Refondation de l’école : les enseignants seront dans la rue demain jeudi, sauf ceux de la CFDT
Les syndicats ont la parole.
Annie Anselme, secrétaire départementale de la FSU apprécie le changement de ton dans les relations avec le gouvernement qui consulte les syndicats. Elle trouve plusieurs points positifs dans le projet de réforme :
– la valorisation de l’école avec l’accueil des élèves dès 2 ans.
– le rétablissement de la formation pour les enseignants ( même si ce n’est qu’une année à mi-temps)
– l’arrêt du non remplacement d’un enseignant sur deux et la création de 60000 postes ( mais elle regrette que cela se fasse au détriment des autres services publics ).
En revanche elle déplore qu’il n’y ait pas de rétablissement de la carte scolaire, qu’il n’y ait pas de solutions envisagées pour réduire l’échec scolaire en modifiant les contenus de l’enseignement et en mettant en place une pédagogie basée sur un travail collectif.
Le projet de réforme des rythmes scolaires ne va pas permettre d’améliorer la réussite scolaire . Ce projet a été fait en hâte et il n’est pas bon.
Enfin, si les enseignants doivent travailler plus, ils doivent être plus payés.
J.P. Richaudeau, représentant de la tendance minoritaire « Pour une FSU plus combative », a présenté une motion et plusieurs amendements au Congrès départemental qui ont tous été refusés : retrait du projet de loi, contre la suppression du redoublement, contre l’intégration du travail en équipe et du travail avec les parents dans les heures de service. Il s’oppose plus franchement à la réforme mais n’est pas suivi par la majorité « Unité et action ».
La secrétaire générale du SNUIPP, Marie Denis, confirme les trois points positifs mis en avant par Annie Anselme. Elle apprécie aussi la mise en place d’un comité de programme qui permettra de modifier les contenus, ainsi que le rétablissement des Rased.
En revanche le SNUIPP trouve que la réforme manque d’envergure et que le ministère aurait dû consulter non seulement les syndicats mais aussi les personnels.
La question des rythmes scolaires constitue le différend le plus important avec le gouvernement. Les enseignants se voient diminuer les quatre journées de travail de trois quarts d’heure mais devront travailler une demi-journée en plus.
Pour les élèves cela se traduira peut-être par une journée plus difficile avec des moments de garderie plus fatigants. Cela n’apportera aucune solution au problème de l’échec scolaire.
Au contraire presque, puisque l’inégalité des moyens entre les communes entraînera une inégalité dans les activités périscolaires des élèves : certaines communes n’ont pas de locaux et ne pourront pas financer des personnels supplémentaires sauf en licenciant, par exemple, des employés communaux. La subvention accordée par le gouvernement aux communes n’est pas renouvelée après 2013. De plus l’alternance des 7 semaines de travail et 2 semaines de vacances ne semble pas être respecté par le Conseil supérieur de l’Education. Le tourisme des stations de sport d’hiver étant prioritaire.
Aujourd’hui, Marie Denis note que les personnels sont blessés par les attaques qu’ils subissent, notamment dans les médias.
Elle affirme que les personnels ne sont pas des conservateurs refusant toute réforme. Ils sont d’accord pour faire évoluer l’école mais ils aimeraient être consultés plutôt que stigmatisés. Ils demandent que les salaires et en particulier le point d’indice ne soit plus gelés car à plus de travail il faut plus de salaire.
Si la réforme n’est pas complètement refusée, elle doit être aménagée. Pour marquer leur désaccord ils appellent à une grève et une manifestation le 31 janvier.
Carme Marra, du SGEN-CFDT, est satisfait de la direction que prend le mouvement de refondation de l’école par le gouvernement.
Pour lui, le fonctionnement de l’école n’est plus, comme dans le précédent gouvernement, un coût, mais constitue un investissement, ce qui change tout.
La modification des rythmes scolaires est, selon Carme Marra, le début de la réforme globale et se présente comme un levier pour engager une transformation plus profonde.
Il s’agit de changer, en fait, les rythmes sociaux aussi bien pour les élèves que pour les éducateurs et les parents. Et ces rythmes sociaux s’inscrivent dans un territoire qu’il faut se réapproprier sans pour autant créer de nouvelles inégalités entre les différents bassins éducatifs mais au contraire en s’adaptant avec plus de souplesse à chacun d’eux.
Ce ne sont pas les enfants qui quitteront l’école pour se retrouver dans des structures extérieures mais les collectivités locales qui devront aménager leurs activités et leurs installations autour de l’école et en fonction d’elle.
La CFDT est en négociation pour une revalorisation du point d’indice et une accélération de l’accès aux échelons de la « hors classe » pour les professeurs des écoles.
Elle se félicite de l’augmentation des postes dans le premier degré (94 pour la Haute Savoie, cette année) même si les fluctuations de population, particulièrement imprévisibles dans le département, ne permettent pas de diminuer à coup sûr le nombre d’élèves par classe.
La lutte contre l’échec scolaire ne peut se faire que par une prise en compte des enfants les plus défavorisés par leur milieu social en diminuant les exigences des programmes et en prolongeant, si possible, le temps obligatoire de la scolarisation afin que les choix des filières professionnelles ne se fassent pas par défaut mais par une réelle motivation.
De même, dans ce but, l’évaluation doit cesser de mettre le doigt sur les déficiences pour valoriser davantage les acquis de l’élève.
Enfin, le SGEN trouve positif le rétablissement de la formation des enseignants et souhaite que cette formation puisse commencer dès la licence et s’étendre sur trois ans par alternance.
La Refondation est donc engagée dans le bon sens.
Le Sgen-CFDT ne manifestera pas le jeudi 31 car les mots d’ordre de cette grève sont la suppression de la journée de carence (la CFDT demande elle aussi cette suppression) et la revalorisation du point d’indice dans la fonction publique, qui est actuellement en négociation avec le ministre.