On est chez nous ! Ski et traditions à La Clusaz

photo de groupe avec une majorité de touristes

Mise à jour le 27 février à 21H44

On est chez nous ! Cela traduit bien l’état d’esprit à l’origine du rassemblement organisé par le ”collectif des jeunes Cluses Engagés” ce vendredi 26 février sur la place de l’église de La Clusaz.

Une centaine de personnes étaient rassemblée à l’appel de ce collectif pour affirmer les valeurs ancestrales des indigènes locaux qui se définissent comme les seuls à décider de l’avenir de leur territoire fondé sur l’économie touristique du ski de masse. Un avenir qui nécessite la création d’une cinquième retenue collinaire (1) à la place du bois de la collombière. Une bassine pour fabriquer principalement de la neige artificielle et aussi de l’eau potable.

600 ans d’histoire : Un héritage vivant et vibrant

Cette affirmation du manifeste du « collectif des jeunes Cluses Engagés »traduit bien la volonté de ce collectif d’affirmer que seules les familles « historiques » de La Clusaz ont le pouvoir de décider ce qui est bon pour elles. Ce collectif s’arc-boute sur la décision de la municipalité de créer la bassine de la Collombière en ne tenant pas compte du refus exprimé par les signataires de l’enquête publique et la décision du tribunal administratif d’annuler l’autorisation du Préfet de démarrer les travaux

 

Une opération de communication avec vin chaud, dégustation de reblochon et danse folklorique

Pour réunir le maximum de personnes, les touristes étaient invités à boire un vin chaud et à déguster du reblochon. D’ailleurs, à la fin du rassemblement les organisateurs ont rabattu le rappel des touristes pour obtenir le maximum de personnes sur la photo de groupe. Ceci a permis au collectif de constituer un auditoire pour vanter le domaine skiable de la station en justifiant la retenue collinaire pour alimenter en eau potable les troupeaux et les humains.
Par contre les canons à neige et la neige artificielle sont passés sous silence.


En fait, les Clusiens présents se limitaient essentiellement aux moniteurs de ski, aux membres du collectif, au maire et à des conseillers municipaux, quelques agriculteurs, des commerçants, et un nombre important de forces de l’ordre

 

Présence surprenante de gendarmes dans le rassemblement.

Une dizaine de gendarmes de la brigade de Thônes étaient présents dans ce rassemblement ”bon enfant”. La seule explication serait le risque de voir débarquer des ”éco-terroristes” ! Ces ”éco-terroristes”, formule prisée par le ministre de l’Intérieur Gérard Darmanin, seraient-ils ces opposants pacifiques de La Clusaz connus de tous ? Jacques Agnelet a demandé au Maire qui était à l’origine de la présence des forces de l’ordre. Didier Thévenet lui a certifié que ce n’était pas lui et ne savait pas qui les avait demandés. Nous essaierons de le savoir.


Ski et traditions

L’objectif de cette opération de communication est de mettre en avant le plaisir du skier sur des pistes enneigées grâce à la neige artificielle produites par les canons à neige alimentés par les bassines, mais aussi de découvrir la vie locale à travers ses traditions et ses plaisirs gastronomiques.

On a appris que sans retenue collinaire, il n’y aurait plus de génépi, ni de reblochon ! Les références aux canons à neige ont été consciencieusement occultées, comme celles du réchauffement climatique. Aucune allusion aux 75 % de signataires défavorables à l’enquête publique sur le projet de retenue collinaire, ni sur la réponse favorable du tribunal administratif au recours suspensif des opposants annulant le démarrage des travaux de la bassine signé par le Préfet.

 

Une interprétation de l’enquête publique à géométrie variable.

Dans son interview que vous découvrirez dans le reportage vidéo, le maire de la Clusaz estime que l’enquête publique a été un échec pour les opposants avec 75% des signataires défavorables puisque, dans ce genre d’enquête publique, les opposants obtiennent toujours entre 90 et 95 %. Comme 70 % des 25 % de signataires favorables à la retenue sont de La Clusaz et des environs, cela prouve que les habitants de La Clusaz et des communes environnantes y sont favorables.
Nous laissons nos lecteurs juger des conclusions du maire.

Lecteur vidéo

Aujourd’hui la réponse finale est entre les mains du Conseil d’État qui doit accepter ou refuser le recours déposé par la municipalité et le ministre de la transition écologique pour annuler la décision du tribunal administratif.

Tout restera suspendu à cette décision.

 

Obtenir à tout prix la réalisation de la bassine pour éviter une jurisprudence

Interrogé par l’avocate du collectif des opposants sur ses motivations d’accorder l’autorisation de démarrer les travaux de la bassine,  le Préfet ne cache pas que ce sont des motifs économiques qui l’ont motivé, et que le recours au conseil d’État a pour objectif d’éviter une jurisprudence catastrophique pour le gouvernement.

Toutefois, rien n’est joué, puisque le recours suspensif ne répond pas à la question de fond qui devra être abordée juridiquement plus tard.

 

Échange tranquille entre un opposant et des « pro-retenue

De quel côté se trouve la violence et la haine ?

Dans son interview, Didier Thévenet insiste sur le côté pacifique ”bon enfant” du rassemblement contrairement à la ZAD. Pourtant, aucun opposant n’a menacé de mort quiconque, contrairement à certains habitants de La Clusaz dont le conseiller municipal René Gallay. Des menaces que le maire dénonce, sans pour autant se séparer de son conseiller municipal.

 

Selon les opposants, le maire serait sous contrôle de l’ancienne municipalité

Didier Thévenet, lors de son élection a récupéré le dossier sensible de la retenue collinaire du bois de la Collombière. Comme il n’en était pas à l’origine, Jacques Agnelet considère qu’il a manqué l’occasion de mettre le dossier sur la table en organisant une consultation de toute la population.

On ment aux éleveurs

Marie-Louise Donzel, conseillère départementale et productrice de Reblochon sur La Clusaz à la ferme de la corbassières, dont le fils Michaël Donzel-Gonet est premier maire adjoint de la Clusaz, explique aux alpagistes qu’ils auront besoin de la retenue collinaire pour abreuver leurs vaches. Le problème est que cela est impossible puisque l’eau ne sera pas potable. Il faudrait une station d’épuration qui n’est pas prévue dans le projet de la bassine.
Madame Donzel a trouvé la solution en sollicitant des subventions de l’État par l’intermédiaire de l’Association foncière pastorale (AFP) pour créer à titre privé un réservoir d’eau potable pour ses vaches et la fabrication du fromage.


La bassine de la Collombière ne serait pas nécessaire pour l’eau potable de la commune

Contrairement à ce qu’affirme le maire dans son interview, les quatre retenues existantes alimentée par la source de la Gonière sont largement suffisantes pour fournir l’eau potable nécessaire à la commune, à condition qu’une centrale de filtration soit créée comme l’affirme Jacques Agnelet. « Les quatre bassines constituent une réserve de 270 000 m3 d’eau alors que celle projetée du bois de la collombière n’est que de 50 000 m3. »

Dans un document, alimenté par des données officielles inscrite dans la PLU, il est noté que « Le volume d’eau disponible en période d’étiage, c’est-à-dire au moment ou il y a risque d’y en avoir le moins, est de 2183 m3, alors que les besoins en eau de La Clusaz à l’horizon 2030* sont en basse saison de 244 m3/jour et en haute saison de 1908 m3/jour. Nous pouvons constater que les ressources en eau mutualisée peuvent satisfaire à la demande. »

Le 22 décembre 1995, la Préfecture avait déclaré d’utilité publique toutes les sources de La Clusaz, à part celle des Aravis.  À cette date, l’ensemble des travaux prescrits auraient du être fait pour répondre et sécuriser l’alimentation en eau potable du village et de la station.

Rien n’a été fait…

 

L’eau et la montagne sont des biens communs

L’argument principal développé par le ”collectif des jeunes Cluses Engagés” pour justifier le projet de la retenue est de dire que ce sont ceux qui vivent et qui travaillent sur la commune qui doivent décider. De nombreux citoyens, à l’instar des associations environnementales, estiment que : ‘l’eau et la montagne appartiennent à tout le monde. Ce sont des bien communs. De quel droit des agriculteurs locaux s’accaparent la montagne, sous prétexte qu’ils y travaillent. Bien entendu, tout doit être fait pour qu’ils puissent vivre de leur travail, comme ceux qui vivent du produit touristique de ”l’or blanc”. Un or qui risque de se transformer en plomb dans les années à venir. »

 

(1) le terme ”retenue collinaire” est impropre puisque elle ne sera pas alimentée par l’eau de pluie mais alimentée par la source de la Gonière. Cela s’appelle une bassine

Auteur: gfumex

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2 commentaires

  1. Excellent article, comme toujours dans ce média.
    Gérard Decorps.

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  2. Bravo à Gérard Fumex pour cet excellent article.

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