REJOUISSONS-NOUS. L’HISTOIRE A UN SENS.
AVANT.
Il y a quelque temps, on croyait à un certain progrès.
Les hommes deviendraient plus intelligents et ils inventeraient des moyens de devenir aussi plus heureux. On imaginait un monde sans frontière où chacun irait où il veut et serait accueilli partout comme citoyen à part entière d’une planète pacifiée.
À force de croissance économique et d’échanges équitables on aurait pu penser que la richesse serait suffisante enfin pour être partagée. Que nul homme ne manquerait plus de satisfaire les besoins simples qui permettent une vie décente : manger, se vêtir, se loger, s’instruire, se soigner, éduquer ses enfants…
C’est ce qu’on croyait. Avant.
On croyait que la politique servait à ça.
On croyait que la technique servait à ça.
On croyait que les guerres nous auraient appris à faire ça : utiliser la technique et la politique pour construire un monde sans violence, sans victime, sans misère, sans haine, sans cynisme…
On était naïf !
On ne savait pas ce qu’est le progrès.
APRÈS.
Le progrès n’est pas ce que nous pensions.
Vous connaissez l’histoire de cette personne qui souffre d’incontinence ? Aucun médecin n’arrive à la guérir. Elle va voir un psychanalyste.
Quelques jours plus tard, elle est libérée et manifeste son soulagement.
« Ça y est, tu ne fais plus pipi au lit ? » Lui demande-t-on. « Si ! Si ! Mais maintenant ça m’est égal. »
Voilà le progrès !
Avant, on pissait au lit, on était gêné.
Avant, on trichait, on exploitait les autres, on fraudait le fisc, on accumulait de l’argent inutile, causant ainsi beaucoup de misère, on était paresseux, ignorant, vulgaire et ça nous donnait des complexes. C’était avant.
Si vous voulez savoir où est le progrès, si vous voulez savoir qui va de l’avant, observez les complexes qui tombent.
Vous comprendrez ainsi où va la politique, à quoi sert la technique, et vous aurez ainsi une vision plus claire de l’avenir humain.
L’homme autrefois était une brute et, parfois, il en avait honte.
L’homme aujourd’hui n’aspire qu’à persévérer dans son être : une brute encore mais décomplexée.
Vous voyez bien que le progrès existe.
Bien naïf qui croirait encore que le progrès consiste à avoir des scrupules et à contrôler ses perversions.
À l’échelle mondiale, comme à l’échelle locale, peu à peu, inexorablement, l’homme se libère de la pudeur, l’homme se libère de la honte.
« Justice ? Solidarité ? Coopération ? Décence ? Respect ? Partage ? » Laissez-nous rire. Ce sont là billevesées du passé.
Le marché libéral est un vaste champ de bataille.
La victoire va nécessairement à ceux qui ont pris de l’avance sur ce chemin qui mène au triomphe final de la barbarie enfin décomplexée.