Retranchées dans le forum de Bonlieu, les familles Roms prises au piège par la police
C’est une véritable guerre contre les Roms que mène la Préfecture.
Mais le Préfet ne s’attendait pas à une aussi importante mobilisation en faveur de ces familles, menée par une cinquantaine de citoyens regroupés autour de la Ligue des Droits de l’Homme, de la Pastorale des Migrants, d’ATD Quart-Monde.
Après avoir été relogées dans des chambres d’hôtel pendant les fêtes de Pâques suite à leur évacuation du terrain SNCF, ces familles ont manifesté hier, 10 avril à 17H30 devant la Préfecture, pour obtenir un logement d’urgence, soutenus par 70 militants associatifs et politiques. 
Alors que le Préfet avait refusé de les recevoir, une délégation de quatre personnes a quand même pu s’entretenir avec Régis Castro, Directeur de cabinet. Des promesses d’hébergement ont été données.
Chassés par la pluie, les manifestants ont investi à 18H30 le forum de Bonlieu, transformé en camp retranché.
Cernée par la police, accompagnées par une quarantaine de militants associatifs, les familles Roms se sont retrouvées enfermées dans le forum dont les portes ont été verrouillées. Des enseignants s’occupaient des enfants. Des liens de fraternité s’établissaient entre tous les participants, réunis dans la même galère.
Alain Bouloz, de la LDH, soulève l’aspect ubuesque de la situation. Des chambres d’hôtel auraient été offertes, mais à partir de 21H00, l’accès se faisant pas carte bancaire, il est impossible d’y accéder :
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Les W.C étaient fermés. Une militante associative a dû insister lourdement pour qu’une petite fille puisse accéder aux toilettes. Toutes les issues étaient fermées de crainte que cette population contestataire puisse perturber la réunion publique UMP organisée dans la salle Eugène Verdun donnant sur le forum, avec la présence du député Tardy et du sénateur Hérisson. Contacté par téléphone par librinfo, Lionel Tardy ne souhaitait pas rencontrer les manifestants : « Je leur ai donné rendez-vous demain à ma permanence. Je dois ranger la salle, et replier l’écran. Vous voyez, en tant que député, je suis obligé de tout faire. Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de la situation de ces familles. Je ne suis pas élu local. Il faut demander à Monsieur Rigaut maire d’Annecy. Si en 2014, j’ai un mandat local, je pourrai agir ! »
Pendant ce temps, dans le forum, d’âpres négociations s’engagent pour obtenir un hébergement, entre les membres de la LDH, Philippe Métral-Boffod du NPA, conseiller municipal d’Annecy, et Alain Favre, directeur départemental de la police, sous l’œil attentif de Monsieur Guéret, de la DCRI (Direction centrale du rénseignement intérieur).
Pour finir, vers 22H30, 6 places sont proposées à l’hôtel Bellevue pour une famille. Les autres familles Roms seront emmenées par les bénévoles aux Puisots, centre de vacances de la Fédération des œuvres Laïques qui a accepté de les héberger.
Les bénévoles vont à nouveau assurer les repas des familles
Aujourd’hui, mercredi 11, la bataille recommence pour trouver un hébergement d’urgence.
Un nouveau rassemblement est organisé ce mercredi 11 avril à 17H30 devant le Préfecture.
À travers ce jeu du « chat et de la souris », on peut déceler la volonté de la Préfecture d’user et de décourager les militants associatifs, unique rempart pour protéger cette population démunie et fragilisée. qui a de plus en plus peur. Déjà, toute une famille est repartie d’Annecy.
Le but est simple : se débarrasser « en douceur » des familles Roms qui encombrent le paysage annécien et haut-savoyard.
