Publié par Annick MOSSAZ le 27 Nov 2023 dans cinéma, Départemental, Reportage | 1 commentaire

La 39^ème édition du festival de cinéma et ruralité à La Biolle en novembre a une nouvelle fois offert une programmation de qualité, parfois surprenante, mais toujours avec le souci de nous apporter une réflexion sur l’avenir de notre société.

                 Fabien Mazzoco

Le festival a démarré avec le film de Fabien Mazzocco « De l’eau jaillit le feu ». Un film qui a attiré plus de 140 spectateurs motivés par le sujet d’actualité des bassines, suite notamment à la manifestation de Saint Soline qui a fait connaître la mobilisation des opposants à ces projets à toute la France. Le film met en scène de manière très sensible, la nature, celle toujours magnifique du marais poitevin mais dont ses défenseurs constatent la disparition de la biodiversité aquatique. Le réalisateur qui a fait l’IFFCAM, une école de cinéma animalier près de Poitiers sait filmer la nature, les insectes, les petits animaux avec une grande justesse et poésie. Il met aussi au centre de cette nature ces militants qui l’aiment et veulent la protéger.

Des militants depuis plus de vingt ans     

Ceux-là ne cassent pas du flic mais montrent les effets d’une agriculture intensive de la culture de maïs. Ces effets ont démarré depuis plus de vingt ans avec l’installation des premières bassines dans les années 1990. Ils ont vu les effets avec le microcosme des marais saccagé, comme actuellement plus des lentilles d’eau, de moins en moins libellules ou d’autres insectes d’eau. Ils nous font découvrir que le marais poitevin seconde zone humide de France après la Camargue a été aménagé sur ses 100 000 hectares d’origine par la main de l’homme au 11ème siècle. Il est composé de trois grands ensembles liés à son fonctionnement hydraulique, le marais maritime, le marais desséché, le marais mouillé.  Ces militants, loin de l’image des casseurs véhiculés par les médias, constatent en naturalistes, jour après jour l’assèchement des rivières qui alimentent l’ensemble entrainant la mise à nu des racines des arbres qui meurent eux-aussi. Arrive dans ce contexte déjà dramatique, ce nouveau projet en 2019 de seize nouvelles méga-bassines réservées aux propriétaires céréaliers. L’annonce de ce projet a l’effet d’une vague qui fait déborder le marais avec le slogan « No Bassaran ». On voit les militants investir la chambre d’agriculture et perturber une réunion…

Une mobilisation aussi en Haute-Savoie

Mais l’on sent qu’ils n’attendent plus rien de ces responsables agricoles qui ont déjà massacré l’endroit. L’image presque fixe, du visage éploré d’un des leaders de la contestation devant le chantier qui vient de démarrer montre tout leur abattement. « J’ai voulu suivre dans leur combat ces militants car j’avais fait déjà un film sur le sujet des méga-bassine qui s’appelle « Pour quelques grains d’or » où j’avais rencontré les céréaliers, et je ne voulais pas encore leur donner la parole. Là j’ai suivi ces gens passionnés de leur environnement qui m’avaient fait découvrir la région voilà quinze ans et j’ai essayé de montrer leur colère mais aussi leur émerveillement face à la beauté de la nature qu’ils essayent de sauvegarder » a expliqué Fabien Mazzoco lors du débat, où certains découvraient la réalité de la bataille de l’eau dans cette région. Des spectateurs ont alors évoqué la mobilisation dans la région contre « les bassines des stations et le projet de la Clusaz ». Le réalisateur a remarqué qu’une seule bassine du projet des seize a été aménagée, une deuxième a démarré mais les travaux ont été suspendu le 30 octobre par le tribunal de Poitiers car le tribunal de Niort a trouvé, un conflit d’intérêt, la maire de la commune qui a voté le permis d’aménager serait l’un des bénéficiaires du réservoir. Enfin, le 28 novembre reprendra aussi le procès des neufs opposants aux méga-bassines, suite aux dégradations de Saint Soline qui espèrent une mobilisation maximum pour leur soutien devant le tribunal de Niort.

Annick Mossaz