PHILOSOPHIE : Comment on devient citoyen sans le savoir. Et pourquoi il vaut mieux le savoir.
L’homme, en tant que tel, n’a aucun droit. et d’ailleurs, il n’a pas d’obligation non plus.
Vivant dans la nature, il peut être dévoré par des bêtes sauvages ou massacrés par d’autres hommes, il peut aussi, s’il en a les moyens, tuer tout ce qu’il veut.
Le droit et le devoir ne sont pas naturels, il n’existent que dans la pensée et ne sont imposés que par la volonté des hommes.
Ainsi, chaque individu qui naît n’a des droits que s’il est accueilli dans une communauté qui les lui accorde. Il sera protégé par les règles que la collectivité s’est fixées et qui s’imposent à chacun de ses membres.
Car des hommes ne peuvent vivre ensemble de façon civilisée et démocratique que s’ils ont passé entre eux un pacte qui fait de leur réunion une société. C’est ce qu’on appelle le « contrat social ».
Ce contrat social, chacun est censé l’avoir signé dès qu’il bénéficie des droits qu’il lui confère. Il est donc censé en accepter aussi les obligations.
Ce contrat social est ce qui donne réalité à la structure politique de la société civile : la Cité dans l’Antiquité, l’État aujourd’hui.
Par ce contrat chaque membre s’engage à respecter la volonté générale exprimée par la loi et conforme à la constitution (qui stipule les principes fondamentaux du contrat.)
Si un seul membre transgresse les termes du contrat, celui-ci est détruit. La société perd sa structure civile et les humains retournent à l’état de nature ou seule règne la force du plus fort.
Tous les citoyens sont ainsi parfaitement égaux au sens où chacun jouit des mêmes droits et se trouve soumis aux mêmes devoirs. Tout privilège (ou droit accordé aux particuliers et non au public) provoque également une rupture immédiate du contrat et une chute dans l’état pré-civil, c’est-à-dire l’état sauvage.
Chaque membre, faisant partie intégrante et définitive de la communauté politique ainsi créée, donne le droit aux autres, au cas ou il romprait ses engagements de le ramener à la raison et, s’il le faut, de le contraindre par la force publique à réintégrer la société.
Ainsi le contrevenant n’est-il pas exclu de l’État et, de ce fait, privé de tout droit (de sorte que quiconque pourrait impunément s’en saisir ou le tuer) mais au contraire « interné» dans le but de retrouver l’usage de sa propre volonté conformément à son engagement initial.
Si le citoyen n’est pas conscient du contrat social qu’il a entériné en acceptant de jouir des droits du pays dans lequel il vit, il peut avoir le sentiment d’être forcé dans ses obligations. Mais il ne peut pas refuser ses obligations sans refuser les droits qui y sont associés. La seule solution pour lui, s’il refuse le contrat, est de s’exiler et de renoncer à la citoyenneté.
Si le citoyen n’est pas content des lois qui le font vivre et des obligations attenantes, alors il faut que, par les moyens légaux, il le fasse savoir et, par sa parole, crée avec ses concitoyens un consensus majoritaire qui modifie la loi conformément à la constitution.
Quand une loi est jugée mauvaise il est toujours possible de la combattre sans transgresser le contrat social et pour le bien public. En aucun cas il n’est possible de la violer sans s’exposer à la répression légale.
C’est pourquoi le contrat social qui fait de nous des citoyens sans le savoir au début de notre vie, nous enjoint d’en prendre conscience dès que possible afin d’être en mesure de proposer des améliorations à la vie commune, c’est ce qui s’appelle « faire de la politique« .
Le citoyen est, par essence, celui qui est fait par la politique et qui fait la politique. S’il ne vit pas conformément à cette qualité que la société lui confère, il tombe dans l’animalité.
Ajoutons qu’en toute logique là où il n’y a pas d’Etat il ne peut y avoir de citoyen. Et que nul ne peut être citoyen d’une autre entité que celle d’un Etat. Que, de plus, il ne peut y avoir de souveraineté que de l’Etat.
Par les temps qui courent il ne faut pas l’oublier.
(Cf. J.J.Rousseau. Le contrat social.)
