Jean-François Carenco, actuellement ministre délégué chargé des outre-mer, vient d’écrire un livre au titre personnel : ”Jean-François Carenco, Préfet de la République.”
Préfet de Haute-Savoie de 2002 à 2004, Jean-François Carenco, sera présent à Annecy ce
vendredi 7 avril à 19h30,
salle de création à Bonlieu Scène Nationale, pour présenter son livre, invité par « Histoire d’en parler »
Nous avons pu l’interviewer.
Celui-ci dévoile à la fois son attachement indéfectible aux valeurs de la République, et au maintien des institutions, au risque d’utiliser l’action musclée des forces de l’ordre pour assurer leur sauvegarde. Il nous livre aussi des réflexions plus personnelles et intimes qu’il a pu engranger au cours de sa longue carrière.
Librinfo : Pour quoi avoir écrit ce livre ?
Jean-François Carenco : J’ai écrit ce livre au moment où je quittais la CRE (1) sans savoir où j’allais. Je souhaitais à un moment qui devait être la terme de ma carrière, faire partager à mes lecteurs mes réflexions sur la République qui a été ma vie professionnelle toute entière, voire ma vie familiale. Un espèce de bilan personnel, tout en étant dans la volonté, avec humilité quand même, de faire partager un certain nombre d’idées que je crois avoir développée au cours de mon activité professionnelle. L’idée aujourd’hui – ce n’était pas le cas quand j’ai écrit ce livre – est de se rassembler sur des idées simples.
Librinfo : Vous parlez des valeurs universelles de la République, valeurs que vous portez personnellement. Toutefois, vous écrivez qu’un préfet est confronté à des crises et à des doutes. Avez-vous été confrontés à des directives que vous auriez contestées et que vous auriez pu infléchir ?
J-F C : Il y a deux réponses : un préfet est loyal au gouvernement mais il a une liberté d’application. Il n’est pas obéissant à la lettre, sauf cas de crise. Je n’ai pas eu de directives politiques avec lesquelles j’étais suffisamment en désaccord pour que j’envisage de partir. Ce qui compte, c’est la République et la Démocratie. Je rappelle que la Démocratie, c’est le vote jusqu’au 49-3, et le 49-3 c’est aussi la République. Je le rappelle
J’ai eu des désaccords intellectuels, mais le boulot de préfet c’est d’être loyal, et donc appliquer avec une certaine liberté ce qu’on vous demande de faire, dès lors que c’est un gouvernement démocratique. Jusqu’à preuve du contraire, ce gouvernement est démocratique. La France est un des pays les plus démocratiques du monde, me semble-il. Pour l’instant, il n’y a pas de majorité qui a fait tomber ce gouvernement.
Librinfo : Le 49-3 a été utilisé, pour imposer la reforme des retraites alors que 85% des français y sont opposés. Comment peut-on s’opposer à la majorité du peuple
J-F C : Pour moi, la République c’est une démocratie représentative. Ma République, elle croit aux institutions. Arrêtons d’opposer le peuple aux institutions. C’est le peuple qui a élu les institutions. Si cela ne vous plait pas, vous attendez les prochaines élections ou vous renverser le gouvernement. Mais il n’y a pas eu de majorité pour renverser la gouvernement suite à l’adoption du 49-3minés par la dette. (NDLR : ce que Monsieur Carenco oublie, c’est que les retraites sont l’affaire des partenaires sociaux qui n’ont pas besoin des politiques pour gérer leurs affaires. Les gouvernements ont dépecés les différentes caisses, alors que globalement, il n’y a pas de déficit. De plus, ce sont les gouvernements qui ont ”pompé” l’argent des salariés pour ”boucler” les trous de leurs budgets qu’il n’ont pas été capables de gérer).
Librinfo : Si vous aviez été préfet des Deux-Sèvres lors de la manifestation contre les bassines, auriez-vous accepté la stratégie violente des forces de l’ordre ordonnées par le montre de l’intérieur.
J-F C : Nous étions en présence d’un millier d’éléments radicaux qui avaient décidé d’en découdre avec les forces de l’ordre. Ces dernières n’ont fait que de se défendre en repoussant les manifestants qui voulaient atteindre le chantier de la bassine.
Librinfo : Vous n’êtes pas sans ignorer que ces manifestants contestent ces bassines qui accaparent l’eau pour seulement 7% d’agriculteurs favorables à l’agriculture industrielle destinée à l’exportation et à la nourriture des bovins. Une agriculture qui utilise les pesticides, favorise le réchauffement climatique et la diminution de la biodiversité. Cet accaparement de l’eau se fait au détriment des autres agriculteurs qui développent une agriculture paysanne capable de nourrir la population avec des produits sains et de qualité.
J-F C : D’abord, il n’est pas prouvé que les autres agriculteurs manquent d’eau. Par contre je suis d’accord avec vous pour sauvegarder la biodiversité et réduire les effets des gaz à effet de serre.
Par contre, la question concernant la bassine de Sainte-Soline n’est pas celle-là.
Le projet de bassine a été approuvé par les élus et la justice. On ne peut contester cette décision obtenue dans un cadre démocratique.
Aussi cette manifestation a été interdite. Elle était donc illicite.
À partir de ce moment, les manifestants n’auraient pas dû venir. En bravant cette interdiction, ils savaient à quoi s’en tenir. Les forces de l’ordre n’ont fait que se défendre face à la violence des casseurs. Comme ceux-ci étaient infiltrés au sein des manifestants, ces derniers ont été aussi victimes des tirs de défense des forces de l’ordre. Nous avons dû déplorer des blessés à la fois au sein des forces de l’ordre et des manifestants, ce que je regrette.
Librinfo : D’après les témoignages que j’ai recueillis auprès de participants venus de Haute-Savoie, c’est une tout autre version que j’ai entendue. Ces manifestants se sont dirigés pacifiquement vers le chantier avec la présence d’éléments radicaux intégrés au sein de la foule. Il n’y avait pas, à ce moment, d’attaques violentes contre les forces de l’ordre. C’est à ce moment, alors qu’ils n’étaient pas menacés, que les forces de l’ordre on envoyé les gaz lacrymogène, et les grenades de désencerclement (2) . Les manifestants ont recensé environ 200 blessés, dont deux personnes entre la vie et la mort.
J-F C : Une d’entre-elle ne l’est plus
Librinfo : Les manifestants parlent d’une véritable scène de guerre avec une femme à la mâchoire fracassée, de nombreuses personnes avec des plaies ouvertes. Ils affirment que les forces de l’ordre ont utilisés des armes de guerre.
J-F C : Non ce n’est pas sérieux. Les armes utilisées n’étaient pas des armes de guerre.
Librinfo : Pourtant, de très nombreuses armes de guerre ont été utilisées à Sainte-Soline, contrairement à ce qu’a affirmé le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Il a depuis rappelé que le tir de LBD pour repousser des manifestants était « totalement proscrit »
Jean-François Carenco est un homme d’action, déterminé, passionné, amoureux de la République dont il soutient les valeurs qu’il fait siennes. En ce sens, il considère légitimes toutes les actions qui défendent notre démocratie républicaine. Il s’engage à atteindre un but fixé quels que soient les effets co-latéraux.
Comme il l’affirme dans son interview, un préfet doit être loyal en appliquant les directives gouvernementales, mais avec le choix de l’application. Un préfet n’est pas obéissant à la lettre, sauf dans une situation de crise.
(1) CRE : Commission de régulation de l’énergie
(2) La grenade de désencerclement est classée au « 6° de la catégorie A2 »1,3,4, soit comme « matériel de guerre », rubrique 2. En Europe, seules les forces de police françaises l’utilisent.
8 avril 2023
On comprend sa « légitimité » (et le schéma mental de ses ex-collègues) :
quand les questions (si bien posées !! MERCI) sont trop précises il n’y répond pas.
C’est clairement une manière politique de traiter un sujet :
écarter ce qui dérange afin de maintenir un objectif caché.
On voit bien son objectif : maintenir un État coûte que coûte,
quand bien même il reconnaît (sans le dire mais sans le contester non plus) que ses représentants NE SONT PLUS défenseurs de SA population. Autrement-dit que les institutions NE SONT PAS DÉMOCRATIQUES dans leurs agissements.
Se réfugier derrière des lois scélérates (et ou leur interprétation HORS de leur esprit) a toujours été la méthode des NON-démocrates .. excusez le terme mais donc des fascistes.
La démocratie A DES PRINCIPES fondamentaux DÉTERMINANTS.
Si on les viole volontairement (comme dit ici), alors on SORT de la démocratie et ceci a un nom : fascisme.
Une loi n’est pas intrinsèquement démocratique .. elle peut être fasciste.
Il suffit de se reporter 200 ans en arrière, les constitutionnels ont édicté des LOIS violant LEUR constitution. Et ceci en toute connaissance de cause. ILS défendaient leurs intérêts de classe CONTRE la population de gueux.
Carenco a donc une LONGUE tradition de dictature des riches POUR SE justifier.
Et c’est ce problème CIVILISATIONNEL que nous sommes sur le point de résoudre.
Les contradictions culturelles d’un régime toujours bafoué : la démocratie.
Nous n’apprenons pas ce qu’est la démocratie dans ses pratiques.
Par contre nous apprenons à violer ses principes sous le prétexte de mise en pratique.
Et il n’existe AUCUN apprentissage de la démocratie MAIS seulement parfois des institutions.
C’est bien une preuve d’acculturation des masse par une minorité dominante.
Et Carenco PEUT donc s’en prévaloir, les lois PEUVENT VIOLER les PRINCIPES PREMIERS
qui la détermine.
En pratique (dans la nature ou la civilisation) un système incohérent n’est pas viable.
S’il ne fonctionne pas COMME attendu, on ou ses auteurs le change.
Dans notre civilisation capitaliste, sa viabilité est mise en cause.
Ses défenseurs se raccrochent à des apories pour la maintenir.
C’est d’évidence VAIN !
Et c’est en conséquence entraîner une catastrophe encore plus violente que de nier ce fait.
C’est donc criminel.
CQFD
8 avril 2023
En complément à mon commentaire précédent
une interessante illustration de dysfonctionnement INSTITUTIONNEL illustrant le refuge aporique de Carenco
Ceci arrive tout frais d’un juriste qui connait son affaire (et pour une fois reste sagement dans le factuel et sa description didactique) :
https://www.vududroit.com/2023/04/fraude-electorale-emmanuel-macron-peut-tout-se-permettre/