à ce moment où il rejoint notre équipe de rédaction du « JOURNAL » dont il devient un des principaux rédacteurs. Roger restera très attaché à notre média dont il se sentait très fier. Il le vendra régulièrement sur le marché Bld Taine à Annecy, là où sa vie s’arrêtera brusquement.

Cet engagement dans le journalisme citoyen le conduit à participer activement à ATTAC, dont il fut un des premiers adhérents.

Cette évolution au sein du mouvement associatif et syndical l’amène à adhérer aux alternatifs, avant de rejoindre dernièrement le NPA. Il s’impliquera également dans l’équipe municipale annécienne » Annecy résolument à gauche ».

Roger était de toutes les réunions, où il se rendait avec sa légendaire bicyclette, apportant sa tarte aux prunes sur son porte-bagage.
Il était de toutes les manifs, parcourant des kilomètres de protestation, d’indignation. Dernièrement, il était à Genève pour dénoncer l’action néfaste de l’OMC qui maintient les peuples dans l’oppression de l’économie capitaliste.

Mais là où Roger s’implique d’une façon entière et totale, c’est dans la défense des sans-papiers et le soutien aux demandeurs d’asile. Inlassablement, au sein d’une équipe efficace, il accueille chez lui l’étranger pour l’aider à remplir ses dossiers administratifs, lui apporter un soutien financier…

Dans cette période où l’on fête les 50 ans de la mort d’Albert Camus, ce journaliste philosophe qui voyait la justification de l’action publique dans l’amélioration de la condition des petits, des pauvres, des démunis, des humbles et prônait le modèle d’une économie libre dans une société juste. l’étranger, reste et restera l’image de Homme dans sa plénitude, celle de l’universel.

Roger reste et restera un homme universel.
Il était un homme qui savait écouter la parole de l’autre.
Marie, Thérèse, Simone, Emmanuelle, vous pouvez être fiers d’avoir un père et un grand-père comme Roger.

Nous sommes fiers de t’avoir connu et d’avoir parcouru un bout de chemin avec toi.

Auteur: gfumex

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