Pour les religions monothéistes, la femme ne peut être l’égale de l’homme.

Une nombreuse assistance était présente à la salle Pierre Lamy pour assister au débat organisé par le Cercle Condorcet d’Annecy sur le thème « La femme et les religions : image et place de la femme dans les religions monothéistes ».

OLYMPUS DIGITAL CAMERA

 

Un débat de très haute tenue, dont la qualité des intervenantes,  « Chahla Chafiq », écrivaine et sociologue exilée d’Iran depuis 1983 et Brigitte Martel Baussant, membre de la Commission consultative des Droits de l’Homme et de la Coordination Française pour le lobby européen des femmes (CLEF) », nous a permis de découvrir les enjeux de société.

Comment les pratiques religieuses des catholiques, des protestants, des orthodoxes, des juifs et des musulmans respectent-elles les libertés individuelles et l’égalité homme/femme ?

Au travers des ouvrages bibliques, Brigitte Martel-Baussant pointe les représentations et rôles assignés aux femmes.

Le travail de celle-ci a permis de faire ressortir le poids des religions chrétiennes, au travers des livres fondateurs et des figures féminines comme Eve, Marie, Marie-Madeleine… ainsi que des œuvres artistiques (peintures, sculptures…). Persuadée de l’égalité homme /femme, Brigitte Martel-Baussant s’est investie à l’échelle de l’Europe pour faire avancer le droit des femmes.
Dans les livres sacrés comme le Talmud, on découvre comment est portée la parole des hommes, pour assurer la structuration verticale du pouvoir patriarcal des religions monothéistes. Souvent, on présente les femmes comme responsables de certaines calamités et douleurs.  Elles sont donc souvent à exercer un rôle de mère, épouse, prostituée…(ex : référence aux 7 pêchés capitaux).

Ces ingérences du religieux ont un impact dans le champ de la sexualité, du social et du politique. Le concept de « maternabilité » influe sur tout. On le voit depuis longtemps dans les écarts de salaire et ceci dans toutes les civilisations. Il s’agit d’une profonde injustice. L’homme apparaît comme l’intercesseur de Dieu, dans les actes religieux transmis : baptême, communion, mariage, extrême onction…

Les femmes religieuses sont les épouses de Dieu. Selon la gouvernance du Vatican, la femme est complémentaire de l’homme ; donc la notion d’égalité ne peut avancer.

Il en est de même chez les Juifs, où la femme  n’est pas autorisée à accomplir un certain nombre d’actes comme celui du divorce de par le code civil du mariage. D’ailleurs celui-ci est différent selon que l’on est mariés en France ou en Israël. Il y a très peu de femmes rabbins.

 

Qu’en est-il du protestantisme ?

On ne prône pas le célibat. Les premières femmes pasteurs entrent dans les facultés théologiques dès 1930, aux USA. Mais, avec l’expansion des évangélistes, on assiste parfois à des dérives aux USA et en Afrique, comme le mariage forcé ou arrangé, la polygamie. On considère la femme comme complémentaire et non l’égale de l’homme. Il nous faut alors repenser celle-ci dans le cadre de la laïcité.

 

Chahla Chafiq pose la question : « Pourquoi l’identité religieuse s’invite t-elle dans le débat politique ? Comment en est-on arrivés là ? »

Chahla Chafiq est arrivée en France en 1983, ayant fui l’Iran, hantée par la Révolution de son pays qui a mal tourné. Elle ne cesse de s’interroger. Pourquoi l’islamisme a démarré en Iran, alors que les droits d’aller à l’école et à l’Université étaient assurés… (Il en était de même en Égypte et d’autres pays arabes). Dans les réflexions actuelles sur la laïcité, comment se fait-il que des principes religieux deviennent des lois qui imposent un système patriarcal , où l’égalité n’existe pas, où s’instaure la soumission de la femme et des enfants, qu’elle est cantonnée dans l’espace familial ?

Il faut aussi ajouter que les médias dominants véhiculent des représentations comme celle de la femme voilée, mais masquent ainsi la nature politique de l’islamisme en tant qu’idéologisation de l’islam.

Depuis son arrivée en France, elle s’attache à nous faire comprendre comment les rapports sociaux de sexe sont au cœur du projet politique anti-démocratique dont l’Iran fut le laboratoire depuis la fin des années 70. Pour les tenants du pouvoir patriarcal, il faut préserver la paternité, faire admettre que l’égalité est un concept occidental. A chacun selon ses devoirs ; la famille sacralisant les droits religieux, garantissant l’identité de la famille.

 

Qu’impose ce système que l’on pourrait qualifier de dictatorial ?

Les libertés sont mutilées, droits et non droits se succèdent avec les crises politiques et les premières victimes sont les femmes. Cela profite aux islamistes qui peuvent répandre leur enseignement. Les forces démocratiques sont alors privées d’expression. Elles ne savent comment agir. La question du droit des femmes concerne aussi les hommes ; bien des parlementaires devraient le comprendre.
On entretient beaucoup de confusion en proposant une alternative identitaire entrainant des inégalités, des problèmes de violence, de drogue et de prostitution… Cependant, des résistances surgissent dont on a des échos sur des réseaux sociaux.

 

Mais, comment agir quand ces questions émergent, lorsqu’il y a un manque de spiritualité ? Que faire face à l’intégrisme qui impose des approches dogmatiques  ? Pourquoi les intégristes ont-ils peur de la femme ?

Le problème est « l’idéologisation » des pratiques religieuses quand n’est pas admis l’existence de la liberté d’expression et de création et que l’on se met à détruire les symboles de civilisation.
Pour garder le pouvoir et les richesses, il y a des politiques qui sont prêts à tout instrumentaliser. Dans beaucoup de pays musulmans, le repère identitaire s’invite dans le débat électoral.

 

Et ici, en France, quels dispositifs sont mis en place face aux atteintes aux libertés dont certaines jeunes femmes ou filles sont parfois victimes ( port du voile et ou mariage forcé, endoctrinement…) ?

En dépit des signalements de différentes institutions, la protection des jeunes filles devient difficile face aux processus de propagande qui s’avèrent parfois fort diversifiés. Souvent cela se joue en dehors des lieux institutionnels. Il est donc nécessaire de travailler à des stratégies d’accompagnement éducatif au sein de l’école, des associations d’éducation populaire (ici FOL74 et Ligue de l’Enseignement), des centres sociaux et culturels. De plus, il n’y a pas de formation sur ces questions ; cela n’est pas par des invectives culpabilisantes de politiques que l’on résoudra les problèmes.

L’urgence est dans la construction du vivre ensemble avec les richesses culturelles dont chacune et chacun est porteur.

Auteur: Colette CHARLET

Partager cet article :

Soumettre un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.