La 20ème édition des Images Hispano américaines ont été à la hauteur de leur 20 ans.
Toutes les salles étaient pleines et la qualité des films ont enchanté les spectateurs éclairés par les échanges avec les réalisateurs et les acteurs.
Xavier Depraz, le responsable cinéma du Mikado ne pouvait que se réjouir de voir un salle comble découvrant le film du réalisateur Christopher Zalla, ”Radical”.
Radical, un film sur l’émancipation de jeunes défavorisés du Mexique grâce à l’engagement magnifique d’un enseignant porteur d’une pédagogie de la liberté au service des enfants.
Située dans la petite ville de Matamoros, une région pauvre du Mexique à la frontière Texas, cette école élémentaire est considérée comme la pire des écoles où l’apprentissage est nul.
Dans un environnement oppressif et marqué par la violence des cartels de la drogue, les élèves de l’école ont les pires résultats scolaires de tout le Mexique. Les ordinateurs volés de la salle informatique n’ont pas été remplacés et la majorité des enseignants sont peu motivés pour enseigner. Ils se concentrent su la réussite de leurs classes aux testes standardisés imposés par le gouvernement.
Sergio Correa, un enseignant nouvellement arrivé s’emploie à redonner espoir à ces enfants en développant un pédagogie ”radicale” en rupture totale avec un enseignement à l’opposé des aspirations des jeunes.
Cet enseignement fondé sur un programme imposé sanctionné par des notes dispensées par des enseignants autoritaires, pratiquant les menaces, est le bras armé du système autoritaire imposé par des gouvernements au service du capitalisme, comme le précise la réalisateur Christofer Zalla.
Cette violence institutionnelle fait fuir les élèves dont certains se retrouvent récupérés par de jeunes délinquants trafiquants et violents.
Un film inspiré de faits réels
Le personnage d’Eugenio Derbez dans « Radical » est inspiré du professeur mexicain Sergio Juárez Correa qui a réellement enseigné dans cette école avec une méthode pédagogique « révolutionnaire » en rupture totale avec la volonté de la société d’en faire des petites « soldats » au service des puissants.
La force du film est de redonner vie à cette école permettant aux élèves de prendre confiance en eux, développant leur potentiel créatif.
Une méthode « révolutionnaire » dont l’équivalent dans notre enseignement est la méthode « Freinet ».
La misère entraine les jeunes dans la violence
C’est le cas de Nico, jeune garçon sans famille qui, sous l’emprise d’une bande de jeunes délinquants habitués au meurtre, devient allergique à l’école.
Les premières images du film sont d’une extraordinaire violence où des jeunes au volant d’un 4×4 trainent des corps attachés au véhicule.
Nico, jeune garçon naïf et sans défense est utilisé pour transporter des armes.
On assiste, grâce à l’action de Sergio, le nouveau professeur, à une véritable transformation de l’élève qui découvre son potentiel, alors qu’il se considérait incapable d’apprendre.
Nico, au visage angélique, interprété par Danilo Guardiola, trouve chez ce professeur le père qu’il n’a pas eu. Peu à peu il prend confiance en ses possibilités et découvre toute la richesse du savoir. Amoureux de Paloma, qui l’impressionne par ses connaissances, il se confie à Sergio pour savoir ”comment aborder une fille ?”.
Paloma, vit avec son père sur la décharge de la ville. Jeune fille immensément douée, fait partager à Nico sa passion pour l’aéronautique en l’emmenant découvrir la base de lancement des fusées grâce au télescope qu’elle a fabriqué avec les éléments de la décharge.
Nico est tué devant Paloma
En présence de Paloma, Nico est rattrapé par le chef bande qui essaie d’agresser la jeune fille. Pour la défendre, Nico prend l’arme de l’agresseur pour le tuer.
Une tuerie s’ensuit où Nico trouve la mort.
Paloma inspirée de la vrai Paloma
Le professeur Sergio Juárez Correa, à l’origine de la démarche pédagogique au sein de l’école de Matamoros. Cet enseignant a permis à une élève, Paloma, d’obtenir les meilleurs résultats de tout le Mexique.
Le réalisateur a campé le personnage de Paloma vivant avec son père malade récupérateur, discriminée par ses camarades. En cachette, elle récupère dans la décharge des livres de sciences qui lui permettent d’acquérir un véritable savoir que son professeur, Sergio, remarque et l’encourage.
Le film « Radical » interdit de projection à Mexico
Radical a fait l’effet d’une bombe en 2023. Le gouvernement mexicain n’a pas supporté de voir son image de corruption et du système éducatif inégalitaire montré au grand jour.
Un thème universel
Ce thème universel nous parle de l’opposition d’un enseignement au service des forces institutionnelles économiques et politiques et une pédagogie de la mise en valeur des potentiels de l’enfant afin qu’il puisse décider de leur avenir. On retrouve l’action de la pédagogie Freinet qui efface l’autorité du maître capable d’écouter les aspirations des élèves et leur apporter des pistes de réflexion qui seront les seuls à découvrir.
Le réalisateur Christopher Zalla et l’acteur Eugenio Derbez, séduits par le thème, se sont totalement engagés dans la réussite de ce film, comme l’explique Christopher Zalla que nous avons interviewé :