Promouvoir la vitrine d’Annecy au détriment de ses habitants pour le bénéfice de 5000 patrons

Ces derniers jours, une véritable fronde des habitants contre le maire d’Annecy s’est installée autour du stade du coteau.
Depuis trois semaines, sur le plateau sportif utilisé par les élèves des lycées, de gigantesques tentes sont installées pour accueillir les 19 et 20 septembre plus de 5 000 congressistes patronaux au détriment de la tranquillité des riverains, qui subissent un univers sonore insupportable avec l’installation des immenses structures. Particulièrement le week-end car une autorisation orale de la mairie a permis à la société chargée du chantier de montage des tentes de travailler le dimanche.

Dimanche matin, premier septembre, des riverains réveillés dans leur repos dominical par les bruits des ferrailles, ont prévenu la police.
Arrivée sur place, celle-ci a stoppé le chantier. Une décision annulée par un haut fonctionnaire de la mairie d’Annecy. celui-ci a donné l’ordre à l’entreprise de poursuivre ces travaux alors qu’aucun arrêté municipal écrit a été promulgué pour autoriser ce travail dominical.

Se rendant compte que le degré de mécontentement risquait de s’aggraver en cette période pré-électorale, la municipalité est intervenue pour imposer un repos dominical à la société de montage.
Ce dimanche 8 septembre, un silence rassérénant a permis aux riverains de jouir d’un réveil serein.

 

Qui a été autorisé par la mairie, en toute discrétion, à organiser un tel évènement pharaonique ?

Il s’agit de l’association patronale APM (Association Progrès du Management).

Selon leur site ”L’Apm rassemble des dirigeants francophones de PME, PMI, ETI, Grands Groupes dans 28 pays. Ces dirigeants s’engagent à se perfectionner dans le but de faire progresser durablement leur entreprise.”

Dans « l’aimable” article paru fin août dans la Dauphiné, où Jean-Luc Rigaut pose souriant aux côtés de Béatrice Castaing de Longuevielle, directrice générale d’APM, Laurent Cantenot patron de la panière des alpes, président d’un des quatre clubs APM présent sur Annecy, explique qu’il s’agit ”d’un lieu où l’on n’arrive pas en échangeant des cartes de visite, où l’on ne va pas pour faire du business. Mais où on a la chance de pouvoir faire des rencontres magnifiques. Moi qui ait une petite entreprise, je côtoie des capitaines d’industrie en toute amitié”.

Il est vrai qu’il est stimulant d’avoir comme ”amis” Pierre FONLUPT Président de la Commission Nouveaux Dialogues (MEDEF) Président du Directoire de PLUS SA, qui côtoie au sein du bureau du MEDEF ses am(e)s : Marie-Ange DEBON, directrice générale adjointe du groupe SUEZ, Yves-Thibault de Silguy,Vice-Président et administrateur référent de Vinci, Jean Burelle qui reçu 2.280.446 € en 2017 comme rémunération en tant que Président-directeur général des Burelle SA”.

Régulièrement, cette association dotée de moyens financiers conséquents, organise d’énormes rencontres « conviviales » où comme l’explique un de ses participants : « « L’Apm c’est un endroit où par la rencontre on progresse individuellement….. On peut s’ouvrir de ses problématiques ou de ses rêves. On les confronte avec l’expérience des autres. »
C’est donc avant tout un lieu où l’on aide les patrons à vieux vivre individuellement leur dure existence, sachant que le slogan principal de cette association est « Le progrès de l’entreprise par le progrès du dirigeant ».
On pourrait se demander, connaissant la situation de plus en plus difficile, précaire, dangereuse, pénible, rude, insupportable d’un nombre croissant de salariés ou de « auto entrepreneurs », si le souci des « patrons » serait plutôt d’organiser des réunions pour améliorer la condition de leurs subordonnés plutôt que d’améliorer leur « karma » personnel.

On peut citer le témoignage d’un monteur, ancien employé de l’entreprise ”Fives” dont le président du directoire est Frédéric Sanchez, Président international du MEDEF : ”Recrutement sur des tas de mensonges. Management inexistant, manque de respect navrant, aucune reconnaissance, aucune organisation, aucune gestion… Turn over d’intérimaires impressionnant, normal, ils sont traités d’une manière inacceptable même par leur agence intérim. Entreprise irrespectueuse de tout et de tout le monde. Une catastrophe. N’y mettez jamais les pieds!”

Mais connaissant l’orientation politique de la majorité municipale, on peut ne pas être étonné de vouloir accueillir un tel congrès qui envahit, non seulement le stade du coteau, mais le Pâquier et l’impérial.

 

Un évènement pour « la vitrine d’Annecy »

C’est la réponse faite à des riverains venus demander des comptes en mairie d’Annecy après avoir reçu un courrier déposé dans leur boîte aux lettres les informant de l’existence de cet évènement, les obligeant à subir des contraintes de circulation, de bruit et de pollution.

Dans ce courrier il est précisé que les rues adjacentes seront fermées à la circulation automobile et interdites au stationnement pour permettre le stationnement de 70 cars des invités au Congrès.

Les habitants ont été mis devant le fait accompli.

Aucune concertation n’a été mise en place par une municipalité qui se targue de privilégier les réunions des habitants pour leur demander leur avis.
Les installations sportives ont été détruites afin d’offrir un espace totalement vierge.  La municipalité promet que tout remettre en l’état, mais personne ne sait ce qui est prévu, même pas le gardien municipal du stade.

Certains élus de l’opposition expliquent avoir été informés par la presse.

 

Combien l’association va-t-elle payer à la ville d’Annecy ?

Nous attendons une réponse de Jean-Luc Rigaut et de Dominique Puthod. Le plus intéressant sera de savoir à quoi cet argent sera-t-il être affecté ?

On assiste à une prise en otage des citoyens par la municipalité qui a décidé seule d’accepter l’organisation de ce congrès pharaonique.
Annecy se veut une ville « sucre d’orge » et « rose bonbon » dans le meilleur des mondes possibles où riches et pauvres doivent vivre dans une belle harmonie.

Une ville de plaisir où on essaie d’oublier la noirceur du monde en peignant de belles couleurs la carte postale « Annecy Mountains », avec son lac et ses montagnes.
Un décor qui a été confisqué par une nouvelle classe sociale aisée, venue de partout, qui a créé une des villes les plus chères de France.

Une vitrine où ses habitants les plus modestes ne sont que des simples potiches dans un décor de carton pâte.

 

Auteur: gfumex

Partager cet article :

1 commentaire

  1. C’est l’absence de forces sociales, de contre-pouvoir, qui autorise de tels débordements.
    Pourquoi se priver avec un électorat aussi complaisant ?

    Une fois de plus nous avons ce que nous méritons : la force de la pantoufle face aux godillots armés par les ultra-riches.

    Il faut se donner du pouvoir dans des partis, des syndicats, …
    Les associations n’ont pas de pouvoir (politique) légal .. perdu.

    Répondre

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.