Les médecins dans la rue : « Le tiers-payant, c’est 4,35 euros de charge par acte »
Ce 15 mars, les professions médicales libérales, avec les médecins en tête, sont dans la rue pour manifester contre le tiers payant généralisé que la ministre de la santé, Mariesol Touraine, veut leur imposer de force.
Une bataille idéologique
Le docteur Richard Bouton, ancien président de MG France, syndicat classé plutôt à gauche, veut se démarquer des autres syndicats de médecins qui font du tiers payant une bataille idéologique : « A titre personnel, je ne partage pas l’opposition idéologique contre le tiers-payant, puisque l’option médecin référent que j’avais introduite dans la convention généraliste, comportait le tiers-payant.
Certains médecins libéraux considèrent que le tiers-payant généralisé contribuerait à aliéner encore plus leur indépendance vis à vis des caisses d’assurance maladie. Il s’agit d’une position idéologique ancienne, qui remonte à 1927, au moment où la France avait des velléités d’étendre partout le système bismarkien qui perdurait en Alsace et Lorraine, lequel comportait le tiers-payant généralisé. Et dans les années 20, il y a eu une forte réaction d’une partie des médecins libéraux contre cette idée. Cette position idéologique est réapparue à l’occasion de la loi de santé. «
« Le tiers-payant, c’est 4,35 euros de charge par acte »
Pour Richard Bouton, la véritable opposition des médecins au tiers payant généralisé vient du refus du gouvernement de reconnaître le surcoût de 4,35 € par acte que les médecins généralistes devront déduire des 23 € d’honoraires qu’ils veulent actualiser à 25 €. « Pour parvenir aux 4,35 €, nous avons totalisé l’ensemble des salaires chargé du personnel affecté aux tâches liées à la gestion du tiers- payant : vérification des droits régime obligatoire et complémentaires, renseignement du dossier administratif du patient, mise à jour de la carte vitale, consultation de l’outil CDR (déclaration médecin traitant), création des factures électroniques FSE et DRE (complémentaires), télétransmission, gestion des rejets (régimes obligatoires et complémentaires), relance des impayés…et remboursement des indus. »
« 4,35 euros sur un acte onéreux d’imagerie, ça passe, mais sur une consultation à 23 euros, c’est énorme. »
Vous semble-t-il raisonnable de la part du gouvernement de vouloir aller à la généralisation à marche forcée, avec des dates butoir ?
« Il s’agit d’un gouvernement de gauche qui a voulu laisser une trace, un marqueur, considérant que le tiers-payant favorisait l’accès aux soins, ce qui est vrai.
Mais derrière cette position idéologique respectable, il n’y a pas eu la réflexion en amont nécessaire. Les études faites sur les centres de santé et sur le tiers payant, je pense notamment à l’étude de l’IGAS, auraient dû alerter sur les couts induits. Ensuite, ce qui complexifie considérablement le tiers-payant, c’est qu’il y a deux interlocuteurs, l’assurance maladie et une multitude de complémentaires. »
Quelle pourrait être la voie de sortie ?
« Cela devient compliqué car les positions se sont rigidifiées de part et d’autre. Suivant les résultats aux élections départementales, le gouvernement pourra être plus ou moins tenté de céder ou alors d’écrire dans la loi que le tiers payant est généralisé mais pas obligatoire. »