L’Université Savoie Mont-Blanc organise le vendredi 20 mars un débat à Chambéry sur « Le sport, marchandise globale et opium du peuple.
Le laboratoire LLSETI (Langages, Littératures, Société, Etudes Transfrontalières et Internationales) et l’association des professeurs de philosophie de l’enseignement public
Université de Savoie-Mont-Blanc
La sphère économique est aujourd’hui une puissance détachée de la société. Elle s’est constituée selon des intérêts propres, distincts des intérêts humains les plus généraux. Elle suscite des mondes sociaux ( la finance…) au développement irrationnels : nés de pratiques et de fins ordinaires, ils s’autonomisent et ne visent qu’à leur reproduction sans contrôle.
En tant que spectacle désormais mondialisé et imposé aux peuples par de puissantes fédérations sportives bureaucratisées et affairistes, le sport diffuse à haute dose l’idéologie capitaliste, c’est-à-dire le magma de sens commun du « monde capitaliste » qui en voile et en justifie la réalité dans l’imaginaire. Il régénère ainsi les bases matérielles du mode de production et de consommation capitalistes ; il redouble le spectacle des marchandises mortes en présentant le spectacle des marchandises vivantes. La capitalisation du sport – le capital s’empare du sport – et la « sportivisation du capital » – la logique sportive est intégrée aux stratégies de développement du capital – sont les deux faces d’un processus expansif qui a envahi le marché et, par son intermédiaire, la société tout entière. Avec le sport, nous assistons en somme « au triomphe non mitigé de l’imaginaire capitaliste sous ses formes les plus grossières » (Cornélius Castoriadis)
Dans la mesure où les puissances détachées ainsi crées ( argent, technique, capitalisme…) tendent à détruire des pratiques et des fins constitutives du monde humain, doit-on se proposer de les contenir ? La sphère politique qui a largement entériné la prétendue nécessité irréfragable d’une économie autonome, a abandonné sa puissance, rendant la démocratie dérisoire.
N’est-il pas d’actualité de réinventer une critique de l’économie pour que vive la démocratie ?